Agribashing électoraliste dans les sphères gouvernementales et législatives
Comment faut-il dire « STOP ! » ?
Que fait M. Gérald Darmanin, Ministre de l'Action et des Comptes Publics et candidat aux prochaines municipales dans « sa » ville de Tourcoing, quand il déclare :
« Des fruits, légumes et produits laitiers 100% bio pour les petits Tourquennois, Neuvillois et Roncquois dès le 1er janvier 2020 ! La réussite et le bien-être des enfants passent aussi par leur assiette ! » ?
(Source)
Réponse : ce que l'on appelle désormais de l'agribashing.
Sournois et infâme, même si c'est, probablement, à l'insu de son plein gré.
Affirmer que « [l]a réussite et le bien-être des enfants » passent par une alimentation bio (mais uniquement pour les fruits, légumes et produits laitiers), c'est impliquer ou insinuer que l'alimentation produite par l'agriculture dite « conventionnelle » est déficiente et néfaste pour les enfants. Élémentaire, mon cher Darmanin !
Si vous le pensiez sérieusement, M. Gérald Darmanin, vous proposeriez illico – en fait, vous auriez déjà proposé depuis longtemps – une obligation d'introduire le « bio » dans toutes les cantines françaises... et même sur toutes les tables françaises ayant des enfants pour convives. Mais bien sûr, ce n'est pas le cas. Votre « sortie » a une visée purement électoraliste. Et tant pis pour les agriculteurs qui nous nourrissent – qui nous nourrissent bien.
Il faut aussi écouter ce qu'il dit dans la vidéo : ce serait sans augmentation de prix, c'est-à-dire que les enfants continuerait à manger à la cantine pour un euro par repas.
Là, on est dans le domaine de l'arnaque : si la mesure « proposée » est indolore pour les parents, l'augmentation du prix des repas devra bien être supporté par la collectivité. À moins, bien sûr, d'acheter les produits bio au prix du conventionnel, ou de rogner – descendre en gamme et qualité – sur d'autres produits...
(Source)
M. Cédric Villani, présentement député de l'Essonne, aspire à occuper le fauteuil de maire de Paris.
Mathématicien de renom, fait-il honneur à sa culture scientifique quand il déclare :
« Sortir des pesticides et des engrais de synthèse sera possible dans un futur proche. Cela doit être notre objectif. La transition vers une agriculture durable et vers les circuits courts doit se faire avec les agriculteurs et non contre eux. #EnTouteFranchise »
(Source)
Pourquoi « [s]ortir » des seuls « pesticides et des engrais de synthèse » ? Ce « sera possible dans un futur proche » ? Vraiment ?
M. Cédric Villani succombe à notre sens au cynisme le plus épouvantable.
Il doit bien avoir un minimum de connaissances en toxicologie et épidémiologie pour savoir que « naturel = bon ; « de synthèse = mauvais » est une supercherie. En tant que vice-président de l'Office Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST) qui a planché sur l'« Évaluation des risques sanitaires et environnementaux par les agences : trouver le chemin de la confiance », il a bien dû apprendre un certain nombre de choses sur les pesticides et leur utilité, ainsi que sur leur mise en œuvre dans des conditions satisfaisantes pour la santé et l'environnement...
Vouloir « sortir... », c'est implicitement accuser notre agriculture. Parler de « transition vers une agriculture durable », c'est accuser notre agriculture actuelle de ne pas être durable.
Voici un tout petit florilège de réactions (il y en a d'autres, plus acerbes) :
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