Cash Investigation et pertes de nutriments des fruits et légumes
Glané sur la toile 369
Cash Investigation a sonné le tocsin. Sur FranceTVInfo, par exemple :
« Et si c'était vraiment mieux avant ? "Cash Investigation" a analysé un par un, les 70 fruits et légumes les plus consommés par les Français. En soixante ans, ils ont perdu en moyenne 16% de calcium, 27% de vitamine C et 48% de fer. […] En soixante ans, la tomate a perdu 59% de vitamine C. 850 000 tonnes sont vendues par an en France, 15 fois plus que les haricots verts. »
C'est un peu rapide et simplificateur.
Ce que les spécialistes appellent « l'effet de dilution » (l'augmentation des rendements induit une baisse de concentration de certains éléments) a bien été cité par M. Donald Davis, de l’université du Texas. Et M. Ludovic Guinard, du Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et Légumes, a été prié de répondre à une question posée sous forme négative...
« ...vous n'excluez pas... du tout... que la culture hors-sol soit une des causes de la perte de valeur nutritionnelle des tomates. »
Il biaise :
« Je n'exclus pas que les variétés choisies pour être utilisées aujourd'hui dans ces formats-là n'aient peut-être pas le même niveau de nutriments que celles qui sont choisies pour être en sol. »
Il a dit... mais en fait, il n'a rien dit...
La voix off embraye :
« À en croire Ludovic Guinard, pour comprendre la perte des nutriments, il faut aussi regarder du côté des variétés de tomate utilisées. »
L'inférence n'est pas irrecevable. On se retrouve donc dans le sujet des multinationales des semences...
Mais la problématique n'est pas si simple. Et cela commence par la question de savoir s'il y a effectivement des baisses de teneurs en certains nutriments (et des hausses...) et quelle est leur ampleur, avant de s'interroger sur les causes.
M. Philippe Joudrier a apporté une réponse courte sur Atlantico (voir ici).
M. Thibaud Fiolet a produit une analyse plus détaillée dans « Perte de nutriments dans les fruits et légumes entre 1950 et 2000 ? Fack Checking de Cash Investigation » sur son blog Quoi dans mon assiette.
C'est détaillé et informatif.
Un graphique suffit pour illustrer l'ampleur des incertitudes (sachant que les données anciennes sont souvent rudimentaires – et pas toujours fiables).
Une conclusion forte de l'analyse :
« Les variations naturelles sont beaucoup plus importantes que les pertes historiques. »
Et on lira ailleurs que les pertes n'ont pas d'impact significatif sur la valeur nutritionnelle du régime alimentaire global (d'autant moins qu'on mange en général mieux aujourd'hui qu'il y a 50 ans).
Pour ceux qui comprennent l'anglais, voici une vidéo très bien faite.