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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Litzenburg-gate : toujours rien dans le Monde et la plupart des médias français

2 Janvier 2020 , Rédigé par Seppi Publié dans #critique de l'information

Litzenburg-gate : toujours rien dans le Monde et la plupart des médias français

 

 

 

 

L'électrogooglegramme des médias français est plat, ou presque, s'agissant du Litzenburg-gate.

 

C'est l'occasion de faire un récapitulatif et de présenter le dernier scandale dans son contexte plus large.

 

 

Un avocat prédateur inculpé pour chantage et extorsion de fonds (allégués)

 

Le 17 décembre 2019, l'avocat Timothy Litzenburg a été inculpé aux États-Unis d'Amérique pour, selon notre vocabulaire judiciaire, chantage et tentative d'extorsion de fonds. Nous vous en avions entretenus dans « Rififi chez les avocats prédateurs qui veulent faire les poches de Bayer-Monsanto ».

 

En bref, il a proposé un marché à une entreprise maintenant identifiée comme le groupe néerlandais Nouryon, ex-AkzoNobel Specialty Chemicals, acquis par the Carlyle Group et fournisseur d'un co-formulant à Monsanto pour son Roundup : soit il payait 5 millions de dollars pour mettre fin à un litige« à l'amiable » ainsi que 200 millions de dollars camouflés en « contrat de consultation », soit il s'exposait à un «"Roundup 2" interminable et public » avec une « parade des horribles », de plaignants atteints de cancer.

 

L'entreprise a mis les autorités fédérales sur le coup. Elles ont procédé à des écoutes téléphoniques qui, s'ajoutant aux échanges de courriels, se sont traduites par une inculpation par la justice. Le Département de Justice a trouvé nécessaire de publier un communiqué de presse assorti du rapport d'un investigateur.

 

Que faut-il de plus pour faire un scoop ?

 

 

Un des maîtres d'œuvre du procès Dewayne « Lee » Johnson c. Monsanto, des « Monsanto Papers »...

 

Rappelons que M. Timothy Litzenburg fut un des acteurs clés du très médiatisé procès Dewayne « Lee » Johnson c. Monsanto qui se termina par un verdict de 289 millions de dollars infligés à Monsanto – ultérieurement ramenés à 78,5 millions de dollars.

 

Il fut aussi, semble-t-il, celui qui a alimenté l'US Right to Know, en documents de procédure – les fameux « Monsanto Papers » – mis en ligne, largement diffusés et « consciencieusement » exploités, c'est-à-dire à sens unique et en soutien des plaintes contre Monsanto. Il s'est en tout cas largement épanché dans les médias.

 

L'USRTK est une officine prétendant lutter pour le droit de savoir ce qu'il y a dans votre assiette (enfin... dans l'assiette états-unienne) et agissant en réalité comme porte-flingue de l'industrie du bio, des charlatanismes alimentaires et pseudo-médicaux et des antivax. Pour mémoire, tiré de notre « Quand une revue scientifique tombe dans le caniveau... », voici ce qu'a déclaré M. Gary Ruskin dans un article pseudo-scientifique publié en juin 2019 qui prétendait répondre à la question de savoir si les organisations caritatives financées par l'industrie encouragent des « études dirigées par un plaidoyer » ou une « science fondée sur des preuves » :

 

« GR est co-directeur de U.S. Right to Know, une organisation à but non lucratif d’intérêt public, de défense des consommateurs et de la santé publique. Depuis sa création en 2014, l'USRTK a reçu les contributions suivantes des principaux donateurs (dons de 5.000 USD ou plus) : Organic Consumers Association $587.500 ; Laura and John Arnold Foundation : $382.600 ; Dr. Bronner’s Family Foundation : $300.000 ; CrossFit Foundation : $50.000 ; Westreich Foundation : $40.000 ; Panta Rhea Foundation : $20.000 ; Community Foundation of Western North Carolina (Little Acorn Fund – M) : $15.000. »

 

 

De l'USRTK aux médias complices, complaisants ou idiots utiles

 

L'USRTK a alimenté à son tour une série de médias en histoires en principe croustillantes destinées à noircir le tableau pour le glyphosate, le Roundup et Monsanto, façonner l'opinion dite publique et toucher ainsi les jurys des tribunaux états-uniens (ce genre de procès en tort, en responsabilité civile ou délictuelle, est toujours amené devant un tribunal avec un jury influençable par des arguments d'émotion)... et favoriser les perspectives de succès et de gros gains des cabinets d'avocats prédateurs.

 

Parmi les médias, The Guardian, dans lequel Mme Carey Gillam – une ancienne journaliste de Reuters passée directrice de recherches à l'USRTK – a son rond de serviette. Et aussi le Monde Planète de deux Stéphane, Foucart et Horel.

 

Dans ce journal dont même la date est fausse, les histoires ont bien évidemment été « vendues » au lectorat comme le produit d'« investigations » des célèbres journalistes. Idem du reste dans un Nature qui ne répugne pas à publier des choses douteuses mais dans l'air du temps. Et les journalistes se sont vu décerner le Prix Varenne 2017 et le Prix européen du journalisme d’enquête en mars 2018, dans les deux cas par un jury dont une des membres était affligée d'un conflit d'intérêts en tant que collaboratrice du... Monde (voir ici et ici).

 

 

Une véritable orgie de manipulation, de gesticulation et de désinformation

 

La scène n'est pas complète : ce n'est pas du triolisme, ni même une partie carrée, mais une véritable orgie de manipulation, de gesticulation et de désinformation...

 

Les « organisations non gouvernementales » n'ont évidemment pas été en reste.

 

C'est aussi le Parlement Européen qui a été mis à contribution et qui s'est complaisamment prêté au jeu de l'idiot utile à l'instigation d'une brochette d'eurodéputés des groupes S&D (socialistes) et Verts au sein de laquelle s'est distingué par son activisme anti-Monsanto, anti-glyphosate et plus généralement anticapitaliste et anti-pesticides un certain Éric Andrieu.

 

Notre Union Européenne est tombée bien bas quand son Parlement invite une Carey Gillam et un Christopher Portier à des « auditions » qui sont en principe destinées à éclairer le Parlement mais qui, en pratique, devaient faire avancer les grosses affaires des cabinets d'avocats prédateurs états-uniens. Tellement grosses qu'ils doivent faire appel à des sociétés de capital-risque – dont certaines adossées à ces mêmes cabinets – pour apporter les importantes mises de départ.

 

 

Mention spéciale : le « Tribunal International Monsanto »

 

Dans quel esprit dévoyé a germé l'idée d'une parodie de tribunal, quasi stalinien, pour accuser Monsanto de « crime » d'écocide et d'atteinte aux droits humains ? Qu'importe. On a trouvé dans le comité d'organisation et les « témoins » un bel échantillon du ban et de l'arrière-ban de l'activisme anti-Monsanto et anti-glyphosate... sans oublier, outre des idiots utiles, des représentants des mouvements international et états-unien de l'agriculture biologique. Un biobusiness qui, du reste, a largement mis la main à la poche – Biocoop pour au moins 50.000 euros.

 

Et qui trouve-t-on parmi les « témoins » ? M. Timothy Litzenburg (contribution écrite ici, vidéo du « témoignage » en français ici, en anglais ici).

 

Cela pose question ! À quel stade The Miller Firm qui employait alors M. Timothy Litzenberg a-t-elle été impliquée. Qu'a-t-elle contribué, le cas échéant, en sus d'un orateur ?

 

 

Du quasi-désert médiatique émerge Mme Géraldine Woessner

 

On peut continuer longtemps à piqueter ce terrain fangeux. Rappeler par exemple que des députés ont aussi tenté de mettre l'Office Parlementaire d'Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST) à contribution pour une exercice théoriquement centré sur les procédures d'autorisation des pesticides européennes, et qui a débordé sur les « Monsanto Papers ».

 

ForumPhyto a produit en novembre 2017 un « Le thriller Glyphosate pour les nuls » avec de nombreuses références. Ce qui émerge, c'est un formidable réseau de complicités, de connivences, de complaisances, de collaborations fortuites, etc.

 

Et M. Timothy Litzenburg en a été un des points focaux (M. Christopher Portier en ayant été un autre).

 

De quoi susciter l'intérêt des journalistes d'investigation, non ?

 

Eh bien, il se trouve que le sujet de l'inculpation de M. Timothy Litzenburg n'a intéressé en France qu'une journaliste, l'excellente Géraldine Woessner du Point. Son « Le tombeur de Monsanto devant la justice américaine » n'a été repris que par Valeurs Actuelles dans « L’avocat qui a fait condamner Monsanto suspecté d’extorsion ».

 

 

Allô, le Monde ? Oui, mais allô quoi...

 

Notre « Tentative de racket (allégué) du "super-avocat" tombeur de Monsanto : l'empire de l'activisme et de la désinformation contre-attaque » montre que l'information n'a pas échappé à la ligue journalistique de l'anti-gly.

 

Mais le Monde – en particulier sa section Planète si impliquée dans les stratégies d'influence et le formatage de l'opinion publique, en partie au profit des cabinets d'avocats prédateurs – se tait...

 

Hubert Beuve-Méry doit se retourner dans sa tombe…

 

 

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U
Fauvet avait célébré l'entrée des khmers rouges dans Phnom Penh. C'était autrement plus grave ...
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Oups ! J'ai corrigé.