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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

« Transition agro-écologique » : marre du marketing politicien et de la politique marketing

8 Février 2020 , Rédigé par Seppi Publié dans #Politique

« Transition agro-écologique » : marre du marketing politicien et de la politique marketing

 

 

 

 

Un INRAE est né

 

Le 9 janvier 2020, si l'on comprend bien une légende sous des photos du communiqué de presse, M. Didier Guillaume, (encore) Ministre de l'Agriculture et de l'Environnement a officialisé le lancement de l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE) en présence de Mme Frédérique Vidal, Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.

 

L'INRAE est le fruit de la fusion, le 1er janvier 2020, de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) et de l'Institut National de Recherche en Sciences et Technologies pour l’Environnement et l’Agriculture (IRSTEA), anciennement Centre National du Machinisme Agricole, du Génie Rural, des Eaux et des Forêts (CEMAGREF).

 

Cocorico ! C'est/c'était le premier organisme de recherche spécialisé́ au monde en agriculture, alimentation et environnement.

 

Cette formulation vous paraît ambiguë ? C'est qu'au moment de la relecture, le communiqué de presse disait qu'il : « a pour objectif de devenir l’un des leaders mondiaux de la recherche pour répondre aux enjeux sociétaux ».

 

On n'attend plus qu'il soit aussi le premier en termes de résultats... Pour certains domaines comme la transgenèse et les nouvelles techniques génétiques, on connaît, hélas, déjà le classement...

 

Selon le communiqué de presse, « INRAE a pour ambition de construire une recherche d’excellence au service de la production de connaissances, de l’enseignement, de l’innovation, en appui aux politiques publiques, afin d’accélérer les transitions en matière d’agriculture, d’alimentation et d’environnement pour atteindre les objectifs de développement durable. »

 

Selon la plaquette de présentation, il a – évidemment – « [u]ne stratégie de recherche ambitieuse et partagée » et « pour ambition d’accroître, de transmettre et de mobiliser des connaissances, des technologies et des savoir-faire afin d’éclairer et de servir les transitions des systèmes agricoles et alimentaires et la préservation de l’environnement. »

 

« ...transitions... », vous avez dit « transitions » ?

 

 

Un Institut national d'enseignement supérieur pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnementInstitut Agro de son petit nom ? – est aussi né

 

Le même jour a été annoncé « L'Institut Agro, nouvel établissement national d’enseignement supérieur pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement a été créé le 1er janvier 2020 afin d’accompagner la transition agroécologique de notre agriculture ».

 

Il est né du « regroupement de Montpellier SupAgro et d’Agrocampus Ouest », en des temps maintenant lointains Écoles Nationales Supérieures Agronomiques (ENSA) de Montpellier (qui a subi ma présence) et Rennes.

 

On peut se réjouir à la lecture de : « Il répond à la volonté de Mme Frédérique Vidal [...] et M. Didier Guillaume [...] de doter la France d’un établissement leader sur les questions d’agriculture, d’alimentation et d’environnement notamment complémentaire d’AgroParisTech, établissement-composante de l'Université Paris Saclay. »

 

Mais encore ?

 

« ...il apportera un soutien renforcé aux acteurs des filières agricole et alimentaire pour conduire les transitions agroécologiques, alimentaires, numériques et climatiques grâce à ses contributions en matière de formation, de recherche, d’innovation et d’appui à l’enseignement technique agricole » et « [i]l formera les ingénieurs et chercheurs attendus par les professionnels pour réussir ces transitions [...] ». Vraiment ? La vocation de cet institut normalement chargé d'équiper des étudiants pour une vie professionnelle, en tout cas pour les premiers pas, se focalise-t-elle sur des « transitions » ?

 

Mieux encore : « L’institut Agro a également une mission spécifique d’appui à l’enseignement technique agricole et participe notamment à la diffusion de l’agro-écologie dans les lycées agricoles du ministère de l’agriculture et de l’alimentation. »

 

On ne peut retenir une question : c'est quoi, au juste, l'agro-écologie ?

 

Selon l'article 4 du Décret n° 2019-1459 du 26 décembre 2019 relatif à l'Institut national d'enseignement supérieur pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, « l'établissement exerce, dans les domaines des sciences et technologies de l'agronomie, de l'agro-écologie, de l'alimentation, de l'agroalimentaire, de l'horticulture, du paysage, de la forêt, de la gestion durable des ressources naturelles et des territoires, de l'environnement et du vivant, les missions suivantes : [...] ».

 

On ne peut retenir une autre question : où est la limite entre agronomie et agro-écologie ?

 

Selon l'article 9, le conseil d'administration (32 membres) « fixe les orientations générales de l'établissement ». Il « délibère » – what does that mean ? – notamment sur « [l]a politique de l'enseignement, la politique de l'appui à l'enseignement technique, les créations de diplômes propres à l'établissement et les demandes d'accréditation à délivrer des diplômes nationaux ». Il sera épaulé par un conseil scientifique (24 membres) et un conseil des enseignants (25 membres). Pourra-t-on espérer que le CA aura une vision réaliste et rationnelle des enjeux ?

 

Incidemment, Gribouille a sévi... le CA comprend « [t]rois présidents de conseils d'écoles internes désignés conformément au règlement intérieur ou leur représentant »... mais il n'y a que deux « écoles internes », au moins pour le moment.

 

 

À quoi ça rime ?

 

Le regroupement de deux institutions d'enseignement – qui resteront néanmoins sur leurs sites respectifs – a peut-être du sens. La lecture du décret donne cependant une impression désagréable de mise en place d'une superstructure coiffant deux écoles – auxquelles d'autres pourront s'ajouter par arrêté du ministre chargé de l'agriculture sur proposition du conseil d'administration – autrement dit, une impression de création d'une usine à gaz.

 

Nous oserons espérer que cette superstructure – qui sera logée « sur le territoire de la Métropole du Grand Paris »... décentralisation oblige... – n'aura pas eu pour vocation première d'introduire le mot « environnement » dans le capharnaüm des intitulés des établissements d'enseignement et de formation afin de verdir la posture du gouvernement et de flatter un certain électorat.

 

Ce qui choque, dans la présentation faite dans le communiqué de presse, c'est la focalisation sur des thématiques de l'instant. C'est du marketing politicien et de la politique marketing.

 

Imaginons que cette superstructure reflète une volonté politique qui se matérialisera par le choix « judicieux » des apparatchiks et des membres des conseils... mieux vaut ne pas y penser…

 

 

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D
La semaine passée, le DG de l'INRAE a fait l'introduction des JRP (Journées de la Recherche Porcine), mais sous forme de message vidéo car il ne pouvait pas honorer ces journées de sa présence, car "dossiers urgents" (piscine?)<br /> Les professionnels de la filière ont moyennement apprécié la plaisanterie.<br /> On voit bien qu'il y a des priorités qui diffèrent.
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I
Pour le moment en tout cas, l'INRAE reste un bastion de soutien à l'élevage et aux thèses veganimalistes, elle fera dans à la fin de ce mois une rencontre visant à promouvoir des techniques d'élevage bonnes pour l'environnement. On peut au moins lui reconnaître le mérite de soutenir nos éleveurs. Mais pour comb ien de temps encore ?
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M
C'est tout simplement la police de la pensée qui veillera bien, en distribuant les fonds européens adéquats, que la recherche s'orientera dans la "bonne" direction : la transition vers la ruine, la misère, l'effondrement économique et la dictature rêvés par les Khmers verts qui tiennent le haut du pavé.
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M
Bonjour, encore des personnes qui vont se suffire à eux-mêmes, et qui ne ferons que de la recherche sans application véritable ! Je souviens de Mr Fardeau (qui n'est plus de ce monde) qui faisait des conférences (non gratuites) sur le phosphore lorsqu'il était en retraite, alors qu'il avait travaillé ce sujet à l'Inra et au Cea, sans avoir divulgué son savoir dans son temps de travail. L'INRAE devrait être subventionné en fonction des résultats concrets pour notre agriculture et non pour faire beau devant les journalistes.
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M
Ben... C'est une Giec de l'agriculture. Ni plus ni moins. Il produira des "avis autorisés" et "scientifiques" dans la ligne du parti et des caprices des apparatchiks.<br /> Pauvres de nous
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