« Glyphosate : désinformation et mensonge d'Etat » dans la Tribune
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Les merveilleuses « solutions » de l'INRA résumées en un tableau... (source)
« Glyphosate : désinformation et mensonge d'Etat » est une tribune parue dans la Tribune du 26 novembre 2019 et signée par MM. Gérard Kafadaroff, André Fougeroux, Jean-François Proust, ingénieurs agronomes, et Philippe Joudrier, directeur de recherche honoraire de l'INRA, membres du Collectif Science-Technologies-Actions.
Elle rebondit sur le rapport d'information de la mission d'information commune (à deux commissions de l'Assemblée Nationale) sur le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate dont les médias se sont fait assez largement l'écho. Les conclusions de ce rapport – pas grand chose de nouveau par rapport à ce que l'on savait déjà – devraient être sans appel pour l'intention du gouvernement de « sortir » du glyphosate fin 2020 :
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Il y a des impasses agronomiques.
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En particulier, l'agriculture de conservation (et de régénération) des sols – la voie d'avenir dans une optique environnementale et climatique – sera (le rapport dit « pourrait être ») remise en question.
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Des cultures aux fortes contraintes techniques, par exemple le lin, la production de légumes ou la production de semences, seront fortement impactés.
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Ce qui est présenté comme des « solutions » – essentiellement le recours au travail du sol – pose des problèmes agronomiques et est désastreux sur le plan environnemental. Un seul chiffre : 226.000 tonnes de CO2 supplémentaires émis dans l'atmosphère selon l'AGPB (l'équivalent de quelque 100.000 voitures).
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Ce qui est présenté comme des « solutions » a un coût très important en frais de main d'œuvre (12,7 millions d'euros d'heures supplémentaires), de consommation de carburant (87 millions d'euros), d'investissements en matériels nouveaux, etc. L’AGPB a évalué le surcoût à 950 millions d’euros pour l’ensemble des producteurs de céréales, et à 2 à 3 milliards d’euros si le calcul est appliqué à toutes les filières de grande culture. Les charges des exploitations seraient alourdies de 50 et à 150 euros l'hectare. Les coûts de production du blé augmenteraient de 10 euros la tonne.
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En conséquence, la pérennité de nombreuses exploitations est menacée.
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L'agriculture n'est pas la seule activité à être impactée. C'est aussi le cas de tous les acteurs économiques qui doivent maintenir des surfaces propres pour des raisons de sécurité, notamment de la SNCF. « Une étude économique réalisée par un cabinet extérieur a chiffré l’application des solutions alternatives au glyphosate les plus crédibles aujourd’hui à 16 fois les coûts actuels pour maintenir les standards de sécurité (soit 500 millions d’euros, ou 350 millions d’euros selon les scénarios, contre 30 millions d’euros aujourd’hui). [...] la SNCF n’a pas d’alternative immédiate à l’usage du glyphosate, hormis un traitement thermique qui imposerait chaque année la consommation de 3 millions de litres de gasoil ainsi que de 550 millions de litres d’eau pour en maîtriser les risques d’incendie. »
Bien sûr, les rapporteurs ont mis les formes dans toute la mesure du possible. La survie des exploitations n'est pas en jeu, mais « [l]’équilibre économique des exploitations sera difficile à trouver sans un accompagnement financier ».
Et que signifie « accompagnement financier » ? La main de l'État qui plonge dans la poche du contribuable pour compenser (sans nul doute de manière bien insuffisante) les dégâts d'une mesure qui tient du caprice présidentiel. En conséquence, une péjoration de la compétitivité de l'économie française.
(Source)
Les auteurs de la tribune nous administrent une piqûre de rappel sur les origines de ce fiasco, la décision irréfléchie de Président Emmanuel Macron, l'hystérie collective « alimentée par la surenchère des militants écologistes, des réseaux sociaux et d'une majorité des médias », les conséquences pour les agriculteurs, les médias qui s'éloignent du journalisme et la victoire du militantisme écologique).
Citons une phrase :
« L'interdiction du glyphosate programmée pour fin 2020 va à l'encontre d'une agriculture agroécologique pourtant fortement promue, sans susciter la moindre interrogation des responsables politiques de tous bords et bénéficiant de l'étonnante passivité du milieu scientifique et de la tiédeur des organisations professionnelles agricoles pourtant directement concernées. »
(Source)
En conclusion :
« Le mensonge d'Etat sur le glyphosate va coûter cher à la France et à son agriculture à nouveau privée d'un outil contribuant à sa compétitivité. Plus grave, il marque l'abandon de la gestion rationnelle et éclairée du pays et le recours à la manipulation de l'opinion pour des bénéfices électoraux immédiats. Il est encore temps pour les politiques de prendre la seule bonne décision qui s'impose : s'en tenir à la réglementation européenne et autoriser le glyphosate. »
Nous ne pouvons que conclure par une question : y a-t-il un décideur politique pour dire au Président Emmanuel Macron que, sur ce dossier, il faut tirer la prise ?
(Source)