« Agriculture Biologique vs OGM : six a priori récurrents d’un débat idéologique » de Mme Agnès Ricroch sur European Scientist
« Agriculture Biologique vs OGM : six a priori récurrents d’un débat idéologique » de Mme Agnès Ricroch sur European Scientist
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Avec « Agriculture Biologique vs OGM : six a priori récurrents d’un débat idéologique », Mme Agnès Ricroch, maître de conférences à AgroParisTech et adjunct professor de la Pennsylvania State University, et aussi membre de l'Académie d'Agriculture de France, revient dans European Scientist sur le débat qui a suivi une projection du film Food Evolution à l’Assemblée Nationale, à l’invitation de M. Jean-Baptiste Moreau, député de la Creuse, le 18 février 2020.
Deux membres de la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FNAB) étaient venus, en quelque sorte, apporter la contradiction.
Mme Agnès Ricroch aborde dans cet article les points suivants :
1) Oui les OGM sont bien « naturels »
« Il est consternant de constater que le concept normatif de ‘nature’-‘naturel’ ait été employé à chacune des interventions des deux représentants de la FNAB. Ils ignorent les transferts horizontaux de gènes entre les êtres vivants et soutiennent que la transgénèse n’est pas naturelle ignorant deux publications majeures démontrant le contraire […] »
2) Non la production d’OGM n’organise pas une privatisation du vivant
La réponse est, ici, « standard »... pour la énième fois... Nous ajouterons que les législateurs européens et français ont aussi modifié le droit des brevets pour, en résumé, le mettre au diapason du droit de la protection des obtentions végétales. Ainsi, un agriculteur peut aussi produire des semences de ferme, dans les conditions prévues par la loi, pour des variétés qui incorporeraient une invention protégée par un brevet.
3) Oui l’étude de Gilles-Eric Séralini de 2012 sur les rats a bien été rétractée
« Ce qui est inquiétant aussi est que les deux représentants de la FNAB soutiennent la publication de l’équipe de Gilles-Éric Séralini (rétractée) disant qu’il manquait des rats pour rendre robustes ses analyses mais que dans le fond la publication n’est pas à remettre en question. »
4) Oui, la « pollution » du pollen OGM est une fiction conceptuelle
« Le représentant de la FNAB rapporte que ses agriculteurs ont peur des ‘pollutions’ du chou par le colza GM. Or, il n’y a pas de colza transgénique en France, les seuls essais de l’Inra de Rennes pour mesurer les flux de gènes vers des espèces comme le chou ont été vandalisés. […] N’ayant plus de cultures d’OGM à détruire en France, les militants anti-OGM se sont trouvés un nouvel ennemi : les "OGM cachés", ceux issus de mutagénèse aléatoire comme les variétés de tournesols présentés comme "mutés" et tolérant des herbicides. »
Vandaliser de tels essais, n'est-ce pas le meilleur moyen de faire perdurer le bobard ?
« Au sujet des flux de gènes les représentants de la FNAB n’admettent pas que cette question est déjà posée depuis les années 1950-1960 ! pour la pureté variétale en production de semences et que des solutions existent : décalage de floraison, distance géographique… »
On précisera ici qu'il s'agit quasi exclusivement de flux au sein de la même espèce.
Mme Agnès Ricroch a expliqué la problématique des distances d'isolement avec le cas, bien connu, du maïs, une espèce allogame délicate à manier en production des semences.
Mais peut-être aurait-il fallu commencer par le commencement : quels choux des producteurs biologiques sont-ils susceptibles d'être « pollués » ou « contaminés » par du pollen de colza ? En d'autres termes, quels sont les choux qui fleurissent en production alimentaire ?
Le problème, si problème il y a, se limite à la production de semences (biologiques). Comment se fait-elle ? À l'air libre ou sous abri ?
Et comment se fait-il que dans sa fiche « Produire des semences de Chou dans un itinéraire agrobiologique », l'Institut Technique de l'Agriculture Biologique (ITAB) ne mentionne pas une nécessité d'isoler la culture par rapport au colza mais « déconseill[e] d'installer une culture de chou à proximité d'un colza à cause du parasitisme » ?
Dans une fiche, Agrobiopérigord écrit :
« A priori, il n’y a pas de croisements possibles entre B.oleracea, B.napus et B.rapa.
Les croisements avec les espèces sauvages ou cultivées (colza) paraissent anecdotiques.
Cependant, par mesure de précaution, il est conseillé de détruire les moutardes sauvages à proximité. »
En résumé, on nage en plein délire ou en pleine affabulation.
5) Non, les tests toxicologiques à long terme sur les animaux ne servent à rien
« […] On peut se demander pourquoi les produits issus de l’Agriculture Biologique (AB) ne seraient pas soumis aux mêmes évaluations que les produits issus de transgénèse ou des NBTs pour assurer un étiquetage puisque certains produits issus de l’AB proviennent de techniques de mutagénèse aléatoire ou de croisement in vitro donc des biotechnologies in vitro. »
En fait, on peut se demander pourquoi les dirigeants de l'agriculture biologique n'interdisent pas à celle-ci de produire ce qu'ils entendent interdire aux autres...
6) Oui, toutes les plantes peuvent être également attaquées par un pathogène
« Les deux représentants de la FNAB maintiennent que les virus des papayers à Hawaï sont dus au fait que les plantations sont exploitées sur de très grandes surfaces. En réalité, les virus se propagent aussi dans des micro-parcelles comme dans des serres maraichères par exemple. Un triste exemple récent le démontre [...] »
En conclusion :
« On peut se demander si les représentants de la FNAB sont ignorants, ou aveuglés par leur idéologie, ou croyant en leurs contre-vérités avec une stratégie basée sur la peur et sur le concept normatif de nature-naturel pour faire payer les consommateurs.
Comme le montre bien le film Food Evolution, en effet, il existe bel et bien une stratégie non respectueuse des faits de l’agriculture biologique aux Etats-Unis, et que les deux représentants de la FNAB reproduisent les mêmes travers en France, validant ainsi la thèse du film ! »
À notre sens, il serait bon que les agriculteurs ayant choisi la filière biologique se réveillent aux réalités.
Pour en savoir plus, allez sur site.
Mensonge de D. Evain de la @fnab_bio. Les paysans #bio cultivent déjà des #OGM et le savent bien. Il s’agit d’OGM issus de techniques de mutagenèse et de fusion cellulaire. Si le droit de savoir est si important, quand allez-vous le dire aux consommateurs ? pic.twitter.com/wM7gk3CLk0
— GRW (@AEGRW) February 19, 2020
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yann 21/04/2020 13:09
anti idiots 18/04/2020 17:18
Il est là, c'est pas Seppi 18/04/2020 21:43
Seppi 18/04/2020 18:07
Il est là, c'est pas Seppi 18/04/2020 15:46