« Pourquoi il faut manger moins de viande » dans le Parisien ? Pourquoi il faut gober moins de bobards...
Glané sur la toile 404
« Pourquoi il faut manger moins de viande », publié par le Parisien sous la signature de Mme Émilie Torgemen est encore un de ces articles vite torchés en alignant quelques lieux communs vite trouvés sur la toile et tenant de la contre-vérité ou de l'information fallacieuse.
En chapô :
« L’élevage est responsable d’une grande part des émissions de gaz à effets de serre et de la consommation d’eau. L’alimentation animale est aussi en cause dans la déforestation. »
Tout est dit, ou presque... Il y a aussi cette belle « infographie »
Mais qu'apprend-on dans les écoles de journalisme ? La source, Jiminis, est un marchand de produits à base d'insectes qui s'est prétendument donné une « mission » : « changer (un peu) le monde et faire entrer petit à petit les insectes dans notre alimentation. » Fiable, la source ? Fiable l'infographie ? Il y a sur le site de Jiminis un graphique avec des chiffres différents pour la « consommation » d'eau.
Et pour en rester aux histoires d'eau, les chiffres qui sont régulièrement balancés sont hautement contestables. Ils sont issus de la méthode Waterfootprint qui comptabilise tout comme une « consommation ». Dans le cas des bovins, quelque 94 % de la « consommation » correspond à l'eau de pluie (ou d'irrigation, eau elle-même issue de la pluie, qui peut être très ancienne si l'eau a été puisée dans une nappe fossile) qui a servi à produire les fourrages.
L'eau de pluie, si elle n'avait pas servi à la production de fourrage, aurait aussi été « consommée ». Ou, dit autrement, l'eau de pluie a été valorisée par l'élevage.
Mais la plupart des journalistes s'abreuvent aux seules sources qui débitent les âneries collant avec leurs partis pris (et les attentes du lectorat et, partant, de la direction et des soutiens financiers).
M. Benoît Rouillé, responsable de projets à l'Institut de l'Élevage, a produit un petit fil Twitter avec des explications illustrées telle que la suivante.
Pour le reste des explications allez sur site.
Dans cet article, nous aurons échappé à l'invitation de passer aux modes alimentaires végétaux :
« Faut-il supprimer l'élevage pour autant ? Ce n'est pas la position du WWF. "Si on veut développer l'agriculture bio, il faut de l'élevage, ne serait-ce que pour avoir en quantité suffisante de l'engrais organique, c'est-à-dire à base de déjections", insiste Arnaud Gauffier, co-directeur des programmes de l'ONG au panda. »
Encore une idée largement répandue. L'« engrais organique », c'est des éléments fertilisants pris sur un champ ou un pré pour en alimenter un autre. On prélève sur l'un pour enrichir l'autre, et une partie des éléments s'en va avec la vente des produits de la ferme.
Par ailleurs, selon M. Gérard Cagna, « sociologue de l'alimentation » – il serait plutôt chef cuisinier –, notre alimentation serait « à plus de 60 % d'origine animale ». Ce chiffre est curieux, pour tout dire invraisemblable. Selon ce site – qui référence ses sources – la part des produits d'origine animale dans les disponibilités serait de 34 % pour les calories et 63 % pour les protéines en France.
Et, bien sûr, nous sommes gratifiés de la fable du « poumon de la planète » pour aboutir à :
« Conclusion, pour lutter contre le réchauffement, on ne remplace pas le bœuf par le poulet, on baisse sa consommation de toutes ces espèces. »
Encore un effort, et nous aurons une police de l'assiette.