Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Fongicides SDHI : vous êtes sérieux, là, M. l'eurodéputé Éric Andrieu ?

15 Février 2020 , Rédigé par Seppi Publié dans #Pesticides, #SDHI, #Politique

Fongicides SDHI : vous êtes sérieux, là, M. l'eurodéputé Éric Andrieu ?

 

 

Continuons une petite série d'interpellations... au tour du député européen Éric Andrieu, membre du Parti Socialiste en France (enfin, de ce qu'il en reste...) et du Groupe de l'Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates au Parlement européen (dans lequel lui et ses quelques collègues français se singularisent en tant que Délégation de la Gauche Sociale et Écologique).

 

Une visite de son site personnel s'impose. Trois têtes d'affiche dont deux à l'intitulé belliqueux : « Mon combat contre les pesticides » et « Mon combat pour un autre modèle agricole ». C'est suivi de « Mes interventions en plénière ».

 

On voit tout de suite la priorité des priorités, l'hystérie anti-pesticides. On pourrait se réjouir du caractère constructif de la deuxième... sauf que « Mon combat pour... » est plus souvent qu'à son tour un « combat contre... ».

 

M. Éric Andrieu ne pouvait que se joindre à la croisade contre les fongicides SDHI, le substitut du glyphosate dont on peut croire que les jours sont maintenant comptés – en tant que produit utilisable par les agriculteurs et les gestionnaires de l'environnement et en tant qu'étendard de l'activisme anti-pesticides* (*de synthèse).

 

Il a donc adressé une question avec demande de réponse écrite à la Commission Européenne, sobrement intitulée : « Fongicides SDHI et santé publique ». Examinons-la, pas à pas.

 

« Massivement épandus sur les cultures depuis les années 2000, les fongicides SDHI sont pulvérisés sur les vignes, les champs de colza ou sur les terrains de sports et largement utilisés pour lutter contre les moisissures et les champignons dans l’agriculture.

 

M. l'eurodéputé Éric Andrieu reprend ici un élément de langage ubiquitaire. Mais a-t-il vérifié, comme on pourrait et devrait l'attendre d'un représentant de la Nation sérieux et responsable, qui se présente comme « votre – c'est-à-dire notre – eurodéputé » ?

 

L'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES) nous apprend qu'il s'est vendu, en gros 550 tonnes de fongicides SDHI en 2017, en baisse régulière des près de 700 tonnes de 2014. Cela représente moins de 1 % des ventes de produits phytosanitaires en France.

 

 

(Source)

 

 

Oui mais, me dira-t-on par exemple : selon l'ANSES, « le boscalid est appliqué au moins une fois sur près de 80% des surfaces de colza (données 2014) », ou encore : « bixafen : 90 tonnes en 2016 (86ème rang) contre 82 tonnes en 2013, associé à 38% des surfaces en orge traitées au moins une fois en 2014 et 22% des surfaces en blé tendre la même année ». Cela répond-il à la notion de « [m]assivement » ?

 

Cet adverbe se réfère en priorité à des quantités par hectare. Or, là encore, le compte n'y est pas : les doses d'application sont de l'ordre du demi-kilo, du kilo ou du litre par hectare. Un litre par hectare, c'est 0,1 millilitre par mètre carré ou... 2 gouttes.

 

En bref, êtes-vous sérieux, là, M. l'eurodéputé Éric Andrieu ?

 

« Néanmoins, des récentes études scientifiques démontrent leur danger pour la biodiversité et pour la santé des citoyens. En effet, cette famille de pesticides agit en bloquant une enzyme impliquée dans la respiration des cellules, la succinate déshydrogénase (SDH). »

 

Combien de « récentes études scientifiques » ? Que « démontrent-elles » ? Avez-vous vérifié ?

 

En bref, êtes-vous sérieux, là, M. l'eurodéputé Éric Andrieu ?

 

« Elle est aussi capable de bloquer celle des moisissures, du ver de terre, de l’abeille et de cellules humaines, dans des proportions variables. Ces études affirment que les SDHI sont des molécules extrêmement dangereuses, car elles peuvent également accélérer des maladies humaines diverses qui peuvent être causées par le blocage de la respiration des cellules. »

 

« Ces études affirment que les SDHI... » ? Rien que le mot « affirment », qui n'est pas synonyme de « montrent » ou « démontrent »... Avez-vous vérifié ?

 

 

(Source)

 

 

En bref, êtes-vous sérieux, là, M. l'eurodéputé Éric Andrieu ?

 

« La Commission européenne partage -t-elle les conclusions de ces études scientifiques ? Si oui, au vu de ces éléments, qu’attend la Commission européenne pour appliquer d’urgence le principe de précaution au niveau européen ? Par exemple, s’agissant du boscalid qui fait partie de cette famille et dont l’autorisation arrive à expiration le 31 juillet 2020 (après 2 extensions administratives), la Commission prévoit-elle de demander un renouvellement ? »

 

C'est confus, on mélange mesures d'urgence et procédures régulières. Mais on est dans le cadre des questions qui peuvent être posées à la Commission.

 

Toutefois, comme on le sait, la question de l'urgence est dénuée de fondement – il suffit de lire « les conclusions de ces études scientifiques ». Et la deuxième question est formulée sur le mode de l'agression : « qu’attend la Commission européenne... ». Comme on ne peut guère douter du sens à donner à « appliquer [...] le principe de précaution », elle est aussi fondée sur une interprétation au mieux erronée du « principe de précaution »...

 

« Que propose concrètement la Commission afin de limiter le risque d’une catastrophe sanitaire liée à l’usage de tout le groupe des fongicides SDHI en Europe ? »

 

« ...limiter... » ? Bel euphémisme ! « une catastrophe sanitaire » ? Belle hyperbole ! Mais il est vrai qu'elle est associée au mot « risque »... On ne sort pas de la gesticulation...

 

 

Avez-vous vérifié les compétences des 450 « scientifiques », M. l'eurodéputé Éric Andrieu ? (Source)

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Eric Andrieu sérieux, on a là un bel oxymore
Répondre
M
Bonjour, voici ce que j'ai écris à cette personne : <br /> Bonjour, Mr le Député êtes-vous sérieux ? ou alors vous faites de la communication ? avez-vous des arguments scientifiques prouvés concernant vos propos sur les fongicides ? avez une expérience sur ces produits ? Si non, vous ne devez pas vous permettre un quelconque avis, à moins de vous faire une pseudo étincelle de lumière. On ne parle que de sujets que l’on connait. <br /> Ce sont des « idiots » comme vous, au sens thématique, qui vont mettre à bas l’agriculture Française au bonheur financier d’autres pays agricoles qui seront contents que nous leur achetions leurs produits.<br /> <br /> P.S. : quel est votre revenu net imposable depuis 20 ans ? <br /> <br /> Merci de votre retour
Répondre