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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

La recherche sur le manioc GM progresse en Ouganda

16 Septembre 2019 , Rédigé par Seppi Publié dans #Afrique, #OGM

La recherche sur le manioc GM progresse en Ouganda

 

Isaac Ongu*

 

 

 

 

Alors que les chercheurs ougandais progressent dans la sélection de maniocs génétiquements modifiés (GM) résistants à des maladies, ils demandent l’autorisation de créer des jardins de démonstration permanents des cultures améliorées.

 

L’objectif est d’assurer la documentation continue des recherches en cours sur le manioc et de fournir également un endroit où les gens peuvent voir les plantes génétiquement modifiées. Cependant, la demande des scientifiques de l'Institut National de Recherche sur les Ressources Végétales (NaCRRI) doit encore être soumise au Comité National de Biosécurité, et approuvée par cet organe qui réglemente la recherche et les produits impliquant le génie génétique.

 

Entre-temps, des conseillers élus du district de Mbale, dans l'est de l'Ouganda, ont visité les essais en conditions confinées du NaCRRI sur le manioc GM mis au point dans le cadre du projet VIRCA Plus (Virus Resistant and Nutritionally Enhanced cassava for Africa – manioc résistant à des virus et renforcé du point de vue nutritionnel pour l'Afrique) pour voir comment les scientifiques travaillent pour surmonter les effets dévastateurs des maladies virales du manioc.

 

Mafabi Mohamad, président du conseil des autorités locales du district de Mbale, a indiqué que « les maladies du manioc sur lesquelles travaillent les chercheurs ici sont celles qui ont un impact direct sur nous. Le manioc était autrefois notre culture vivrière de base, mais les agriculteurs l’abandonnent. » À moins qu'il ne soit restauré comme aliment de base, il y aura un problème de sécurité alimentaire, a-t-il déclaré.

 

Bien que le manioc soit la deuxième culture alimentaire en importance en Ouganda, la production a stagné à environ 3 millions de tonnes par an depuis 2013, selon le rapport 2018 du Bureau Ougandais des Statistiques. Cela est dû en grande partie aux effets dévastateurs de la mosaïque du manioc et de la striure brune, qui sont très difficiles à contrôler. Un rapport d'étude de base sur le manioc réalisé par le NaCRRI dans le nord de l'Ouganda a révélé une prévalence persistante des deux maladies.

 

Shak Amo Martin, dirigeant local et agriculteur du sous-comté de Busoba à Mbale, a confirmé que sa région souffrait de ces maladies du manioc.

 

« Je suis le seul leader ici ayant une usine de manioc, devenue non fonctionnelle car elle n'a pas pu obtenir suffisamment de manioc en raison des faibles rendements des variétés de manioc malades », a-t-il déclaré. Yogi Agro, son usine aujourd'hui disparue, a été créée il y a 10 ans avec le soutien des autorités du district pour transformer le manioc en produits comme l'amidon et le glucose.

 

 

Mobilisation et sensibilisation de la base

 

Alfred Namasa, qui représente sa communauté de la ville de Busiu auprès du conseil du gouvernement local du district de Mbale, a contacté Martin et d'autres conseillers et les a exhortés à apprendre comment le manioc GM peut résister aux maladies qui ravagent les fermes de leurs communautés.

 

« Nos dirigeants sont aussi agriculteurs et je sais qu'une fois qu'ils auront compris les avantages de cette technologie, ils seront mieux à même de motiver et de mettre d'autres agriculteurs ordinaires dont les moyens de subsistance sont directement affectés par les maladies virales du manioc en capacité de répondre au défi », a-t-il déclaré.

 

Namasa connaît bien les cultures GM en raison de ses engagements antérieurs avec des chercheurs du NaCCRI et de sa formation en tant que Membre du Leadership Mondial de l'Alliance Cornell pour la Science. Sa passion pour le bien-être de sa communauté l'a incité à demander rapidement à ses collègues dirigeants d'en savoir plus sur le manioc GM afin qu'ils puissent être en mesure de guider leurs électeurs agriculteurs. La sensibilisation a été soutenue par la Science Foundation for Livelihoods and Development.

 

« J'ai entendu parler de la biotechnologie pour la première fois en 2014, lorsque je me suis porté volontaire en tant qu'allié scientifique pour mobiliser les leaders pour qu'ils se familiarisent avec la biotechnologie », a déclaré Namasa. « Ils avaient seulement entendu dire que les scientifiques modifiaient génétiquement leurs cultures pour le meilleur. J'ai également eu la chance de faire partie du Programme Mondial de Bourses, où j'ai pu en apprendre davantage sur la biotechnologie, en particulier dans les pays qui l'avaient déjà développée. »

 

 

La solution que les agriculteurs attendent

 

Le projet VIRCA a développé des variétés résistantes à la fois aux maladies de la mosaïque et de la strie brune. Il améliore également les variétés résistantes aux maladies pour y ajouter les nutriments essentiels que sont le zinc et le fer.

 

« Les maladies virales peuvent détruire jusqu'à 100 % d'une récolte de manioc, menaçant les moyens de subsistance et entraînant la faim », selon le site Web de VIRCA. « La maladie de la striure brune du manioc (CBSD) détruit les racines comestibles même lorsque le reste de la plante semble en bonne santé, et la maladie de la mosaïque du manioc (CMD) peut retarder ou même tuer des plantes. »

 

Le Dr Henry Wagaba, scientifique principal de VIRCA Plus et du NaCRRI, a parlé de l'état actuel de la recherche avec les conseillers en visite.

 

« Nous menons actuellement des essais au champ en conditions confinées afin de pouvoir sélectionner les meilleures variétés pour les agriculteurs », a-t-il expliqué. « Les essais ont lieu ici au NaCRRI, à Kasese et à Serere. Les informations que nous collectons au cours de ces essais seront transmises au Comité National de Biosécurité afin d’informer ses décideurs sur la diffusion des meilleures variétés aux agriculteurs. »

 

Cependant, les variétés de manioc VIRCA Plus ne parviendront aux agriculteurs que s'il y a un cadre réglementaire qui permettra aux scientifiques de les diffuser. Bien que le Parlement ougandais ait adopté un projet de loi sur la prévention des risques biotechnologiques visant à réglementer les essais en plein champ et, à terme, à diffuser les cultures GM aux agriculteurs, il n’a pas encore été signé par le Président.

 

_______________

 

* Source : https://allianceforscience.cornell.edu/blog/2019/08/gm-cassava-research-progresses-uganda/

 

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I
Très bonne nouvelle cette avancée. J'espère que les scientifiques Africains vont continuer comme ça. Avouez que ce serait qq part un juste retour des choses après la colonisation. Ben voui nos ancêtres ont justifié la colonisation au prétexte d'apporter la modernité scientifique a un continent sois-disant en retard sur les sciences. Ce serait une sacré revanche si les scientifiques Africains nous rattrapaient sur la recherche en biotechnologie végétale
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Le Nigeria compte aujourd'hui 140 millions d'habitants. Selon les projections, ils seront 440 millions en 2050 et 914 millions en 2100.<br /> <br /> En 2050, nous serons en France une population vieillissante de 74 millions d'habitants.<br /> <br /> Il suffit de voir ces chiffres pour se rendre compte que la force de frappe humaine en matière de recherche est en train de nous échapper. C'est sans compter que nous fermons toutes les voies d'avenir. La dernière ? Le réacteur de recherche Astrid.
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Je ne sais pas ce qui se passe dans l'Afrique francophone (faudra que j'explore). Mais s'agissant de l'Afrique anglophone, par rapport à la France, la situation est claire : ils avancent et nous, en recherche publique axée sur le développement, nous n'avons plus rien.