« Défendons la liberté d’informer sur le secteur agro-alimentaire », une tribune dans Libération... renversante !
(Source)
Dans le flot de tribunes qui nous a inondé pendant le long confinement, 55 jours, il en est une qui n'a pas porté sur les sujets à la mode du style : « renversons la table après le confinement pour sauver la planète » – ou plus modestement le climat ou la biodiversité.
Non, et le titre dit tout : « Défendons la liberté d’informer sur le secteur agro-alimentaire ». Notez bien : l'objectif – ou la cible – est très restreint.
En résumé :
« Intimidations, plaintes, procès… Enquêter sur le secteur agroalimentaire n'est pas sans risque. Un collectif appelle à soutenir la journaliste Inès Léraud, victime de ces pratiques, afin de préserver une liberté d'informer menacée. »
Nous n'entrerons pas dans les détails, très méandreux. Notons toutefois que dans le flot d'allégations sur le harcèlement de la dame, il y en a au moins deux qui semblent bien capillotractées. Voici ce qu'ont écrit les grands défenseurs de la liberté d'informer – rappelons le : sur le secteur agroalimentaire (et évidemment aussi à sens unique) :
« En mars 2020, l’hebdomadaire le Canard enchaîné révèle que la venue de la journaliste au Salon du livre de Quintin (Côtes-d’Armor) a été annulée après l’intervention auprès de l’équipe du salon d’un élu de la municipalité. Ce dernier est par ailleurs salarié de la chambre d’agriculture des Côtes-d’Armor (dirigée par la FNSEA). Un peu plus tôt, la journaliste avait appris qu’une maison d’édition régionale avait préféré renoncer à son projet de traduction en breton de la bande dessinée Algues vertes, l’histoire interdite, par peur de perdre des subventions du Conseil régional de Bretagne. »
Vous rendez-vous compte ? Un élu de la municipalité a, par exemple, passé un coup de fil – bien sûr tellement menaçant que les organisateurs du salon ont obtempéré... Et ce type est salarié de la Chambre d'Agriculture – il était peut-être en service commandé... Et la Chambre est dirigée par la FNSEA... cette fédération de syndicats sur laquelle l'altermonde déverse sa haine et qui, soit dit en passant, a la majorité dans presque toutes les chambres.
Et puis, une maison d'édition « avait préféré renoncer »... Lisez bien cette phrase ! La maison d'édition a décidé, a priori, en toute indépendance pour un motif qui lui est propre... En quoi la liberté d'informer a-t-elle été atteinte ?
Lire à cet égard « Inès Léraud attaquée en justice pour avoir enquêté sur l’agroalimentaire breton : l'affaire devient politique » de France 3 Régions qui remet quelques pendules à l'heure. Mais ce titre est faux : ce qui est en cause, ce n'est pas le fait d'avoir enquêté, mais d'avoir tenu des propos dont les plaignants estiment qu'ils sont diffamatoires.
Tout cela a des relents de paranoïa, de positionnement en victime cher aux pervers narcissiques, de manipulation.
En fait, le plus intéressant dans cette affaire, c'est la liste des premiers signataires.
On y trouve une personne qui produit une « information » sur les méthodes – alléguées – de Monsanto du style :
« Utilisation de "trolls", comme André Heitz, alias "Wackes Seppi" qui harcèlent les "opposants" sur des sites internet, en relayant de fausses informations ou des "arguments" fournis par Monsanto.
Une « information » qui avait déjà été démontée sur le mode humoristique sur ce site...
On y trouve une personne qui n'a pas craint d'agiter la plainte en diffamation, réelle ou alléguée, pour faire taire la critique...
On y trouve également... voir image en début d'article...
Pour rappel, des thuriféraires du bio n'avaient pas – du tout – apprécié un article de la revue Que Choisir qui expliquait que l'agriculture biologique n'était pas aussi vertueuse que ne le prétendait son catéchisme. Cela a donné lieu à de grandes et surtout petites manœuvres.
Voici par exemple ce qui a été écrit dans les échanges entre membres de la commission agricole d'EÉLV (qui a noyauté les instances de décision de Que Choisir) :
« La commission agricole de Que Choisir se réunit vendredi à Paris.
[...]
Nous devons réussir à convaincre cette commission puis le CA fédéral du mouvement, de ne plus laisser paraître quoi que ce soit de ce niveau sur ces sujets dans la revue. »
Dans un autre écrit on trouve ceci :
« qu’une décision soit prise pour ne plus accepter d’article de cet auteur [dans Que Choisir] ».
Ou encore, de l'un des signataires de la pétition :
« Erwan Seznec lui même est coupable du délit de recel. Qu’il y pense quand il lira ce présent commentaire et que lui et son informateur soient informés qu’ils sont parfaitement passibles d’action en justice. Il faudrait que les libertariens apprennent un peu les limites qui existe à leur cynisme. »
Vous avez dit :
« liberté d'informer » ?
Vous avez dit :
« En tant que citoyen, chacun a le droit de connaître la réalité pour être en capacité d’exprimer librement ses choix politiques, quels qu’ils soient » ?