Félicitations au gouvernement du Kenya : le cotonnier Bt est devenu une réalité !
Gilbert Arap Bor*
Mon pays va enfin adhérer à la Révolution Génétique : les agriculteurs du Kenya sont sur le point de semer des OGM pour la première fois.
C’est une excellente nouvelle pour une Nation dont les lois nous ont jusqu’à présent empêché l’accès aux meilleures technologies agricoles du monde – et le revirement signifie que nous adoptons enfin les solutions qui promettent à la fois la croissance économique et la sécurité alimentaire à un continent en difficulté.
Lorsque le gouvernement a annoncé la commercialisation du cotonnier Bt le 19 décembre, c'était comme un cadeau de Noël avant l'heure. Pendant des années, j'ai appelé le Kenya à franchir cette étape importante. Je l'ai plaidé tribune après tribune après tribune. (Lisez-les toutes ici.) J'ai pris la parole à chaque occasion, en utilisant ma voix d'agriculteur, pour défendre les cultures GM.
Comme beaucoup de scientifiques/chercheurs kenyans et de personnes ayant foi dans les capacités scientifiques, je m'étais aussi inquiété. Tant de fois, il semblait que nous étions sur le point de réussir, pour revenir en arrière au dernier moment et repousser la décision. Le problème n'a rien à voir avec la science ou la sécurité, et tout à voir avec la volonté politique. En rassemblerons-nous jamais assez pour faire la bonne chose ?
Je craignais que notre temps ne vienne jamais.
Mais maintenant il est venu. Au cours de la prochaine campagne agricole, les agriculteurs kenyans pourront profiter de la possibilité de planter du cotonnier Bt. Il possède une capacité naturelle à résister à des ravageurs tels que le ver de la capsule. Pendant les meilleures années, ces ravageurs réduisent le rendement. Au pire, ils dévastent des récoltes entières.
La biotechnologie nous donne un moyen de défendre nos cultures contre eux.
Des agriculteurs dans le monde entier utilisent le cotonnier Bt depuis une génération. La quasi-totalité du cotonnier cultivé en Afrique du Sud, aux États-Unis et en Inde profite de ce produit de la biotechnologie. Il a permis aux agriculteurs de produire plus de coton sur moins de terres, en utilisant moins d'insecticides, ce qui rend les producteurs plus efficaces, maintient les prix à la consommation bas et soulage le stress environnemental. Il n'y a vraiment aucun inconvénient.
Pourtant, ici au Kenya, nous n'avons pas eu l'occasion de l'essayer. Bien que notre gouvernement ait autorisé la recherche sur les cultures GM, il avait refusé d'autoriser leur commercialisation. Les raisons du refus sont compliquées, mais elles impliquent essentiellement un mélange toxique d'idéologie et d'ignorance.
Aujourd'hui, la science et le bon sens ont prévalu. Au cours des prochaines années, jusqu'à 200.000 agriculteurs kenyans choisiront d'adopter le cotonnier Bt. Ce faisant, ils produiront plus de coton. Les filatures de coton de notre pays rouvriront, créant de nouveaux emplois. Le président Uhuru Kenyatta et notre pays se rapprocheront de la réalisation des objectifs de son programme des Big Four.
Tout le Kenya en bénéficiera.
Il en sera de même pour une grande partie de l'Afrique, qui regorge de pays qui ont résisté à la technologie GM. Il y a un vieux dicton : « Quand le Kenya attrape un rhume, l'Afrique de l'Est éternue. » Tant que le Kenya a refusé d'accepter les OGM, beaucoup de nos voisins ont également résisté. Mais maintenant, le Kenya a pris un remède contre la toux – et il y a de fortes chances que d'autres nations africaines suivent.
En plus des réformes à l’extérieur de nos frontières, j’espère plus d’innovations à l’intérieur d’elles.
Bien que je sois agriculteur et enthousiasmé par la nouvelle opportunité de planter du cotonnier Bt, je n'en cultiverai pas moi-même. C'est parce que je ne vis pas dans l'une des régions productrices de coton du Kenya. Je cultive du maïs et des légumes. Je suis heureux pour mes collègues petits exploitants de la côte, de l'est, de la vallée de Kerio, de Nyanza et de l'ouest du Kenya. C’est pour eux l’occasion de ressusciter leurs champs de cotonnier « morts ».
Maintenant que le gouvernement a franchi cette première étape critique avec le cotonnier Bt, il devrait aller de l'avant avec les cultures vivrières, comme le maïs et le manioc. Ce sont des aliments de base du régime kenyan. Nous devons utiliser le pouvoir de la biotechnologie pour améliorer notre agriculture, augmenter nos récoltes et assurer la sécurité alimentaire. Nos scientifiques de l'Organisation Kényane de Recherche en Agriculture et Élevage (Kenya Agriculture and Livestock Research Organization – KALRO) et d'autres chercheurs ont déjà terminé des essais sur le terrain pour plusieurs cultures vivrières. Il ne reste que la décision politique de les commercialiser.
Cela ne peut pas arriver assez tôt – et j'espère qu'une fois que nous aurons pris un bon départ avec le cotonnier Bt cette année, les agriculteurs comme moi auront accès au maïs Bt en 2021. Je le cultiverai immédiatement.
Alors, je gagnerai moi aussi une protection importante contre les ravageurs. Mais nous ne pouvons pas nous arrêter là. La biotechnologie peut nous aider à faire face à tant d'autres défis, y compris ceux présentés par les mauvaises herbes, les maladies et la sécheresse.
C’est la promesse de la Révolution Génétique – et je suis ravi que le Kenya ait finalement rejoint le camp des révolutionnaires.
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Gilbert Arap Bor
Agriculteur, Kapseret, Kenya
D. Gilbert Arap Bor cultive du maïs et des légumes et élève des vaches laitières dans une petite ferme de 10 hectares située à Kapseret, près d'Eldoret, au Kenya. Il enseigne également à l'Université Catholique d'Afrique Orientale, sur le campus d'Eldoret, et est membre du conseil d'administration de la Kenyan Fish Marketing Authority. Dr Bor est le récipiendaire du prix Kleckner 2011 et est membre du Réseau Mondial d'Agriculteurs (Global Farmer Network).
Cette tribune a été publiée en premier lieu dans le magazine African Seed Trade Association, numéro 6, mars 2020.
Source : https://globalfarmernetwork.org/2020/03/kudos-to-the-government-of-kenya-bt-cotton-is-now-a-reality/