Traction animale : l'agriculture de grand-papa au Ministère de l'Agriculture
Je suis tombé sur une page du site du Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation et les lunettes me sont tombées du nez... il a fallu que je me frotte les yeux devant « Chevaux, ânes et labours : une pratique ancestrale aux nombreux atouts ».
Non, vous ne rêvez pas ! Dans cette page un peu ancienne à l'heure de l'instantané, du 3 mai 2019, l'auteur a fait le catalogue des vertus de la traction animale pour faire l'article pour une formation « traction animale » du Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole (CFPPA) du « Lycée Nature » (La-Roche-sur-Yon).
La formation en tant que telle est plutôt bienvenue : puisqu'il y a des gens qui s'entichent d'une activité impliquant l'utilisation de la traction animale – pour de bonnes raisons dans le cas du débardage en milieu difficile ou par choix dans le cas, par exemple, du maraîchage – autant leur assurer des bases solides.
Non, c'est le discours benêt. Florilège :
«... un cheval dressé coûte bien moins cher qu'un tracteur » ? Vraiment ? Quel tracteur faut-il pour une petite exploitation maraîchère de 1 à 4 hectares (une des cibles de la formation) ? Quel est le coût de l'entretien du cheval (ou plutôt des chevaux car ils n'aiment pas rester seuls) ? Quel sont le temps et la surface qui doivent lui/leur être consacrés ?
« La traction animale – ou hippomobile – permet d'effectuer un travail de précision en maraîchage, en vigne […] ? Ah bon ! Pas le tracteur ou le motoculteur ?
Et le bouquet :
« Autre avantage, non négligeable : "on travaille dans le silence. C'est également un autre rapport au temps, on avance au rythme plus lent de l'animal, contrairement au monde qui nous entoure où tout s'accélère". »
Vous comprendrez sans peine pourquoi mes lunettes me sont tombées du nez...
Trouver ça sur le site web du Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation... Sur une page qui s'ouvre avec un lyrisme plutôt hors-sol par : « En maraîchage ou encore en viticulture, les chevaux et les ânes sont de précieux auxiliaires pour les travaux des champs. » Tellement précieux que l'essentiel des travaux est motorisé... Ne précise-t-on pas dans la foulée que :
« La méthode avait été un peu délaissée, mais elle rencontre un engouement chez les néo-ruraux qui se reconvertissent en agriculture et qui souhaitent s'installer en maraîchage sur des petites exploitations de 1 à 4 hectares » ?
Ça fleure bon « La terre qui ne ment pas ».
Notons incidemment que l'établissement propose aussi des « formations » en biodynamie et en « permaculture ». L'agriculture française du 21e siècle est (bien – ou plutôt bien mal) avancée...