La prochaine volée de journalistes scientifiques sera-t-elle à la hauteur ?
Glané sur la toile 375
La 26e promotion Journalisme scientifique de l’ESJ Lille a produit un magazine entièrement consacré à l'agriculture, comme on peut le voir sur l'image de la couverture ci-dessus.
C'est un ensemble d'articles de tailles variées qui abordent de nombreux sujets, du très sérieux à l'anecdote, ce qui rend la lecture du tout très attrayante.
Les articles longs ne manquent pas d'alterner texte propre de l'auteur et citations de personnes interviewées. Cela pose une grave question : sauront-ils, ce jeunes, faire le tri entre les sources pour valoriser les bonnes et expliquer, le cas échéant, les faiblesses des autres ? Pour faire du véritable journalisme scientifique et non du sensationnalisme ou, pire, du militantisme ?
L'exercice est-il réussi ? Manifestement, les apprentis journalistes maîtrisent les codes de la profession.
Est-il aussi prometteur sur le plan du fond ? À vous de juger.
Je souhaite beaucoup de réussite à ces jeunes. Et surtout, de se choisir les bons modèles et peut-être mentors dans la profession actuelle. Leur contribution à l'évolution de notre société sera importante, peut-être même essentielle sur certains sujets qui font polémique aujourd'hui et sont pourtant cruciaux.
Voici l'éditorial de M. Robin Lemoine, rédacteur en chef :
« Au cœur
Les a-t-on oubliés ? Ceux qui ont à cœur de nourrir notre planète. Ceux qui nous permettent de faire grandir sereinement nos enfants. Dans des choux, bien au chaud… Alors qu’ils représentaient 31 % de l’emploi total de la France en 1955, ils ne représentent plus que 2,8 % aujourd’hui. Dans une démocratie, plus on est, plus notre parole est prise en compte. Dans les années 1950, les agriculteurs avaient une place très importante dans le paysage politique. Aujourd’hui, leurs voix ne sont plus entendues. Et pourtant, 53 % du territoire français est encore recouvert de terres agricoles.
Le regard que nous leur portons a changé lui aussi. Tenue pour responsable de tous nos maux, l’agriculture est largement critiquée : pollution des eaux et des terres, maladies, mal-être animal... Et pourtant nous l’avons voulu. Dans les années 1980, les politiques agricoles se sont tournées vers la réduction du nombre d’agriculteurs, l’augmentation de la taille des exploitations et des rendements, mais aussi vers la mécanisation, et la multiplication des intermédiaires dictés par les lois du marché.
L’agriculture représente un quart des émissions de CO2 à l’échelle planétaire. Mais à qui la faute ? Aux agriculteurs qui ne se soucieraient pas de ce qu’ils nous font avaler ? Aux industriels qui suivent les cours de la demande ? Ou tout simplement à nous, consommateurs, qui avons oublié qui ils sont. Des femmes et des hommes qui travaillent dans des conditions que ni nous ni vous n’accepterions, simplement pour nourrir leurs enfants et les nôtres.
Les nouveaux enjeux sociaux (explosion démographique), économiques (inégalités) et écologiques (changement climatique) rebattent les cartes de l’agriculture. Les agriculteurs en ont pris conscience et se mobilisent.
La 26e promotion des journalistes scientifiques de l’ESJ Lille a fait le choix de parler d’eux. Eux, le cœur de notre société. »