Mme Agnès Ricroch dans l'Opinion : la liberté de chercher n'existe plus, celle de parler de biotechnologies agricoles, etc. non plus
Glané sur la toile 457
Dans la série « France, que fais-tu de ta liberté ? », Mme Emmanuelle Ducros, de l'Opinion, a donné la parole à Mme Agnès Ricroch, enseignant-chercheur à AgroParisTech et à l’Université Paris-Sud, professeur adjoint à la Pennsylvania State University (États-Unis), etc.
Cet « Agnès Ricroch: "Des pans de la recherche française sont devenus tabous, la liberté de chercher n’y existe plus" » n'est vraiment pas dans l'air du temps, enfin de ce 2 janvier 2020 où s'échangent les meilleurs vœux empreints d'espoirs et d'optimisme.
Mais qu'importe : c'est un coup de semonce qui serait salutaire s'il était entendu et, surtout, suivi d'effets.
Le constat, comme on dit, est accablant. Il ne date pas d'hier, mais le voici encore une fois, sous forme condensée et structurée, la focale s'ouvrant sur d'autres sujets comme les vaccins :
« Cependant, il existe des domaines devenus des tabous. Des repoussoirs politiques. C’est le cas de la recherche sur le clonage, ou sur les OGM, ma spécialité. La recherche française est en situation de blocage quasi-complet. Sa créativité est entravée, bridée, alors qu’elle a prouvé, par le passé, qu’elle pouvait être extrêmement fertile. Dans les laboratoires français, avant que les OGM ne soient ostracisés, on mettait au point des maïs avec une meilleure utilisation de l’azote dans le but de moins polluer les nappes phréatiques par les nitrates et de réduire les gaz à effet de serres ! Ils ont été vandalisés. La liberté de chercher a quasi disparu dans ce domaine, elle s’oriente sur d’autres outils.
[…] Plus question de parler de brevets. Cela revenait, dans cette interprétation, à privatiser le vivant. Et qu’importe si ce n’est pas le vivant en lui-même mais des constructions à partir de matière vivante qui auraient pu être brevetées, et pour une dure limitée. Tant pis, aussi, si […]
[…]
Des chercheurs français ne trouvent plus de places dans les laboratoires où ils font l’objet de pressions pour qu’ils en soient écartés. De la même façon, l’expression dans les médias est devenue très compliquée. Là encore, des chercheurs sont dissuadés par leur hiérarchie de s’exprimer. Ce qui se passe est préoccupant. […]
La France a cessé de considérer les biotechnologies comme des outils, dont on peut produire des connaissances, trouver des solutions ou des parties de solutions à des problèmes cruciaux[...]. »
Et, en conclusion :
« […] Je n’aime pas l’application détournée du principe de précaution, mais je voudrais le brandir ici : prenons bien garde à ce que la France n’éteigne ses lumières et retombe dans l’obscurantisme. »
Il n'y a qu'une chose à ajouter : il faut lire cette analyse.
Et, pour certaines « parties prenantes » – au premier chef le gouvernement et les pouvoirs publics, les instances dirigeantes des institutions de recherche et les médias – prendre les décisions qui s'imposent.
Retomber dans l'obscurantisme... bon, après tout... Mais tomber dans le sous-développement faute d'avoir participé aux efforts de recherche et de développement et mettre l'avenir de nos enfants et petits-enfants entre les mains de Nations plus dynamiques dont la charité ne sera pas gratuite, c'est une autre chose.