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Le Swaziland (eSwatini) trouve le succès avec le coton GM
Nkechi Isaac*
Le directeur général du Swaziland Cotton Board exhorte les dirigeants africains à mettre leur ego politique de côté et à soutenir la biotechnologie agricole dans l'intérêt général de leur peuple.
Dans une interview exclusive à l’Alliance pour la Science, le Dr Daniel Khumalo a évoqué les récents succès du pays dans le domaine du cotonnier génétiquement modifié (GM), soulignant l’importance d’adopter des technologies susceptibles d’améliorer la productivité sur le continent africain. Il a également insisté sur la nécessité de faire de la biotechnologie un moyen de parvenir à la suffisance alimentaire.
« Je conseillerai aux pays de revoir leurs législations afin de tirer profit des produits de la biotechnologie moderne », a-t-il déclaré. « Ceux dont les législations sont accommodantes, je veux les exhorter à mettre leur ego politique de côté et à penser aux paysans africains pauvres qui luttent sur le terrain avec des technologies hors d'âge alors que le monde a inventé de nouvelles technologies qui leur seraient bénéfiques. »
Khumalo a également noté que « l'Afrique ne sera jamais en sécurité alimentaire tant que le continent n'aura pas adopté les technologies qui permettront d'améliorer la production. La technologie GM est une solution que l’Afrique doit envisager ».
Le Swaziland, également connu sous le nom de Royaume d'eSwatini, est un pays enclavé de l'Afrique australe dont plus de 10 % des 1,4 million d'habitants sont actifs dans l'agriculture. M. Khumalo a déclaré que la décision de son pays d’adopter la biotechnologie et le cotonnier génétiquement modifié a renforcé sa situation économique.
Il a tenu ces propos lorsque le Nigeria a approuvé la libération du cotonnier et du niébé Bt génétiquement modifiés et alors que le Kenya procédait à des essais de performance nationaux sur des variétés de cotonnier génétiquement modifiées résistantes à des parasites et envisageait d'abroger son interdiction des OGM.
Le coton a une longue histoire dans l'eSwatini, servant de moyen de subsistance à plus de 50.000 Eswatiniens. Les gens les plus riches du pays étaient autrefois des producteurs de coton qui possédaient des voitures, des tracteurs, de bonnes maisons et même des vaches achetées avec l’argent du coton, et mettaient leurs enfants dans des écoles privées, a-t-il noté.
Cependant, la sécheresse et la chute du prix du coton ont touché le secteur, ce qui a entraîné la fermeture des usines d'égrenage, a-t-il déclaré. Le coup le plus dur pour le pays a été la fermeture d'une usine d'égrenage de coton d'une capacité d'égrenage de 25.000 tonnes et employant 500 personnes.
Le royaume a commencé à chercher d'autres options en raison de la nature unique de son environnement, qui est sujet à la sécheresse dans les régions où résident les producteurs de coton, a déclaré Khumalo. Il a décrit la situation comme très difficile, d'autant plus que l'Afrique du Sud voisine a semé du cotonnier GM depuis 1998 et bénéficiait de ses avantages.
S'inspirant de l'Afrique du Sud, l'eSwatini a décidé d'adopter une réglementation lui permettant d'appliquer la biotechnologie. Le royaume a adopté la loi sur la biosécurité en 2012 et a finalement diffusé son premier produit GM, le cotonnier Bt, en 2018, a-t-il déclaré.
En faisant part de l'expérience du pays depuis l'introduction du cotonnier génétiquement modifié, Khumalo a souligné que les agriculteurs qui étaient les bénéficiaires directs du produit étaient ravis et très réceptifs à la technologie.
« Les agriculteurs sont satisfaits de la technologie GM en raison de ses avantages », a-t-il déclaré. « Elle a amélioré la marge bénéficiaire en éliminant plus de 10 traitements [insecticide] par campagne. Deuxièmement, le cotonnier produit plus de 4 tonnes par hectare sous irrigation et 2 tonnes en culture sèche. Cela donne à l'agriculteur une marge indispensable même lorsque le prix n'est pas favorable. Tous les producteurs de coton sont prêts à planter des OGM dans l'eSwatini, car ils ont cultivé du coton conventionnel et enregistré de nombreuses pertes. En outre, l'agriculture est principalement pratiquée par des personnes âgées qui n'ont pas l'énergie nécessaire pour trimballer un pulvérisateur dans les champs. »
Khumalo a également noté que, dès la première saison de culture, le coton GM, « a été en mesure de doubler l'approvisionnement des usines d'égrenage, ce qui signifie que la production a doublé, et ce, en ne semant que 250 hectares supplémentaires de cotonnier sous irrigation. »
Faisant état des avantages économiques de la culture, il a affirmé que, mis à part la relance de l’industrie textile du pays, elle a permis d’améliorer la productivité, de créer des emplois et de contribuer au produit intérieur brut (PIB) du pays.
« Manifestement, le GM générera encore plus d'avantages économiques », a-t-il déclaré. « L'égrenage a plus que doublé, passant de 750 tonnes à 2.000 tonnes cette saison uniquement en augmentant la superficie [de culture] de 250 hectares. Deuxièmement, l'usine d'égrenage a engagé 120 travailleurs saisonniers qui auront un emploi pendant les trois prochains mois. De plus, la fibre produite par l’égrenage est utilisée localement par nos filateurs qui devraient augmenter l’emploi de 850 à 1.400 cette saison. »
« Tout cela, c'est du coton qui met de l'argent dans les poches des Swazis », a-t-il poursuivi. « Les filateurs fournissent également du fil pour le tissage et celui-ci, du tissu dans l'eSwatini pour approvisionner le marché pour la loi sur la croissance en Afrique (African Growth Opportunity Act – AGOA). Enfin, toutes les entreprises paient des impôts au gouvernement de l'eSwatini. »
Linda Msibi, agricultrice et directrice de la ferme cotonnière Nisela Bt, a confirmé le récit de Khumalo, affirmant que le cotonnier Bt offrait un potentiel considérable pour les agriculteurs de la région.
« Dans cette région, nous cultivons de la canne à sucre mais, à cause de la sécheresse, nous avons pensé à la diversification », a raconté Msibi. « Nous cherchions donc à produire d’autres cultures, capables de résister aux saisons sèches. Nous avons donc pensé qu'en semant du cotonnier Bt, nous pourrions offrir à la communauté d'ici l'occasion de venir voir cette technologie. En 2017, nous avons contacté l'Autorité Environnementale du Swaziland pour demander un permis d'introduction du cotonnier Bt, mais ce permis ne nous a été accordé qu'en 2018. Il nous a donc fallu environ 15 mois pour obtenir l'autorisation d'importer la variété. »
« Nous avons semé le 15 novembre 2018 et, jusqu'à présent, nous n'avons effectué qu'un seul traitement pour lutter contre les parasites et les maladies », a-t-elle ajouté. « Jusqu'à présent, nous n'avons pas eu beaucoup de problèmes, en particulier en matière de contrôle des nuisibles. Nous avons semé environ 5 kg par hectare et, en termes de revenus, nous avons dépensé environ 15.000 SZL par hectare et nous prévoyons un retour d’environ 30.000 SZL par hectare si tout va bien, ce qui est notre souhait. »
Bongani Nkhabindze, le régulateur de l’Agence de Protection de l'Environnement de l'eSwatini, a déclaré que, même si la loi ne restreint pas la technologie, elle établit des réglementations à respecter.
« Le Royaume d'eSwatini réglemente tous les organismes génétiquement modifiés (OGM) par le biais de la loi de 2012 sur la biosécurité », a-t-il déclaré. « La loi ne limite pas l'utilisation des OGM, elle ne permet pas non plus leur utilisation non réglementée, mais elle décrit un guide clairement défini que les parties prenantes devraient suivre lorsqu'elles souhaitent manipuler, utiliser ou transférer des OGM dans le royaume. La loi accepte en réalité la technologie, mais avec précaution. »
Il a noté que le cotonnier Bt a été introduit dans le royaume au cours de la campagne 2018/19, qui s'étend d'octobre à avril dans l'eSwatini. L'introduction a fait suite à deux campagnes d'essais et d'évaluation des hybrides GM par rapport aux variétés non GM disponibles localement.
M. Olalekan Akinbo, responsable de programme pour la biosécurité pour le NEPAD/ABNE (Réseau Africain d'Expertise sur la Biosécurité – African Biosafety Network of Expertise), a déclaré que l'organisation travaillait avec l'Autorité Environnementale de l'eSwatini dans le domaine du renforcement de la capacité de réglementation et avait également facilité la formation externe et des visites d'étude. Toutes ces activités ont aidé l’organisme de réglementation à renforcer ses compétences en matière de pratiques optimales, notamment dans l'examen des dossiers.
En ce qui concerne la facilitation des échanges, M. Getachew Belay, du Marché Commun de l'Afrique Orientale et Australe (COMESA), a déclaré que son organisation avait apporté son soutien total aux États membres intéressés à adopter la biotechnologie agricole, affirmant que le cas du Soudan était clair : la production de coton se serait arrêtée là sans le cotonnier Bt. L’objectif à long terme du COMESA est de faciliter le commerce des produits biotechnologiques grâce à un système de réglementation régional harmonisé, a-t-il ajouté.
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* Source : https://allianceforscience.cornell.edu/blog/2019/06/swaziland-eswatini-finds-success-gmo-cotton/
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