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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Données historiques sur le rendement en grain du maïs pour les États-Unis d'Amérique

31 Juillet 2019 , Rédigé par Seppi Publié dans #amélioration des plantes

Données historiques sur le rendement en grain du maïs pour les États-Unis d'Amérique

 

R.L (Bob) Nielsen*

 

 

  • Les rendements en grain du maïs ont augmenté régulièrement aux États-Unis depuis la fin des années 30.

  • Seuls deux changements majeurs dans les tendances de la production de maïs ont eu lieu depuis la première publication des statistiques en 1866.

  • Les variations d'une année sur l'autre par rapport au rendement tendanciel sont principalement influencées par la variabilité interannuelle des conditions de production.

 

 

Les données historiques sur le rendement des céréales nous fournissent un aperçu des rendements à venir, même si, à l'instar des marchés boursiers, les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Les données historiques du rendement du maïs aux États-Unis illustrent l’impact positif de l’amélioration de la génétique de la culture et des technologies de production végétale.

 

Depuis 1866, année où l'USDA a commencé à publier les estimations du rendement du maïs pour la première fois, jusqu'en 1936 environ, les rendements des variétés de maïs à pollinisation libre (populations) sont restés relativement stagnants aux États-Unis et se situaient en moyenne à environ 16 quintaux/hectare tout au long de cette période de 70 ans. Étonnamment, les données historiques indiquent qu'il n'y a pas eu de changement appréciable de la productivité pendant toute cette période (figure 1), même si les pratiques des agriculteurs en matière de production et de réutilisation des semences représentaient une forme de sélection [1].

 

L'adoption rapide du maïs hybride double [2] par les producteurs américains a commencé à la fin des années 1930, alors que les effets du Dust Bowl et de la Grande Dépression s'atténuaient. En très peu d'années, les données de rendement indiquaient une nette amélioration de la productivité du maïs, entraînant un taux annuel d'amélioration du rendement d'environ 0,5 q/ha entre 1937 et 1955 environ (figure 1).

 

Une deuxième amélioration significative du taux de gain annuel de rendement a commencé au milieu des années 50 en réponse à l'amélioration continue de la génétique de la culture, à l'adoption croissante d'engrais azotés et de pesticides chimiques et à la mécanisation agricole (figure 1). Depuis 1955, les rendements en grain du maïs ont augmenté aux États-Unis à un rythme relativement constant de 1,2 q/ha/an, principalement en raison de l’amélioration continue de la génétique et des technologies de production végétale (figure 1).

 

Certains pensent qu'une troisième amélioration significative du taux de gain annuel de rendement est « à l'horizon », en partie à cause de l'apparition et de l'adoption de traits hybrides transgéniques à partir du milieu des années 1990. Cependant, les données de rendement USDA-NASS montrent peu de preuves que la tendance des rendements ait dévié depuis le dernier grand changement qui a débuté au milieu des années 50 (figure 1).

 

Les estimations de rendement annuel fluctuent au-dessus et au-dessous de la ligne de tendance du rendement au fil des ans (figure 2). L'écart annuel par rapport au rendement est principalement dû à la variabilité des conditions de production d'une année à l'autre (conditions météorologiques, parasites). La grande sécheresse de 2012 a certes entraîné des réductions spectaculaires et historiques du rendement en grain du maïs par rapport à la ligne de tendance, mais le plus grand écart négatif par rapport au rendement tendanciel s'est en réalité produit plus de cent ans plus tôt au cours de la grande sécheresse de 1901. Les écarts annuels par rapport au rendement tendanciel depuis le milieu des années 1950 confirment les preuves de la figure 1 selon lesquelles l'avènement et l'adoption de caractères hybrides transgéniques à partir du milieu des années 1990 n'ont pas entraîné d'écarts nettement plus importants par rapport au rendement tendanciel.

 

La bonne nouvelle est donc que les rendements en grain du maïs ont augmenté régulièrement aux États-Unis depuis les années 50. La nouvelle qui fait réfléchir est que, pour soutenir la population mondiale toujours plus nombreuse dans les années à venir, il faudra un troisième changement – MAJEUR – du taux de gain annuel de rendement.

 

 

 

 

 

A lire :

 

USDA-NASS. 2017. Quick Stats. United States Dept. of Agr - Nat'l Ag. Statistics Service, Washington, D.C. URL: https://quickstats.nass.usda.gov Accessed May 2017.

 

Ward, Robert De C. 1901. Some Economic Aspects of the Heat and Drought of July, 1901, in the United States. Bull. Amer. Geog. Soc. 33(4):338-347. DOI: 10.2307/198424.

 

_____________

 

Département d'agronomie, Purdue Univ., West Lafayette, IN 47907-2054

Adresse e-mail: rnielsen@ purdue.edu

Twitter: @PurdueCornGuy

 

Source : https://www.agry.purdue.edu/ext/corn/news/timeless/yieldtrends.html

 

 

Ma note :

 

1. L'auteur s'étonne qu'il n'y ait pas eu d'augmentation significative du rendement du temps des variétés-populations. La raison en est simple : la sélection par l'agriculteur – tant vantée dans les milieux alternatifs (y compris par des gens de l'amélioration des plantes et de la gestion des ressources génétiques qui devraient pourtant savoir) – n'est pas efficace.

 

Selon le cliché incontournable, l'agriculteur choisit les plus beaux épis qui lui fourniront les semences de l'année suivante. Ce faisant, il a toutes les chances de retenir des plantes présentant la plus grande hétérozygotie (présence d'allèles différents pour un même gène) et, au niveau de l'ensemble des épis retenus, une grande variabilité génétique. La sélection des « bons » gènes et l'élimination des « mauvais » sont de ce fait, au mieux, très lentes.

 

 

2. Un hybride double a pour formule (A x B) x (C x D). C'est donc le produit du croisement de deux hybrides simples.

 

Cette formule a été adoptée à l'origine pour des questions de coût des semences.

 

L'étape suivante a consisté à produire des hybrides trois-voies, de formule (A x B) x C.

 

 

3. Les variétés GM n'ont pas fait varier la tendance de l'augmentation des rendements selon les données USDA-NASS. Cela s'explique, au moins en partie, par le fait que les « événement » mis en œuvre (tolérance à des herbicides et résistance à des ravageurs) n'ont pas vocation à augmenter les rendements dans des cultures bien conduites, mais à faciliter le désherbage et protéger la culture autrement qu'avec des insecticides ou des auxiliaires. Un gain de rendement au champ ne s'observe que par rapport à un champ mal désherbé ou attaqué par, par exemple, la pyrale.

 

D'où, incidemment, la grande importance du maïs GM pour les (petits) agriculteurs des pays en développement.

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E
Depuis 30 ou 40 ans la hausse du rendement provient également voir surtout en raison de l'irrigation ceci des 2 cotés de l'atlantique .
Répondre
S
@ Tursan le ‎mercredi‎ ‎31‎ ‎juillet‎ ‎2019‎ ‎23‎:‎07<br /> <br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Le site suivant vous donne un graphique pour l'évolution des rendements en irrigué/non-irrigué au Nebraska pour le soja et le maïs, et quelques autres données :<br /> <br /> https://cropwatch.unl.edu/2017/soybean-and-corn-yield-and-acreage-trends-through-2016dtrends<br /> <br /> <br />
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Oui, les rendements au champ sont la combinaison de plusieurs facteurs. Mais la génétique est primordiale en ce sens que les autres facteurs ne peuvent déployer leurs pleins effets que si la génétique est là.<br /> <br /> J'ai le souvenir d'un lointain exposé sur le blé à l'UPOV. Le travail attribuait l'augmentation des rendements en Angleterre pour moitié au blé et pour moitié au reste.
T
En France, la superficie de maïs irrigué a plutôt diminué, surtout dans le Centre, en Charentes... En proportion je ne sais pas. <br /> Aux USA, avez vous une statistique pour affirmer que la proportion de superficie irriguée a augmenté?