Cellule Demeter contre le crime et la délinquance en milieu agricole : « Une alliance d’écologistes, de paysans, d’associations environnementales, de médecins, etc... » dit non !
Déjà en position de martyr... (source)
Reporterre a publié le 15 janvier 2020 une tribune, « Le gouvernement a créé une cellule militaire pour surveiller les opposants à l’agro-industrie » signée par un assemblage hétéroclite d'entités qui œuvrent... tout compte fait, mieux vaut les citer :
« Valérie Murat, porte-parole de l’association Alerte Aux Toxiques !
Pierre-Michel Périnaud, président d’Alerte des médecins sur les pesticides
Sylvie Nony, secrétaire d’Alerte Pesticides Haute Gironde
Khaled Gaiji, président des Amis de la Terre
Jean-francois Lyphout, président de l’Aspro-Pnpp
Pierrick De Ronne, président de Biocoop
Gwenola Kervingant, présidente de Bretagne Vivante
Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes de Canopée
Michel Besnard, du Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest
Marie-Lys Bibeyran, du Collectif Info Médoc Pesticides
Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne
Joël Spiroux de Vendômois, président du Criigen
Alain Bonnec, président d’Eau et rivières de Bretagne
Jean-Luc Toullec, président de la Fédération Bretagne Nature Environnement
Guillaume Riou, président de la FNAB
Eric Feraille, directeur de FNE Aura
François Veillerette, directeur de Générations futures
Jean-François Julliard, directeur de Greenpeace France
Arnaud Apoteker, délégué général de Justice Pesticides
Daniel Cueff, maire de Langouët (35)
Patrick Lespagnol, président du Mouvement de l’Agriculture Bio-Dynamique
Eliane Anglaret, présidente de la fédération Nature & Progrès
Fabrice Nicolino, président de Nous voulons des coquelicots
Jean-Yves Bohic, président de Ragster
Carole Le Bechec, présidente du Réseau Cohérence
Jean-François Baudin, président du Réseau Amap Auvergne-Rhône-Alpes
Florent Mercier, co-président du Réseau Semences Paysannes
Jacky Bonnemains, directeur de Robin des bois
Thierry Thévenin, porte-parole du syndicat Simples
Gilles Lanio, président de l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF)
Benjamin Sourice, co-président de Combat Monsanto
Aux côtés de l'activisme « écologique » et anti-pesticides, on trouve donc le grand capital « bio » avec Biocoop, l'activisme municipal avec M. Daniel Cueff (sa signature engage-t-elle sa commune ?), des réseaux de promotion de l'agriculture biologique, des supplétifs de l'anticapitalisme – oups ! De l'altermondialisme – et même – oups ! Ce n'est pas vraiment une surprise – la Confédération Paysanne.
En chapô – c'est vraisemblablement le résumé de Reporterre :
« Le gouvernement veut "faire taire tous ceux qui mènent des actions symboliques contre le système de l’agriculture industrielle", dénoncent de multiples défenseurs de l’agriculture paysanne et biologique, réunis dans cette tribune. Ils s’inquiètent fortement de la création de la cellule de renseignement Demeter, lancée fin octobre, soi-disant destinée à lutter contre l’"agribashing". »
Il faut une audace certaine pour résumer la Cellule Demeter à un instrument destiné à faire taire certaines voix, et pour décrire les actions comme étant gentiment « symboliques » et visant la seule « agriculture industrielle » (quèsaco?). On ne saurait le reprocher au journal car c'est bien l'esprit de la tribune...
Ce texte fleure bon l'agribashing, ou plutôt le FNSEA-bashing et la contestation de nos structures sociopolitiques :
« Dans le cadre d’une convention signée entre son ministère [de l'Intérieur] et ce syndicat agricole [la FNSEA, mais aussi les JA]. Cette première anomalie démocratique — depuis quand la police républicaine est-elle aux ordres d’une structure privée ? — n’est pas la dernière, de loin.
Rassurez-vous, braves lecteurs, c'est une outrance – et ce « n'est pas la dernière, de loin ».
Nous ne les détaillerons pas ici. Il suffit de lire dans Reporterre. Mais l'argumentation qui cherche à neutraliser le volet délinquance vaut lecture :
« Empêtré dans cette imprudente déclaration, le ministre démontre dans le même texte qu’il est incapable de prouver par le moindre fait la réalité de ce phénomène. Les chiffres qu’il cite pour 2019 parlent d’eux-mêmes : sur la base de 440.000 exploitations agricoles, les plaintes portent sur 314 tracteurs volés, 24 vols avec violence, 657 voitures dérobées.
Encore faut-il préciser que les vols avec violences ont diminué en un an de 31,4 %. La plupart des centres urbains se damneraient pour de telles statistiques. Il est visiblement plus simple de mobiliser la police que de régler la situation dramatique de la paysannerie française. »
Le ministre « est incapable de prouver... » ? Les statistiques sont dans le dossier de presse ! Ce sont 33 exploitations sur 1000 qui ont été affectées en 2019 par une atteinte aux biens (sans compter les actes de délinquance qui ne sont pas signalés).
Avez-vous bien lu ? Une coopération organisée et renforcée – en milieu rural – entre gendarmerie et citoyens n'est pas bienvenue... les 314 tracteurs volés (silence sur le reste), c'est des nèfles... et les vols avec violence ont baissé de quelque 32 à 24...
Une organisation syndicale, la Confédération Paysanne – qui peut prétendre parler pour quelque 20 % de la population agricole –, des entités de l'agriculture biologique – qui peuvent prétendre parler pour 14,3 % de l'emploi agricole –, une entité qui revendique plus de 20.000 membres apiculteurs – écrivent :
« Nous prévenons solennellement le gouvernement que nous refusons cette criminalisation et que nous demandons le démantèlement de la cellule Demeter. »
Non, elles ne veulent pas de système de protection organisé et renforcé contre les vols de tracteurs, de GPS, de ruches, etc., contre les incendies criminels, etc.
« Notre contestation de l’agriculture industrielle, non-violente, se fait et se fera au grand jour, dans la conviction d’exprimer la volonté majoritaire de la société française », écrivent-ils dans la tribune... Non violente ? Vraiment ? (Source).
Oui, elles manifestent leur approbation « des actions symboliques », prétendument symboliques et prétendument dirigées « contre le système de l’agriculture industrielle » – en réalité contre l'agriculture tout court, plus précisément certaines activités comme l'élevage et la culture de plantes appelées de manière farfelue « OGM cachés ».
Les éleveurs qui votent Confédération Paysanne ont-ils conscience que leur direction soutient des associations qui militent et agissent pour l'abolition de l'élevage ? Même question pour les apiculteurs membres de l'UNAF...
L'image provient de Biocoop, signataire de la tribune... (Source)