Langouët : un ex-village gaulois anti-pesticides et un bien mauvais perdant...
Un peu plus de la moitié des électeurs de Langouët ont sanctionné cette politique-spectacle.
L'information m'est parvenue par le Parisien, qui a la particularité d'être aussi Aujourd'hui en France et de devoir sortir au-delà du périph'. Rien dans le Monde... rien dans Libération... enfin, à l'heure où nous écrivons.
Le Parisien titre donc : « Municipales : le maire anti-pesticides d’Ille-et-Vilaine sanctionné », avec en chapô : « La liste des amis de Daniel Cueff, qui ne se représentait pas, a été battue à Langouët. »
Les résultats détaillés montrent que cela s'est joué à très peu de choses, le titre du Parisien n'étant pas vraiment approprié – sauf si l'on considère que le tapage anti-pesticides pour des motifs allégués de santé publique aurait dû valoir à la « liste des amis » des scores staliniens. Et comme je considère sur la foi d'un tapage qui a même permis à Langouët de figurer dans les pages du New York Times...
Treize conseillers ont été élus, et il reste deux sièges à pourvoir. La liste victorieuse « Langouët dynamique, ouverte et durable » a obtenu neuf sièges.
Le Parisien écrit :
« "Tout le projet écologique de Langouët va s'arrêter", se désespère Daniel Cueff. Ce dernier dénonce une main mise de la FNSEA sur la liste arrivée en tête. "Il y a eu 80 % de participation, bien plus que d'habitude. La liste où figurent des propriétaires terriens liés à la noblesse locale, des salariés de la chambre d'agriculture et des agriculteurs en intensif s'est extrêmement bien organisée. Certains candidats n'habitent même pas sur place." »
Dans « Elections municipales en Bretagne : A Langouët, la guerre des pesticides au cœur d’un vote ultra serré » de 20 Minutes, c'est :
« Pour le maire sortant Daniel Cueff, ce taux de participation très élevé est à mettre au crédit d’un puissant syndicat agricole en guerre contre son arrêté municipal anti-pesticides. "La FNSEA a placé un important propriétaire de terres de la commune sur la liste. C’est une grande famille qui a massivement voté. Ils ont même fait des procurations pour les grands-mères", attaque celui que l’on surnomme "le maire anti-pesticides". La liste "Langouët dynamique, ouverte et durable" se défendait pourtant d’avoir réuni "des habitants représentatifs de la diversité de la commune". Elle comptait dans ses rangs quatre agriculteurs "conventionnels", emmenés par une tête de liste salariée de la chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine. »
Seulement les « pesticides de synthèse »...
Faut-il voir dans ces propos une intolérance envers la filière agricole – et plus encore envers la FNSEA – de la part de l'auteur de « Paysans, on vous aime », subitement révélée par le dépit ?
La FNSEA aurait, si l'on comprend bien, constitué la liste en y plaçant « un important propriétaire de terres », quatre agriculteurs conventionnels et une salariée de la Chambre d'Agriculture... Dans « Municipales. Les électeurs de Langouët tournent la page Daniel Cueff, le maire antipesticides », M. Jean-Luc Dubois est même qualifié de « représentant de la noblesse, plus gros propriétaire foncier de la commune ». En quelque sorte un koulak qui aurait dû être interdit de candidature...
Et qu'est-ce que ce sexisme, « des procurations pour les grands-mères » ?
Le verdict est tombé : les électeurs se sont exprimés en masse, ce qui implique la participation des pros et des antis. Si M. Daniel Cueff allègue que l'opposition à sa politique s'est mobilisée, dans une élection plébiscite, alors il faut considérer que les 20 % d'abstentionnistes n'ont pas été suffisamment motivés par la défense de sa politique.
Si la liste « Langouët dynamique, ouverte et durable » comprenait le ban et l'arrière-ban de la filière agricole, alors il faut bien admettre que cela n'a pas servi de répulsif pour une courte majorité villageoise.
Ouest-France rapporte un propos de la tête de la liste défaite, conseiller municipal sortant qui n'a pas été réélu :
« On a été candide, on n'a pas pris l'ampleur de la stratégie de l'autre liste. […] Les gens n'ont pas toujours conscience que ce dont ils profitent tous les jours, c'est un combat. Ils croient que c'est naturel, parce que c'est Langouët. »
Sérieux ? Alors que vous étiez opposés à la liste de la FNSEA ? Et cet avis sur les gens de Langouët...
En bref, Langouët a dit oui aux agriculteurs et à l'agriculture.
Et à ce maire qui affirmait urbi et orbi avoir le soutien de la population dans sa lutte contre les pesticides* (*de synthèse), à tous ces activistes dont il a été la figure de proue, à tous ces « journalistes qui ont pissé copie sur copie, Langouët a infligé un cinglant désaveu.