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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Le Kenya promeut la culture du cotonnier GM pour répondre à la demande croissante de masques

11 Mai 2020 , Rédigé par Seppi Publié dans #OGM, #Afrique, #Covid-19

Le Kenya promeut la culture du cotonnier GM pour répondre à la demande croissante de masques

 

Verenardo Meeme*

 

 

 

 

Le gouvernement kenyan a commencé à distribuer des semences génétiquement modifiées (GM) et hybrides dans le but d'augmenter la production de coton afin de répondre à la demande croissante du pays en masques en réponse au Covid-19.

 

Les agriculteurs reçoivent une tonne métrique de graines de cotonnier GM, qu'ils sèmeront sur 720 parcelles de démonstration couvrant 10.000 hectares pour présenter la technologie Bt de résistance à des insectes. Le gouvernement distribue également 16 tonnes métriques de graines de cotonnier hybrides pour aider les agriculteurs pendant la saison des semailles d'avril/mai.

 

Ce soutien devrait contribuer à fournir à l'industrie textile des matières premières actuellement en pénurie. Les semences Bt et hybrides certifiées peuvent produire plus de 2.000 kilogrammes de coton par hectare, par rapport au rendement moyen actuel de 572 kg par hectare.

 

« Il y a une demande croissante de coton alors que les universités et les gouvernements des comtés dirigent de nouvelles usines vers l'investissement dans la fabrication d'équipements de protection de base contre le Covid-19, tels que des masques chirurgicaux », a déclaré Anthony Muriithi, directeur général de l'Agriculture and Food Authority.

 

À titre indicatif de la demande de plus de coton, certaines usines, telles que le centre textile du comté de Kitui, ont été transformées instantanément pour produire 30.000 masques chirurgicaux par jour, alors qu'elles n'en produisaient auparavant pratiquement aucun.

 

La production nationale d'équipements de protection individuelle (EPI) contre le Covid-19 doit être encouragée et soutenue, a déclaré la gouverneure du comté de Kitui, Charity Ngilu. Le gouvernement du comté envisage de construire deux autres usines à partir des fonds provenant de la vente des masques, ainsi que de former d'autres comtés à la fabrication de leurs équipements plutôt que de dépendre des importations, a ajouté Ngilu.

 

« L'augmentation de la production de coton signifie que les égreneurs et les agriculteurs vont aplanir la courbe de la demande au cours des cinq prochains mois lorsque les champs seront récoltés », a déclaré Muriithi à l'Alliance pour la Science. « Le Kenya importe 80 % du coton qu'il transforme des pays voisins, comme l'Ouganda. Le coton est l'une des cultures avec une chaîne de valeur très élaborée, bénéficiant à de nombreux acteurs tels que les agriculteurs, les usines d'égrenage et le consommateur. »

 

« Alors que la demande de tissus est élevée, les industries périphériques comme l'huile [de qualité alimentaire] seront également stimulées », a-t-il ajouté. « Actuellement, nous importons beaucoup d'huiles végétales. Avec l'augmentation de la production de coton, l'huile de cotonnier, qui ne contient pas de cholestérol, améliorerait la préférence des consommateurs. Nous voyons également une opportunité dans l'augmentation de la production de tourteaux à des fins laitières » – des aliments pour animaux à base de graines de cotonnier.

 

En outre, il y a une forte demande de serviettes hygiéniques, de couches et de couvertures, qui sont principalement en coton, a déclaré Muriithi.

 

 

 

 

Selon Ann Nyaga, secrétaire administrative en chef du Ministère de l'Agriculture, de l'Élevage, de la Pêche et des Coopératives, le gouvernement a dépensé quelque 640.000 US$ pour se procurer les semences et prévoit d'en obtenir encore plus pour la petite saison des pluies et des semis d'octobre/novembre. Les agriculteurs reçoivent des graines de cotonnier Bt gratuitement cette année, car le gouvernement assume 100 % du coût des semences.

 

Les investissements devraient contribuer à faire passer la production de coton d'un creux actuel de 29.000 balles par an à environ 200.000 balles par an dans sa stratégie à court terme.

 

« Il y a actuellement environ 30.000 producteurs de coton, tandis que l'industrie peut soutenir plus de 200.000 agriculteurs », a déclaré Nyaga. « La filière a le potentiel d'employer 1,5 million de personnes dans la chaîne de valeur du textile et des vêtements en coton. Les revenus des producteurs contribueront à réduire la pauvreté, en particulier dans les régions arides et semi-arides. »

 

Cette avancée fait partie du programme « Big-4 » du président Kenyatta, le gouvernement étant déterminé à soutenir les agriculteurs avec des intrants, le développement de semences améliorées et l'accès à celles-ci, le soutien des prix, la construction de centres d'achat de coton graine, la création d'égreneuses modernes et la commercialisation du coton Bt.

 

Les premières semences génétiquement modifiées et leurs homologues hybrides seront distribuées dans les comtés de Busia, Bungoma, Siaya, Kisumu, Homabay, Baringo, Marakwet, Kilifi, Kwale, Tana River et Lamu, selon le ministère de l'Agriculture, de l'Élevage, de la Pêche et des Coopératives. Le recrutement des agriculteurs est toujours en cours, la « commercialisation complète du cotonnier Bt » étant attendue au cours de la prochaine campagne.

 

« J'ai déjà préparé ma terre pour semer du cotonnier Bt », a déclaré James Onyango, un agriculteur du comté de Siaya. « Dans les trois mois et demi à venir, je le récolterai. D'après ce que nous avons vu, la demande de coton augmente. »

 

Avec une production plus élevée, le Kenya sera en mesure de réduire les importations de coton des pays voisins et d'améliorer son autosuffisance, a déclaré Onyango.

 

Selon le Ministère de l'Agriculture, les exportations de textiles du Kenya bénéficient d'un accès en franchise de droits et sans contingent aux marchés des États-Unis en vertu de l'African Growth and Opportunity Act (AGO). Avec l'adoption accrue de technologies comme le cotonnier GM, les revenus tirés du secteur devraient s'améliorer.

 

____________

 

* Source : https://allianceforscience.cornell.edu/blog/2020/04/kenya-pushes-gmo-cotton-farming-to-meet-soaring-demand-for-masks/

 

 

Ma note : Cet article pèche peut-être par excès d'optimisme. Il a toutefois le mérite de nous montrer les conséquences – les pertes d'opportunités – de la fâcheuse décision de bannir les OGM prise en 2012 à la suite de la publication d'une infameuse étude sur des rats et de photos de rats affligés d'énormes tumeurs.

 

En juin 2019, il y eut une tentative de saborder l'avenir des OGM et de promouvoir l'agriculture biologique au Kenya, et plus généralement en Afrique, sous le camouflage d'un « 1st All Africa Congress on Synthetic Pesticides, Environment, Human and Animal Health » (premier congrès panafricain sur les pesticides de synthèse, l'environnement et la santé humaine et environnementale). L'auteur principal de l'infameuse étude figurait au programme de la conférence, avec d'autres activistes anti-OGM et anti-pesticides de « grande réputation » comme Tyrone Hayes et Don Huber ; il a présenté son exposé – hallucinant – par vidéoconférence (ici, première vidéo, entre 1:10:50 (les tentatives d'établir la communication), 1:12:10 (vrai début) et 1:26:35).

 

Les responsabilités individuelles dans ce qu'il conviendra d'appeler un jour « crime contre l'humanité » – s'agissant notamment des pertes d'opportunités alimentaires et des difficultés mises dans les opérations d'aide alimentaire d'urgence (le fameux « better dead than GM-fed ») – ne doivent pas occulter les responsabilités collectives : celles des ONG, notamment européennes, qui financent les activistes locaux et laissent se déployer des arguments effroyables (voir par exemple ici), ainsi que celles des décideurs politiques comme le Parlement Européen (voir par exemple ici et ici).

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