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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

« Souveraineté alimentaire… Consommateurs, savez-vous vraiment de quoi on parle? » – Une tribune de M. Jean-Marie Séronie dans l'Opinion

3 Mai 2020 , Rédigé par Seppi Publié dans #critique de l'information

« Souveraineté alimentaire… Consommateurs, savez-vous vraiment de quoi on parle? » – Une tribune de M. Jean-Marie Séronie dans l'Opinion

 

Glané sur la toile 529

 

 

C'est une analyse formidable que ce « "Souveraineté alimentaire… Consommateurs, savez-vous vraiment de quoi on parle?" La tribune de Jean-Marie Séronie », publié par l'Opinion le 30 avril 2020.

 

Mais pourquoi s'adresser aux consommateurs et pas aux décideurs politiques ? Serait-ce que ceux-ci seraient imperméables au bon sens ? Pour certains, la cause est entendue...

 

Mais à lire la fin, la partie en quelque sorte prescriptive, on comprend bien que l'analyse s'adresse aux décideurs... et au premier d'entre eux :

 

« Alors souveraineté alimentaire de quoi es-tu le nom ? Nous n’allons pas inventer les phosphates que nous n’avons pas dans notre sous-sol ! Nous ne serons donc jamais autonomes. A l’idée de souveraineté, d’autonomie, d’autosuffisance, préférons l’idée de sécurité alimentaire. En plus ce concept ne présente pas d’ambiguïté d’arrière-pensée de fermeture, de repli sur soi mais ouvre plutôt sur l’anticipation, l’organisation.

 

L’enjeu de la sécurité alimentaire peut se synthétiser autour de quatre politiques à mener simultanément. D’abord, Une politique consumériste pour construire une acceptation à payer davantage sous certaines conditions car nous importons surtout des produits peu chers. Mais aussi pour modifier les habitudes alimentaires pour davantage consommer en fonction de nos productions : respecter la saisonnalité mais aussi manger davantage de viande bovine mâle par exemple. Cela sonne le glas de la stratégie mono centrée sur la montée en gamme. Ensuite, une politique industrielle pour sécuriser l’approvisionnement des agriculteurs en intrants et matériels.

 

Evidemment, une politique agricole sur trois axes qui peuvent bouleverser les priorités budgétaires : développer la production de fruits et légumes d’une part et les protéines pour l’alimentation animale de l’autre, et augmenter l’efficacité des exploitations et donc diminuer leur dépendance aux intrants ce qui est également vertueux pour l’environnement. Et enfin, une politique générale pour sanctuariser le foncier agricole, stocker de l’eau et baisser le coût du travail ! Quatre politiques à articuler sur des échelles de territoire pertinentes (du canton à l’Europe) pour organiser efficacement cette sécurité alimentaire.

 

La souveraineté ou, plutôt, la sécurité alimentaire sera donc très exigeante pour tous consommateurs, industriels, politiques et surtout agriculteurs. Vous aviez dit prendre des décisions de rupture ?

 

M. Jean-Marie Séronie est agroéconomiste indépendant et membre de l’Académie d’Agriculture de France.

 

Il est temps d'ouvrir les yeux !

 

 

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F
Merci de votre réponse, j'ai du mal à bien comprendre l'article.<br /> "On vit en partie sur les stocks", c'est aussi ce que dit Régis Hélias, un ingénieur agronome : https://www.youtube.com/watch?v=nqfeyUw4tkQ
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F
Pour les phosphates que pensez-vous de cette publication : https://www.researchgate.net/publication/320076341_Phosphorus_management_in_cropping_systems_of_the_Paris_Basin_From_farm_to_regional_scale
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S
@ Flore le dimanche 03 mai 2020 à 08:48<br /> <br /> Bonjour,<br /> Merci pour votre colle !<br /> Mes éléments de fertilisation datent d'il y bientôt 50 ans… mais la loi de Liebig reste une constante, même si une agronomie alternative veut nous faire croire que l'on peut maintenir la fertilité des sols en bio sans apports extérieurs à la ferme.<br /> J'ai lu le résumé et eu du mal à comprendre. J'ai survolé l'article et cela m'a rendu encore plus perplexe.<br /> J'ai du mal à saisir ce qu'on peut tirer de 12 fermes offrant six modes de production "bio" et huit "conventionnels", sans rien savoir de leur historique, des productions et des itinéraires techniques. Cela me dérange devoir une figure parlant de "budget" alors qu'il s'agit de "capital". Et j'ai vu des références à une surprenante unité pour les rendements : "kton.ha_1;yr-1"... non, il ne s'agit pas de production de bombes atomiques...<br /> Les auteurs écrivent :<br /> "Surprisingly, we found that P budgets were slightly but signifi-cantly higher in OF than in CF (W¼46, p-value ¼0.003) (Fig. 3). In the OF systems, the P budgetswere almost always the least negative because of lower P exportationthrough harvest. Also, the two highest rates of P inputs over croprotation occurred in the OF systems, including horse and poultrymanure, compost, bone meal and vinasse. By contrast, P inputs in CFwhen applicable were in mineral form, but also as cow/chicken manureor digestates."<br /> Je ne vois pas ce qu'il y a de surprenant ! Une partie de l'explication est dans le texte : moins d'exportations (car rendements plus faibles et, peut-être moins de cultures gourmandes en P) ; probablement plus d'apports en P, effet collatéral de l'apport d'azote.<br /> Cela illustre une faiblesse de l'agriculture biologique : en conventionnel, on peut ajuster la fertilisation (100 % minérale ou en partie organique et complémentée en minéral) au plus près des besoins.  C'est beaucoup plus difficile en bio et, pour avoir suffisamment d'azote, on peut être obligé d'apporter un excès de phosphore.<br /> Au niveau des régions, il y a aussi une modélisation qui me semble relever de l'acrobatie. Mais les explications me paraissent fondées. On avait la main lourde dans les années 70 et, aujourd'hui, on vit en partie sur les stocks (et beaucoup d'agriculteurs tirent le diable par la queue…).