Glyphosate et vie du sol
Scientific Reports, du groupe Nature, a publié le 12 juin 2019 « Effects of a glyphosate-based herbicide on soil animal trophic groups and associated ecosystem functioning in a northern agricultural field » (effets d'un herbicide à base de glyphosate sur des groupes trophiques d'animaux du sol et fonctionnement de l'écosystème associé dans un champ agricole du Nord) de Marleena Hagner, Juha Mikola, Irma Saloniemi, Kari Saikkonen et Marjo Helander.
En voici le résumé (nous découpons) :
« Malgré les préoccupations croissantes quant aux conséquences de l’utilisation de grandes quantités d’herbicides à base de glyphosate dans les agro-écosystèmes, leurs effets potentiels sur les organismes non ciblés et le fonctionnement des sols sont pour la plupart inconnus.
Il a également été avancé que les champs situés sous les latitudes septentrionales devraient faire l'objet d'une surveillance particulière, car la courte période d'activité des décomposeurs pourrait limiter la dégradation du glyphosate.
Nous avons étudié les effets d'un herbicide à base de glyphosate, le Roundup, sur l'abondance des enchytréides et des nématodes, deux groupes essentiels des réseaux trophiques de décomposition, ainsi que sur la perte de masse des litières végétales et la disponibilité de l'azote minéral dans le sol dans un dispositif de deux ans dans un champ agricole au sud-ouest de la Finlande. Notre expérience comprenait (1) des parcelles non traitées contre les mauvaises herbes, (2) des parcelles où les mauvaises herbes étaient tuées par binage et (3) des parcelles traitées à la fois avec du Roundup et par binage.
Nous avons constaté que l'élimination des plantes par binage avait des effets importants sur la faune et le fonctionnement du sol ; apparemment, il est extrêmement important de distinguer ces effets des effets directs du glyphosate lors de l'évaluation des risques liés au glyphosate dans les sols.
En revanche, les effets du Roundup sur la faune et le fonctionnement du sol étaient mineurs et transitoires et aucun résidu de glyphosate n'a été trouvé dans le sol à la fin de l'expérience.
Ces résultats suggèrent que les effets secondaires peuvent être mineurs et que la dégradation du glyphosate est également efficace dans les sols soumis à des conditions climatiques nordiques. »
Le dispositif d'essai peut paraître curieux. Il est expliqué dans le texte :
« Nous avons mis en place une expérience avec trois traitements bien répliqués, consistant en […] (3) des parcelles où les mauvaises herbes ont d'abord été éliminées avec du Roundup et qui, une fois les plantes fanées, ont été binées pour obtenir une structure du sol et une perturbation similaires à celles des parcelles H [binées] (parcelles RH).
En comparant l'abondance des organismes du sol et le fonctionnement du sol entre ces trois traitements, nous avons voulu démêler les éventuels effets toxiques directs du Roundup (en comparant les parcelles RH et H) et les inévitables effets indirects causés par la destruction de la végétation vivante (par la comparaison entre parcelles H [binées] et W [non désherbées]). »
Les résultats en trois graphiques pour la vie du sol :
Pour la décomposition de la matière organique, on a placé de la litière dans les trois types de champs avec, à chaque fois, deux traitements : avec arrosage par du Roundup ou avec une même quantité d'eau. Les résultats sont ci-dessous :
De la partie discussion :
« Pris dans leur ensemble, nos résultats suggèrent qu'il est essentiel de reconnaître les effets de l'élimination des plantes lorsque l'on teste les effets directs des herbicides sur la structure et le fonctionnement des communautés du sol. Ces effets peuvent être importants et doivent être soigneusement dissociés des effets directs des herbicides. Deuxièmement, nos résultats suggèrent que le traitement de plantes vivantes ou de litière de plantes avec du Roundup pourrait ne pas avoir d’effets majeurs sur la structure et le fonctionnement des communautés de décomposeurs du sol. »