Cachons ces « OGM cachés » aux clients du « bio » !
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Le 1er octobre 2019, Reporterre publiait une tribune, « "OGM cachés", le gouvernement nous prend pour les cobayes des firmes agrochimiques ». Elle était portée par une « vingtaine d'ONG environnementales » – parmi lesquelles cette Confédération paysanne que l'on croyait être un syndicat..., la FNAB (Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique) et le MABD (Mouvement de l’Agriculture Biodynamique).
À lui seul, le titre est un poème. Si ces entités se préoccupent tellement de notre santé, ne le devraient-elles pas l'être encore plus de celle des clients du « bio », que l'on attire précisément par des allégations et insinuations de santé ?
Elles avaient écrit :
« Il y a un an, le 25 juillet 2018, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a rendu un arrêt historique concernant les biotechnologies végétales.
[…]
S’appuyant sur ladite directive, la CJUE a en effet confirmé que :
-
tous les organismes obtenus par des techniques traditionnelles ou nouvelles de mutagenèse sont des OGM ;
-
[...] »
Cela a le mérite d'être clair.
L'activisme « anti-OGM cachés » de la Confédération Paysanne et de quelques autres a eu des effets hors cible. L'arrêt de la Cour de Justice de l'Union Européenne du 25 juillet 2018 (communiqué de presse ; arrêt) et l'arrêt du Conseil d'État du 8 février 2020 (communiqué de presse ; arrêt) vont bien au-delà de leur totem à abattre, les variétés rendues tolérantes à un herbicide.
Comme « tous les organismes obtenus par des techniques traditionnelles [...] de mutagenèse sont des OGM », ces organismes – leurs produits – devraient disparaître des étalages et rayons des chaînes de distribution de produits biologiques. Ces chaînes ne font-elles pas leur beurre sur la peur des OGM – soigneusement entretenue, le cas échéant avec le concours de la Confédération Paysanne et quelques autres en justice – et la garantie que leurs produits sont « sans OGM » ?
Citons parmi les produits emblématiques, les chips vendues par Biocoop pour alimenter la cagnotte des « faucheurs volontaires », le pomélo rose, ou encore le blé 'Renan', issu d'un long travail d'amélioration des plantes avec une combinaison de procédés et de moyens que l'on ne saurait retrouver dans la nature (Inf'OGM disagrees dans un monument de jésuitisme).
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Cela vaut la peine d'agrandir la vignette de droite :
Le pomélo, Citrus × paradisi, serait bien un hybride naturel américain entre le pamplemoussier et, selon la tradition, l'oranger doux (Citrus maxima × Citrus sinensis)... mais la variété 'Star Ruby' est le produit d'une mutagenèse par irradiation. Horresco referens, c'est un exemple d'utilisation directe d'un mutant irradié... les clients du « bio » devraient avoir les chocottes.
Et les marchands de peurs, euh, de produits « bio » ?
Il faut rappeler leur intransigeance. En juin 2007, quand les ministres européens de l’agriculture puis de l’environnement ont adopté le (alors nouveau) règlement relatif à l’agriculture biologique, les milieux du « bio » ont contesté l'admission du seuil de 0,9 % de présence fortuite d’OGM dans les produits bio.
Mais c'est qu'aujourd'hui, on trouve des produits déclarés légalement et judiciairement GM sur les étals « bio » par caisses ou rayons entiers...
Satoriz a donc demandé un point de la situation à M. Christophe Noisette, d'Inf'OGM, la vitrine d'information et d'« information » – « que Satoriz soutient depuis plusieurs années ». Cela a donné « OGM : où en sommes-nous ? ».
C'est un monument de tartufferie que nous n'examinerons pas en détail (la loi de Brandolini...). Extrait :
« Est-ce qu’un aliment bio est forcément sans OGM ?
Oui : la philosophie de l’agriculture bio est contraire à celle des biotechnologies. […]
[…]
Quels sont les dangers des OGM pour l’agriculture bio ?
L’agriculture bio et les OGM sont dans une incompatibilité paradigmatique [...] »
Il y a aussi :
« En juillet 2018, la Cour de Justice de l’UE a arrêté que les produits issus des nouvelles techniques de mutagenèse devaient être réglementés comme ceux issus de la transgénèse. Depuis, c’est le branle-bas de combat chez les industriels, les semenciers et les politiques pour casser cette décision susceptible de donner un coup d’arrêt à leurs nouveaux OGM. L’enjeu est énorme ! Normalement, un arrêt est d’application immédiate. Or on sait que l’ensemble de l’UE cultive des OGM issus de la mutagénèse moderne. Une transparence est indispensable, mais pour l’instant c’est l’omerta la plus totale. »
« ...le branle-bas de combat chez les industriels, les semenciers et les politiques pour casser cette décision... » ? Sérieux ?
« Normalement, un arrêt est d’application immédiate » ? Admettons... Où en est son application par la filière « bio » ?
Et qu'en est-il de l'omerta dans la filière « bio » sur les « OGM » issus de la mutagenèse « traditionnelle » ?