Résidus de médicaments vétérinaires dans les animaux et les aliments : un autre rapport de l'EFSA rassurant
L'image représente une seringue à marinade.
Rassurant... enfin pour les gens rationnels, pas pour les hypocondriaques et les marchands de peur dont certains « roulent » pour le biobusiness.
L'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) a publié le 31 mars 2020 son « Rapport pour 2018 sur les résultats de la surveillance des résidus de médicaments vétérinaires et d'autres substances dans les animaux vivants et les produits d'origine animale ».
Le titre de son communiqué de presse, « Veterinary drug residues in animals and food: compliance with safety levels still high » (résidus de médicaments vétérinaires dans les animaux et les aliments : le respect des niveaux de sécurité reste élevé), n'est pas très heureux, le « still high » pouvant s'interpréter comme de mauvais augure pour l'avenir.
En voici le texte :
« Selon le dernier rapport de l'EFSA, les données sur la présence de résidus de médicaments vétérinaires et de contaminants dans les animaux et les aliments d'origine animale montrent des taux élevés de conformité aux niveaux de sécurité recommandés dans l'Union européenne. Le rapport résume les données de suivi collectées en 2018.
Le pourcentage d'échantillons ayant dépassé les niveaux maximaux était de 0,3 %. Ce chiffre se situe dans la fourchette de 0,25 % à 0,37 % rapportée au cours des 10 dernières années.
Par rapport à 2017, le non-respect a légèrement augmenté pour les agents antithyroïdiens et les stéroïdes. De légères diminutions ont été notées pour les antibactériens, d'autres médicaments vétérinaires (tels que les anti-inflammatoires non stéroïdiens) et d'autres substances et contaminants environnementaux (tels que les éléments chimiques et les mycotoxines).
Au total, 657.818 échantillons ont été contrôlés par 28 États membres de l'UE.
Les données sont disponibles sur Knowledge Junction, le référentiel ouvert organisé par l'EFSA, qui a été créé pour améliorer la transparence, la reproductibilité et la réutilisation des preuves dans les évaluations des risques pour la sécurité des denrées alimentaires et des aliments pour animaux.
Contexte
Les animaux producteurs d'aliments peuvent être traités avec des médicaments vétérinaires pour prévenir ou guérir les maladies. Ces substances peuvent laisser des résidus dans les aliments dérivés d'animaux traités.
Les aliments peuvent également contenir des résidus de pesticides et de contaminants auxquels les animaux ont été exposés. Pour cette raison, les pays de l'UE doivent mettre en œuvre des plans de surveillance des résidus pour détecter l'utilisation illégale ou abusive des médicaments vétérinaires autorisés pour les animaux producteurs d'aliments et enquêter sur les raisons des violations en matière de résidus. »
Le nombre total d'échantillons (657.818) est impressionnant. C'est plus d'un échantillon par [corrigé] 1.000 habitant !
Il se décompose en 354.517 échantillons ciblés, 5.095 échantillons suspects, ainsi que 295.184 échantillons prélevés dans le cadre d'autres programmes élaborés en vertu de la législation nationale et 3.022 échantillons contrôlés à l'importation. L'analyse des données présentée dans le rapport s'est concentrée sur les échantillons ciblés, les autres échantillons ayant été prélevés par des stratégies d'échantillonnage ne suivant pas un plan de surveillance préconçu. Les résultats de ces échantillons ont été communiqués séparément.
Les échantillons ciblés sont prélevés dans le but de détecter des traitements illégaux ou de contrôler le respect des niveaux maximaux fixés dans la législation applicable. Dans leurs plans nationaux, les États ciblent donc les groupes d'animaux (espèces, sexe, âge) pour lesquels la probabilité de trouver des résidus est la plus élevée. Les résultats ont ainsi tendance à surévaluer les non-conformités.
L’échantillonnage aléatoire a pour objectif de collecter des données significatives pour évaluer, par exemple, l'exposition des consommateurs à une substance spécifique.
Les échantillons contrôlés à l'importation semblent peu nombreux. En fait, il y a d'autres contrôles qui remontent à la Commission Européenne par d'autres voies (par exemple le Trade Control and Expert System (TRACES) et le Rapid Alert System for Food and Feed (RASFF)).
On notera que les non-conformités portent aussi sur les « contaminants », en particulier les éléments chimiques (cadmium, plomb, mercure et cuivre étant les plus fréquents) et les mycotoxines. S'il faut faire au mieux avec les premiers, présents dans la nature et pour partie issus de pollutions, les secondes, issues de l'alimentation animale, se gèrent par des pratiques culturales adaptées, y compris l'utilisation de produits de protection des plantes (les vilains « pesticides »).
Enfin, dans cet exercice, la France – vous savez, le meilleur élève de la classe, toujours prêt à surtransposer les normes européennes – ne semble pas avoir brillé par son assiduité. M. Albert Amgar aura peut-être des choses à dire sur son blog sur l'indigence des moyens mis dans les contrôles sanitaires et sur la désorganisation des services…