« Attention, ils préparent l’agribashing de l’après-crise ! » de M. Jean-Paul Pelras dans l'Agri – non ! L'agribashing continue pendant la crise...
Dans l'Agri, avec « Attention, ils préparent l’agribashing de l’après-crise ! » M. Jean-Paul Pelras a réagi à deux tribunes :
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« "Plus jamais ça !" : 18 responsables d'organisations syndicales, associatives et environnementales appellent à préparer "le jour d’après" » publiée par FranceTVInfo le 27 mars 2020 ;
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« La crise sanitaire impose l’urgence de la transition écologique » publiée par Libération le 1er avril 2020.
En résumé de la première tribune :
« "Plus jamais ça ! Préparons le 'jour d'après'", 18 responsables d'organisations syndicales, associatives et environnementales parmi lesquels Philippe Martinez (CGT), Aurélie Trouvé (Attac), Jean-François Julliard (Greenpeace) et Cécile Duflot (Oxfam), signent une tribune commune publiée, vendredi 27 mars, sur franceinfo.
Ces organisations lancent un appel "à toutes les forces progressistes et humanistes [...] pour reconstruire ensemble un futur, écologique, féministe et social, en rupture avec les politiques menées jusque-là et le désordre néolibéral". »
En chapeau de la deuxième, menée par M. Jacques Caplat, qui se présente comme « agronome et anthropologue » :
« L’après-confinement doit s’opérer intelligemment en tenant compte de la résilience des territoires: fertilité des sols, respect de la biodiversité, exclusion des intrants chimiques... à l’exemple de l’agriculture biologique. »
Nous reviendrons peut-être sur l'une ou l'autre de ces « choses ».
Les premiers ont bien sûr lancé une pétition (par exemple ici pour Oxfam ou ici pour la CGT) réclamant, entre autres :
« Un plan de réorientation et de relocalisation solidaire de l’agriculture, de l’industrie et des services, pour les rendre plus justes socialement, en mesure de satisfaire les besoins essentiels des populations, de répondre à la crise écologique. »
M. Jean-Paul Pelras a aussi fait référence à « La prochaine pandémie est prévisible, rompons avec le déni de la crise écologique », une tribune menée par M. Michel Veuille (EPHE, Muséum), signée par « 650 chercheurs scientifiques et soutenue par plus de 1.200 personnes mobilisées avec eux pour la sauvegarde de la biodiversité ». Elle a été publiée par Libération le 8 avril 2020 et a aussi fait l'objet d'une pétition.
Il mentionne également l'inévitable Yannick Jadot, « Coronavirus : l'environnement va t-il être sacrifié sur l'autel de l'économie? » dans Boursorama avec AFP Services du 8 avril 2020. Il en cite un passage que je réproduis ci-dessous, mais dans son contexte :
« Jadot invoque le Conseil national de la Résistance face à la "pression des lobbys"
Il a ensuite évoqué le cas de la situation agricole en France et la FNSEA, qui est selon lui "en train de sacrifier toutes les mesures de protection des habitations avec les épandages". Selon l'association Eau et Rivières de Bretagne, des préfets de 25 départements viennent de valider une charte du premier syndicat agricole réduisant les zones de protection envers les riverains dans l'usage des pesticides.
Le texte en gras est un intertitre de la rédaction. Il faut un sacré délire paranoïaque pour, à la fois, invoquer le CNR et le « célélobi »... Il faut une sacrée hystérie pour s'en prendre à la FNSEA pour des chartes – établies conformément à une législation qui en encadre les dispositions (établies pas seulement par la FNSEA, mais aussi par les chambres d'agriculture ou des organisations agricoles représentatives) – validées par des préfets. Il faut un sacré cynisme (ou un mépris des faits) pour suggérer que ces chartes réduisent les distances minimales, alors qu'elles sont clairement (enfin...) précisées par la législation.
M. Jean-Paul Pelras a aussi déniché « La saison d’épandages agricoles commence au risque d’aggraver l’épidémie » de Mme Amélie Poinssot, publié par Médiapart le 12 avril 2020. L'auteur du chapô va vite en besogne pour la propagation du virus, mais a fait une trouvaille sémantique :
« En dépit des liens entre pollution de l'air et propagation du virus, aucune mesure n’a été prise en France pour limiter les épandages d’engrais et de pesticides, au grand dam de médecins et chercheurs. Les règles de distanciation minimale entre champs et habitations ont même été assouplies. »
Quant à l'auteure de l'article, elle a des problèmes avec le machinisme agricole...
« À Listrac-Médoc, les épandages ont commencé jeudi 9 avril au matin. Sur cette commune de 3 000 habitants et 600 hectares de vignobles, à une trentaine de kilomètres de Bordeaux, des tracteurs munis d’une rangée de buses ont parcouru plusieurs parcelles, les pulvérisant de produits de synthèse. »
Des « produits de synthèse »... évidemment...
Enfin, M. Jean-Paul Pelras fait référence au Parisien, sans doute à « Coronavirus : les épandages agricoles dans le viseur » de Mme Émilie Torjemen, du 6 avril 2020. Mais là, il ne s'agit pas d'un torchon de militantisme mais d'un article d'information.
M. Jean-Paul Pelras avertit donc : « Attention, ils préparent l’agribashing de l’après crise ! ».
En conclusion :
« L’alliance des altermondialistes, des anti libéraux et des écologistes pourfendeurs du productivisme agricole va incontestablement influencer le débat du "jour d’après". Et ce, dans un contexte où nous n’aurons besoin ni de décroissance, ni de dogmes visant à freiner la relance économique. Ce qui susciterait des pertes d’emplois et provoquerait des mouvements sociaux motivés, non plus par des idéaux, mais par des besoins vitaux. Car il faut, même si certains considèrent qu’il s’agit d’un gros mot, "produire" pour gagner sa vie, éduquer ses enfants, s’abriter, se vêtir, se nourrir, se soigner. Ici, sur cette planète où, mis à part quelques enfants gâtés, la plupart n’auront ni les moyens de tout arrêter, ni le temps de culpabiliser. »
Fort juste. Mais on peut ne pas être d'accord sur le titre : l'agribashing se déploie au jour le jour, en partie en fonction des opportunités. L'agribashing, c'était avant, c'est pendant, et ce sera après.
Et s'ils vont « incontestablement influencer le débat du "jour d’après" », ce sera aussi parce que, dans ses lyriques et creuses « adresses aux Français », le Président Emmanuel Macron sombre dans la démagogie – non dénuée d'arrière-pensées électoralistes – en évoquant le projet de « bâtir un autre projet » et une « indépendance agricole ».