« La farce des tests au glyphosate » dans le Mensuel du Morbihan
Glané sur la toile 432
Et en couverture, s'il vous plait !
Quelqu'un s'y est enfin mis !
Le Mensuel du Morbihan écrit sur Facebook :
« Pisseurs involontaires ou agriculteurs conventionnels, qui a raison ? Une polémique perdure depuis plusieurs semaines dans le Morbihan. Le motif ? Après avoir choisi chacun leur propre test au glyphosate, ils ne trouvent pas la même quantité de pesticide dans leurs prélèvements urinaires. Les résultats d’un des deux groupes sont tronqués, comme le démontre l’enquête du Mensuel du Morbihan de novembre intitulée : Pisseurs involontaires, la farce des tests au glyphosate. »
Deux journalistes ont donc testé les tests de Biocheck – l'officine retenue par les Pisseurs Involontaires de Glyphosate, qui utilise un test Elisa – et le CHU de Limoges – le laboratoire utilisé par des agriculteurs de la FDSEA, qui recourt à la chromatographie couplée à la spectrométrie de masse.
Nous n'avons pas accès à la publication, mais le Télégramme s'en est fait l'écho dans « Glyphosate dans les urines. Des tests à la fiabilité contestée ».
Avant d'entrer dans le vif du sujet, voici deux commentaires de lecteurs commentés :
« La FNSEA confierait-elle des tests à risque à un labo intransigeant, ou plutôt à un labo complaisant ? là se trouve la vraie question ! moi, dès que je lis le sigle "FNSEA," j'ai des gros doutes.. sur tout ! »
Il faut atteindre un haut niveau d'animosité et de complotisme pour, voyant « FNSEA », impliquer que le CHU de Limoges pourrait être « complaisant » – lire : malhonnête.
« Le Mensuel du Morbihan fait sa une en utilisant le qualificatif de farce ! Je ne cache pas que j'apprécie, d'autant que l'article est documenté. Pourrait il prochainement s'intéresser aux émissions de CO2 d'origine anthropique ? »
L'article est documenté ? Il y a des journalistes qui font encore du bon boulot...
D'emblée, le Télégramme met les pieds dans le plat, quoique sur un mode interrogatif qui sied à une introduction :
« L’une de ces deux catégories de testeurs trompe-t-elle son monde pour servir sa cause ? »
On reste sur le mode interrogatif... mais cette fois de perplexité :
« Dix jours plus tard, le verdict est tombé. D’abord avec les résultats de BioCheck : 0,90 ng/ml de glyphosate ont été trouvés dans les urines de Laure [Le Fur] et 2,48 ng/ml dans celles de Thomas [Woloch].
Puis, sont arrivés les résultats du CHU de Limoges. Et là, soulagement. Les collègues se sont retrouvés tous deux en dessous du seuil de détection du labo fixé à 0,05 ng/ml ! Comment deux organismes certifiés peuvent-ils donner des résultats si différents ? »
Notons incidemment que Biocheck n'est pas certifié pour des analyses médicales (humaines).
Regardez bien l'intitulé élargi de la raison sociale...
Et le verdict tombe :
« Des doutes sur l’impartialité de BioCheck
L’un est-il plus fiable que l’autre ? Le Mensuel a multiplié les avis d’experts et s’est intéressé aux deux labos. Il révèle notamment que la méthode utilisée par BioCheck laisse sceptique la communauté scientifique. Sur le plan éthique, le labo n’est pas exempt de reproches non plus. Sa cofondatrice, Monika Krüger, s’est clairement exprimée dans la presse allemande pour le retrait de la molécule du marché. "Pour être à jour" de connaissances sur le danger des phytos, BioCheck accompagne aussi ses résultats d’une notice invitant les testeurs à consulter un site Internet allemand, dont le titre, traduit en français, signifie : "Pesticide poison mortel non merci". De quoi nourrir des doutes sur l’impartialité du labo, utilisée par les pisseurs… Une méfiance assumée par certains de leurs responsables, cités dans l’enquête.
Le site Internet allemand est vraisemblablement Ackergifte ? Nein danke !
Ce verdict n'est certes pas implacable, mais que faut-il penser de la dernière phrase ? Il nous semble qu'il faille reformuler une interrogation précédente :
« L’une de ces deux catégories de testeurs trompe-t-elle Les responsables de l'opération des pisseurs trompent-ils son leur monde pour servir sa leur cause ? »
La veille – le 3 novembre 2019 –, le Télégramme avait publié un autre article, « Glyphosate dans les urines. Labocea ne veut pas du test Elisa ».
Soyons prudents ! Ne nous fâchons avec personne ! Mais le résultat est quand même là :
« Pour détecter la présence de glyphosate dans les urines, le laboratoire public breton Labocea préfère la technique de la chromatographie-spectrométrie au test allemand Elisa. Le match est serré entre les deux méthodes.
Une neutralité revendiquée. À ceux qui douteraient de son impartialité et préféreraient s’adresser à un labo étranger, Labocea rappelle qu’il est issu du regroupement des laboratoires publics de Brest, Quimper, Ploufragan (22), Fougères (35) et Combourg. Et que son service des "micropolluants organiques" est accrédité par le Cofrac (*), gage de rigueur scientifique. La recherche de glyphosate dans les urines humaines se fait depuis dix ans sur le site brestois de Labocea où la capacité d’analyse est de 100 échantillons par semaine.
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* Le Comité français d’accréditation est une association chargée de délivrer les accréditations aux organismes intervenant dans l’évaluation de la conformité en France. »
Mais cette prudence n'a pas empêché d'énoncer quelques vérités dérangeantes :
« Avantages et inconvénients des méthodes. Alors que le laboratoire allemand Biocheck met en avant la rapidité et le faible coût de son test Elisa, Labocea annonce un délai de quinze jours ouvrés pour présenter le résultat et une facture proportionnellement plus lourde. La raison ? La méthode de la chromatographie-spectrométrie de masse utilisée à Brest nécessite un travail long et minutieux de préparation des échantillons avant de procéder avec précision à la séparation, la quantification et l’identification des molécules présentes. Mais elle présente l’avantage d’être adaptée à l’urine. Tandis que le test Elisa est initialement conçu pour l’eau, "une matrice beaucoup moins complexe" souligne Sophie Goulitquer, chef du service des micropolluants. À Labocea, on remarque, par ailleurs que le test du labo allemand se sert de "la spécificité des anticorps" créés en réaction au pesticide pour détecter la présence des molécules de glyphosate. D’où, "un risque élevé de faux positifs" liés à la présence de molécules de la même famille que le glyphosate. »
« ...faux positifs... » ? Comment doit-on interpréter les résultats de Biocheck pour les deux journalistes obtenus avec une méthode sensible aux faux positifs quand ces résultats sont supérieurs à la limite de détection du CHU de Limoges obtenus avec une méthode plus fiable ?