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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Une nouvelle « initiative citoyenne européenne » : « Sauvons les abeilles et les agriculteurs »

20 Octobre 2019 , Rédigé par Seppi Publié dans #Activisme, #Union européenne, #Abeilles, #Pesticides

Une nouvelle « initiative citoyenne européenne » : « Sauvons les abeilles et les agriculteurs »

 

 

Protection de la nature ? Oui, s'il vous plaît... mais seulement à la campagne... (source)

 

 

Le fond de commerce anti-pesticides – pour partie un faux nez du biobusiness – est florissant : conformément aux règles qui régissent le système d'initiatives citoyennes européennes (ICE), « 7 citoyens de l’UE vivant dans 7 Etats membres différents ont soumis [une] ICE » intitulée « Sauvons les abeilles et les agriculteurs ».

 

On trouve parmi eux M. François Veillerette « (Générations Futures, France), figure importante du mouvement anti-pesticides en France » et M. Helmut Burtscher « (Global2000, Autriche), figure importante du mouvement européen pour remplacer le glyphosate, un herbicide cancérigène, par des alternatives respectueuses de l’environnement ».

 

La liste des soutiens – une quarantaine – est encore un peu limitée mais gageons que de nombreuses organisations et « organisations », ainsi que les industriels de la pétition et de la collecte de dons, se joindront à l'action dans l'espoir de rentabiliser un soutien qui ne coûtera au pire qu'un courriel. On y trouve évidemment Générations Futures et Pesticide Action Network Europe, Friends of the Earth Europe et 19 entités allemandes, dont l'association allemande des apiculteurs professionnels (Deutscher Berufs- und Erwerbsimkerbund).

 

Les organisations professionnelles agricoles brillent par leur absence... visiblement désintéressées par le sauvetage des agriculteurs (ironie).

 

En fait, on a un peu de mal à apercevoir les agriculteurs dans l'initiative autrement que comme une référence nécessaire dans le « texte officiel » de l'initiative. Nos petites recherches nous ont mis sur la voie de « Moderner Ablasshandel » (trafic moderne d'indulgences), une analyse particulièrement bien léchée de la pétition bavaroise « Sauvez les abeilles, les oiseaux et les papillons » : elle avait reçu un soutien inversement proportionnel à la proximité de la nature et à la connaissance des réalités agricoles. On sauvera donc aussi les agriculteurs... de quoi au fait ?

 

Ce « texte officiel » a la teneur suivante :

 

« Sujet :

 

Afin de protéger les abeilles et la santé humaine, nous appelons la Commission européenne à proposer des actes juridiques pour éliminer progressivement les pesticides de synthèse d’ici 2035, pour restaurer la biodiversité et pour soutenir les agriculteurs en transition.

 

Objectifs principaux:

 

Diminuer de 80% l’usage des pesticides de synthèse dans l'agriculture de l'UE d'ici 2030, en commençant par les plus dangereux, puis éliminer complètement ces pesticides de synthèse d'ici 2035; restaurer des écosystèmes naturels dans les zones agricoles afin que l'agriculture devienne un vecteur de récupération de la biodiversité; réformer l'agriculture en donnant la priorité à une agriculture à petite échelle, diversifiée et durable, en soutenant une augmentation rapide des pratiques agro-écologiques et biologiques et en permettant une formation et une recherche indépendantes centrées sur les agriculteurs en matière d'agriculture sans pesticides et sans OGM.

 

L'objectif est à la fois ambitieux – mais limité... surprise, surprise... aux pesticides « de synthèse » – et suffisamment lointain pour que des politiciens puissent l'adopter par démagogie en sachant très bien qu'ils ne seront plus guère nombreux à devoir faire le bilan en 2030 ou 2035.

 

L'initiative a été trouvée recevable et a été validée par la Commission Européenne le 30 septembre 2019. Les initiants ont depuis un an pour récolter un million de signatures valables.

 

On peut imaginer qu'en instrumentalisant nos chères zabeilles, les petits zoizieaux et les méchants pesticides, et avec l'expertise en matière d'enfumage des cerveaux qu'on leur connaît, le compte y sera.

 

Que se passera-t-il alors ?

 

« La Commission l'examinera attentivement. Dans les 3 mois après la réception de l'initiative:

 

  • des représentants de la Commission rencontreront les organisateurs afin de leur permettre d'exposer en détail les questions soulevées par leur initiative;

 

  • les organisateurs auront la possibilité de présenter leur initiative lors d'une audition publique organisée au Parlement européen;

 

  • la Commission adoptera une réponse officielle dans laquelle elle présentera éventuellement l'action qu'elle propose en réponse à l'initiative, ainsi que les raisons motivant l'adoption ou non d'une action.

 

La réponse, qui prendra la forme d'une communication, sera formellement adoptée par le collège des commissaires et publiée dans toutes les langues officielles de l'UE.

 

La Commission n'est pas tenue de présenter une proposition législative à la suite d'une initiative. Si elle décide de le faire, la procédure législative normale est lancée: sa proposition est présentée au législateur (en général le Parlement européen et le Conseil, ou seulement le Conseil dans certains cas) et elle entre en vigueur après avoir été adoptée. »

 

Il y a toutefois un embouteillage !

 

Le 27 mai 2019, la Commission Européenne a en effet enregistré une initiative citoyenne « Sauvons les abeilles! Protection de la biodiversité et amélioration des habitats d’insectes en Europe ». Cette proposition est manifestement moins bien organisée et soutenue (son site, minimaliste, est en allemand et anglais seulement). Son objectif selon l'annonce de la Commission est comme suit :

 

« Afin d’améliorer de façon manifeste les conditions de vie naturelles, nous demandons que des objectifs contraignants soient fixés pour: – faire de la promotion de la biodiversité un objectif général de la PAC; – réduire considérablement l’utilisation de pesticides, interdire les pesticides nocifs sans exception et revoir les critères d’admissibilité; – promouvoir la diversité structurelle des paysages agricoles; – réduire les nutriments de manière effective (par exemple, Natura 2000); – créer des zones de conservation effectives (par exemple, DCE); – intensifier la recherche et le suivi et améliorer l’éducation. »

 

Si vous avez l'esprit mal tourné, vous pouvez penser que les promoteurs de « Sauvons les abeilles et les agriculteurs » n'allaient quand même pas se faire « voler » un sujet aussi prometteur... Vous ne serez pas le seul…

 

 

 

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D
Alors que la presse se fait régulièrement l’écho d’opération de ruches en ville pour sauver les abeilles voir par ex https://www.ledauphine.com/environnement/2019/08/19/un-couple-d-apiculteurs-a-installe-ses-ruches-en-ville<br /> <br /> Les syndicats d’apiculteurs de la Marne eux dénoncent le trop plein de ruches apportées par les apiculteurs d’autres départements limitrophes et qui soit disant portent atteinte à la ressource miel de luzerne des apiculteurs locaux<br /> Ils dénoncent par la concentration de ruches étrangères les risques d’épidémies , de porter atteinte à leur propre production de miel de luzerne voir une atteinte à la biodiversité des autres insectes pollinisateurs <br /> Voir ce document d’une convention signée par ces syndicats prompt à dénoncer les méfaits de l’agriculture envers leurs abeilles <br /> <br /> <br /> http://www.apimarne.fr/wp-content/uploads/2019/10/convention-luzerne.pdf<br /> <br /> Et ils dénoncent les dangers de l’implantation de ruches transhumantes dans la Marne pour le public <br /> En ville c'est sans danger !<br /> <br /> http://www.apimarne.fr/transhumance/
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H
Les apiculteurs ont besoin des agriculteurs mais les agriculteurs ont assez peu besoin des apiculteurs. Contrairement à une légende désormais florissante sur le net, mais également relayée par une presse des plus douteuses, seulement 10% de notre alimentation mondiale résulte du travail d'un insecte (ou autre animal) pollinisateur. En effet, blé riz, orge, avoine, toutes les grandes céréales au coeur de notre alimentation sont autogames, c'est à dire autofécondantes, zéro besoin d'insecte. Il en est de même d'un grand nombre de graminés qui alimentent le bétail. Certaines plantes allogames sont fécondés non par les insectes mais par le vent comme le maïs dont la fleur mâle est au sommet de la plante pour que le pollen tombe aisément sur les fleurs femelles en contrebas. Pour plein de plantes, on se fiche de la fécondation car on les mange avant d'être en fleurs : choux, salades, etc... La question des fleurs n'intéressent que les semenciers, et de ce côté pas de soucis, ils ont des techniques. Pour d'autres on mange la racine : carottes, pommes de terre, betteraves et on se fiche aussi de la fleur. Pommes de terre, patates douces, ignames se reproduisent d'ailleurs par boutures ou tubercules. La banane et le figuier sont parthénocarpiques, c'est à dire produisent des fruits sans fécondation. Quand au dattier dont les fruits sont si importants dans la civilisation musulmane, il est fécondé artificiellement par l'humain au moins depuis 5000 ans, preuve que l'humain peut prendre le relais de bien des situations et brillamment. Alors les insectes utiles à l'humain, il y en a vraiment peu... Ok, ils participent à certains équilibres, nourrissent les oiseaux insectivores, mais pour le monde agricole, ils sont d'abord une calamité et ce n'est pas une nouveauté. Dans la bible, très très vieux livre s'il en est, rappelons que sur les 10 plaies d'Egypte, il y a nommément 3 insectes<br /> Par contre, pour les insectes qui nuisent aux plantes et ravagent les récoltes, alors là on peut écrire une encyclopédie.
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