Meilleurs vœux pour 2020 : pour le monde de Slyvia, pas de Greta !
Meilleurs vœux pour l'année qui vient de s'entamer à tous mes lecteurs, réguliers et de passage.
A güeter Rùtsch en's neija Johr ! Un àlles beschta fer 2020 !
Que 2020 soit une année de progrès et de dynamisme et non de recul et de renoncements !
Comme vous vous en êtes sans doute rendu compte, je trouve un plaisir certain à traduire, à double titre : pour le défi intellectuel de rendre la pensée d'un autre dans une autre langue avec fidélité (enfin, pas toujours à 100 %) et élégance (si possible...) et, le cas échéant, en améliorant son expression ; et pour la qualité du message transmis, puisque j'ai le choix des textes d'origine.
Parmi mes sources favorites, il y a l'Alliance Cornell pour la Science. Son « Une nouvelle initiative vise à autonomiser les agricultrices africaines » m'a fait découvrir Mme Slyvia Tetteh, une jeune Ghanéenne qui travaille à la Chambre d'Agro-industrie du Ghana en tant qu'administratrice et défenseur des agriculteurs.
Le discours qu'elle a tenu dans un événement à Washington est tout simplement remarquable : de vérité, de reconnaissance filiale, de dynamisme et d'optimisme. Le voici :
Le mot clé : « empower ». Nous le traduirons par « autonomiser ». Pas terrible... il s'agit en fait de donner des moyens, de mettre les agricultrices sur un pied d'égalité avec les hommes.
« Ma passion pour l'autonomisation des femmes a commencé avec ma mère, Lauren Shalaby.
Malgré de si nombreux obstacles, ma mère rêvait de terminer ses études. Contrairement à l'Amérique où les familles vivent dans leurs fermes, en Afrique, nos fermes sont généralement situées loin de notre maison et nous devons nous y rendre à pied car le chemin qui y mène est si étroit qu'aucun véhicule ne peut l'emprunter.
Ma mère se réveillait tous les jours à 4 heures du matin. Elle le faisait pour aider ses parents à nourrir la famille et à gagner de l'argent pour les études. Après avoir mis son uniforme scolaire, ma mère allait marcher une heure jusqu'à la ferme. Après plusieurs heures de travail, elle allait encore marcher plus de deux heures avec sa mère pour se rendre au marché. Là, elles vendaient nos produits et parfois des feuilles de bananier.
Ma mère faisait cela tous les jours. Ce n'était qu'après qu'elle partait pour l'école. Malheureusement, certains jours, il fallait des heures avant qu'elle et ma grand-mère pussent vendre quelque chose. Souvent, lorsqu'elles avaient pu vendre, les cours du matin étaient déjà terminés. Parfois, elles ne vendaient rien avant midi. Lorsque cela se produisait, il était trop tard pour aller à l'école.
Ma mère était la plus jeune de la famille. Son frère et ses sœurs ont trouvé ce régime impossible à respecter. Elle avait travaillé si dur pour terminer ses études, mais comme pour son frère et ses sœurs, la réalité l'a finalement rattrapée. Elle a réalisé qu'il était littéralement et physiquement impossible de suivre sa routine quotidienne et réussir ses études. Sans aucune autre option, elle a dû se marier et fonder une famille, tout comme les générations avant elle
Pendant sa scolarité, ma mère avait un rêve : devenir avocate et plus tard législatrice au service de la Nation. Mais sans soutien financier et incapable de poursuivre ses études, ma mère a dû renoncer à son rêve. Ma mère avait 17 ans lorsqu'elle s'est mariée. Personne ne devrait abandonner son rêve à 17 ans. Je suppose que vous ne le voudriez pas.
Ma mère était déterminée à me donner, ainsi qu'à mes sœurs, l'opportunité qu'elle n'avait pas eue, et elle l'a fait. Elle n'avait pas toujours l'argent nécessaire pour nous envoyer à l'école, mais bien qu'elle n'ait pas fini l'école, elle se souvenait de tout ce qu'elle avait appris. Quand nous ne pouvions pas payer l'école, elle utilisait ses connaissances pour nous instruire à la maison.
Je crois que ma mère était une femme exceptionnelle pour ce qu'elle a fait de son éducation. Elle n'était pas atypique.
Dans mon pays, si vous éduquez un père, on s'attend à ce qu'il amène son éducation de son domicile à son lieu de travail pour gagner de l'argent pour sa famille. Le rôle d'une femme est de rester à la maison avec ses enfants. Lorsque les mères sont éduquées, elles gardent leur éducation à la maison et l'utilisent pour éduquer leurs enfants. Si vous éduquez une femme, vous éduquez ses enfants et, dans une certaine mesure, sa communauté. Une nation de femmes instruites est une nation instruite.
J'ai eu de la chance car 80 % des agricultrices étaient des enfants dans les années 90. Je fais partie des chanceux qui ont suivi un enseignement supérieur. J'ai pu faire des études supérieures en économie et en communication. Ma mère avait travaillé si dur pour me donner l'opportunité de me tenir sur cette scène, devant vous, aujourd'hui. C'est pourquoi je travaille si dur pour aider d'autres femmes.
Le dévouement indéfectible de ma mère pour m'éduquer est le moteur de ma passion. Aujourd'hui, j'éduque les femmes. Je travaille avec des agricultrices afin qu'elles puissent cultiver avec succès et plus facilement en utilisant la biotechnologie agricole moderne. Je le fais parce que je crois que lorsque vous éduquez un homme, vous éduquez un individu, mais si vous éduquez une femme, vous éduquez toute une nation
Nos homologues masculins font également face à des défis, mais le système actuel profite aux hommes. Les hommes transmettent leurs fermes à leurs fils de génération en génération. Par conséquent, seulement 20 % des terres agricoles appartiennent à des agricultrices. Parce que les hommes sont propriétaires de leurs terres, ils peuvent offrir les garanties nécessaires pour obtenir des prêts pour acheter des machines qui les aident à développer leur activité. Pendant ce temps, tant de femmes cultivent avec des houes et des machettes.
La recherche a montré que 70 % de la nourriture sur le continent est produite par des femmes, et pourtant 5 millions de personnes meurent de faim chaque année. Cinq millions de personnes ! Pour pouvoir nourrir le continent avec une population qui devrait augmenter d'un milliard, cela doit changer.
Les femmes doivent disposer des outils dont elles ont besoin pour cultiver plus efficacement, en maximisant la production sur chaque pouce de terre agricole. Des politiques fortes doivent être mises en place. La seule façon de combler le grand fossé de l'inégalité est d'autonomiser les femmes. Les agricultrices doivent être autonomisées et mises sur un pied d'égalité afin d'augmenter les rendements et de réaliser une croissance durable.
Les femmes doivent être éduquées sur la biotechnologie agricole et avoir accès à d'autres technologies de pointe. Ce n'est qu'alors que les femmes deviendront plus productives, indépendantes et financièrement stables.
Les familles avec des femmes instruites ont la capacité de subvenir à leurs besoins. Ou, comme ma mère, ces familles peuvent réaliser leurs rêves. Il n'y a aucune raison pour que nous ne pouvions pas donner aux femmes africaines les moyens de s'autonomiser. Nous le pouvons et quand ces jours viendront, nous serons tous ici, comme aujourd'hui, fiers de dire : nous avons éduqué les femmes, nous avons éduqué toute une nation et le monde est meilleur. »
C'est tout de même mieux que la pitoyable bouffonnerie de Greta, à qui nous aurions volé ses rêves et son enfance...