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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Partager l'expérience sur la technologie GM de l'Inde en Ouganda

4 Janvier 2020 , Rédigé par Seppi Publié dans #OGM, #Afrique, #Inde

Partager l'expérience sur la technologie GM de l'Inde en Ouganda

 

V. Ravichandran*

 

 

 

 

En tant qu’agriculteur indien, j’ai le plaisir d’accepter des invitations qui me permettent de partager mon expérience et d’aider à mieux faire connaître les avantages des cultures GM.

 

En novembre, je partirai de ma ferme, en Inde, pour aller en Ouganda. Ma mission est de décrire mon expérience personnelle avec les OGM – et d'encourager les décideurs politiques, les régulateurs, les groupes d'intérêts, les agriculteurs, les distributeurs d'intrants agricoles et les transformateurs ougandais à faire confiance à la science et à soutenir les politiques agricoles fondées sur les conclusions des recherches scientifiques fiables, plutôt que sur les revendications de marchands de peur en colère.

 

C’est un moment crucial pour l’agriculture dans ce pays d’Afrique de l’Est qui compte près de 45 millions d’habitants. L'Ouganda est à la veille de l'adoption des OGM. J'espère que le partage de mon expérience concrète persuadera les Ougandais qui doutent qu'ils n'ont rien à craindre et tout à gagner des cultures GM.

 

Les Ougandais débattent des OGM depuis plusieurs années. Les experts estiment que les agriculteurs du pays perdent chaque année des centaines de millions de dollars à cause de parasites et de maladies que la biotechnologie moderne peut aider à vaincre. Les pertes les plus importantes proviennent du flétrissement du bananier, mais le manioc, le maïs, la patate douce et d’autres cultures en souffrent également.

 

Le retard dans l'approbation des cultures GM signifierait une perte d'opportunités pour les agriculteurs et la Nation.

 

L’année dernière, le Parlement ougandais a approuvé un projet de loi qui aurait établi des protocoles pour la commercialisation des cultures génétiquement modifiées. Cependant, le Président Yoweri Museveni a formellement rejeté la proposition à deux reprises, la plus récente en août.

 

Ce faisant, Museveni a refusé aux agriculteurs de son pays la possibilité de tirer parti d’une technologie sûre qui a amélioré la sécurité alimentaire dans le monde. Deborah R. Malac, ambassadrice américaine en Ouganda, soutient l’invitation à partager mon expérience. Elle pense que l’adoption des OGM aidera l’Ouganda à nourrir sa population et à alimenter son économie.

 

Je peux comprendre la mentalité des sceptiques ougandais, car jadis aussi, j’étais sceptique sur les OGM. En 1986, lorsque j'ai commencé à produire du coton, je ne savais pas ce qu'étaient les cultures GM. Et lorsque j'ai appris l'existence de ces cultures plus d'une décennie plus tard, je doutais qu'elles puissent tenir ce que l'on promettait. Mes opinions ont été façonnées par les mêmes activistes anti-développement qui combattent actuellement les OGM en Ouganda.

 

Tous ces jours horribles où nous nous battions contre les vers de la capsule m'ont poussé à essayer le cotonnier Bt. Donc, en 2004, j'ai semé du cotonnier Bt pour la première fois. J’avais considéré que la pire chose qui pouvait arriver ne ferait que confirmer mes soupçons et que je resterais fidèle à mes anciennes méthodes.

 

Mais c'est la meilleure chose possible qui est arrivée : je suis devenu un meilleur agriculteur. Le cotonnier GM a tout changé. Mes rendements ont augmenté. Mes coûts ont diminué. Je n’ai jamais expérimenté et observé une transformation plus positive. Aujourd'hui, pratiquement tous les producteurs de coton indiens se sont joints à moi pour cultiver le cotonnier Bt, car cela fait tellement sens.

 

Je repense aux temps épouvantables qui ont précédé le cotonnier Bt, lorsque nous nous battions contre les vers de la capsule et que nous n'avions pas réussi à les empêcher de détruire nos cultures. Je me demande pourquoi quiconque choisirait des approches démodées de l'agriculture.

 

Cela arrive tout le temps, bien sûr. Mon propre gouvernement en Inde n’accepte pas le brinjal (aubergine) Bt et la moutarde génétiquement modifiée, même si les scientifiques et les autorités de réglementation ont confirmé que les deux cultures étaient sûres et pouvaient améliorer la vie des agriculteurs indiens pauvres. Le problème est que trop de politiciens continuent d’écouter les activistes qui ont des objectifs idéologiques plutôt que les recommandations de leurs propres comités scientifiques.

 

De nombreux agriculteurs indiens ont eu recours à des mesures désespérées : ils se procurent des semences GM de l’autre côté de la frontière et cultivent du brinjal (aubergine) Bt et du cotonnier HT illégalement. En tant que citoyen respectueux de la loi, je n’approuve pas le mépris de la loi, même s’ils ne sont pas d’accord avec elle – mais je comprends leur motivation. Personne ne peut supprimer indéfiniment les vérités scientifiquement prouvées. Ces agriculteurs ont été témoins du succès de leurs homologues au Bangladesh et dans d'autres pays.

 

Peut-être que notre gouvernement va revenir à la raison. Malheureusement, nous continuons à nous mettre dans des positions ridicules. Nous importons d’énormes quantités d’huile alimentaire à base de soja et de canola génétiquement modifiés, par exemple, mais nous ne permettons pas à nos propres agriculteurs de produire les mêmes cultures qui permettent de produire cette huile.

 

Donc, mon espoir pour l’Ouganda est double. Premièrement, j'expliquerai à ses agriculteurs comment le cotonnier Bt a amélioré ma vie et encouragerai ses politiciens à faire ce qui s'impose. Deuxièmement, si l'Ouganda prend une bonne décision et accepte les cultures génétiquement modifiées, cela peut inciter d'autres pays à faire de même, tant en Afrique que dans mon pays d'origine, l'Inde.

 

Les agriculteurs de tous les pays peuvent bénéficier de ce genre d'échange. Si les Ougandais peuvent tirer des leçons de mon expérience d'agriculteur indien, le gouvernement indien finira peut-être par apprendre de l’Ouganda – et la bonne nouvelle que j’ai hâte de faire connaître mon expérience reviendra chez moi.

 

______________

 

* V. Ravichandran, agriculteur, Tamil Nadu, Inde

 

Ravichandran est un agriculteur de troisième génération qui cultive du riz, de la canne à sucre, du coton, des légumes secs et des petites céréales depuis plus de 30 ans dans l'État de Tamil Nadu, en Inde. En tant que promoteur déterminé de la technologie, Ravichandran écrit pour divers magazines en tamoul et en anglais, et participe souvent à des groupes de discussion soutenant l'adoption de technologies ayant fait leurs preuves scientifiquement pour accroître la productivité agricole d'une manière respectueuse de l'environnement.

 

Ravichandran en un membre bénévole du conseil d'administration du Global Farmer Network (réseau mondial des agriculteurs) et un membre actif du World Economic Forum’s New Vision for Agriculture Transformational Leaders Network (réseau du Forum Économique Mondial des leaders du changement pour une nouvelle vision de l'agriculture). Il est un membre actif de United Farmers Empowerment Initiative (UFEI – initiative des agriculteurs unis pour l'alphabétisation) de l'Inde et a constitué le « United Progressive Farmers Forum » (forum des agriculteurs progressistes unis), un outil qui aide les agriculteurs à réunir leurs ressources et à combler le fossé entre l'agriculture et les consommateurs.

 

Ravi a reçu en 2013 le prix Kleckner, reconnu à l'échelle mondiale, et s'est vu conférer le National Indian "Harit Kranti Award 2016", Innovative Farmer, pour sa remarquable contribution à la promotion de l'adoption des technologies de pointe par les agriculteurs.

 

Source : https://globalfarmernetwork.org/2019/11/sharing-a-gm-technology-testimony-from-india-to-uganda/

 

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