Nous voulons des coquelicots : un ad hominem boomerang !
C'est trop beau pour le laisser à des fils Twitter.
L'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES) vient d'engager Mme Sophie Le Quellec au poste de directrice de la communication et des relations institutionnelles.
Dans son communiqué de presse, l'ANSES décrit brièvement le parcours de sa nouvelle directrice. On y trouve notamment :
« […] Après une première expérience dans le conseil, en tant que directrice d’études auprès d’entreprises du secteur agricole, puis après avoir suivi un cursus de formation en communication institutionnelle au Celsa, elle rejoint en 2002 l’agence de communication et de relations publiques i&e.
Chez i&e puis Burson-Marsteller i&e, où elle évolue jusqu’au poste de directeur conseil, elle se spécialise dans le domaine de la santé et en particulier dans les sujets de santé publique, de santé environnementale ou encore d’innovation médicale. Elle conseille et accompagne notamment l’Afsset, l’Agence de la biomédecine et le ministère en charge de l’écologie sur des orientations de communication institutionnelle, des campagnes de santé publique (don d’organes, don de gamètes) et des actions de concertation (Etats généraux de la bioéthique 2009, Assises nationales des risques naturels 2013, Rencontres nationales santé environnement 2013). »
Avez-vous bien lu : « ...agence de communication et de relations publiques » ? Il y a un gros mot pour désigner ce genre d'entreprise ! À Bruxelles, Burson Cohn & Wolfe Sprl – anciennement Burson-Marsteller Sprl – est une des trois premières entreprises de « lobbying » !
Il n'en fallut pas plus pour l'entreprise de lobbying Nous voulons des coquelicots – incorporée sous forme d'association loi 1901 à la suite, prétendument, d'une initiative issue d'une génération spontanée, mais au site Internet enregistré, comme c'est bizarre, au nom de Générations Futures, une autre entreprise de lobbying incorporée... (bis).
Notre fil se déroule à partir d'un gazouillis :
« Recruter pour sa com' une ex-lobbyiste issue d'un cabinet impliqué dans de sombres affaires industrielles, l'@Anses_fr l'a fait! Nous vous invitons à prendre votre + belle plume pour féliciter l'agence, @RogerGenet et @sophielequellec. »
Le fil nous mène à « Une lobbyiste à l’Anses » sur le site à l'enseigne de Nous voulons des coquelicots, mais propriété de Générations Futures. En voici un morceau de lâcheté :
« […] Or elle a travaillé pendant quatorze ans, de 2002 à 2016, pour une agence de com et de lobbying appelée i&e, intégrée depuis 2012 dans la transnationale du lobbying Burson-Marsteller.
Burson-Marsteller a défendu les intérêts du Nigeria dans sa guerre atroce contre le Biafra entre 1967 et 1970. Les intérêts de General Motors, attaqué dans les années 70 par l’écologiste Ralph Nader. Les intérêts de l’Argentine fasciste après le coup d’Etat militaire de 1976. […]
La liste est longue... Torquemada se livre sans retenue au sophisme du déshonneur par association... Insistons : l'opprobre déversé à grands seaux sur Burson-Marsteller doit nécessairement éclabousser Mme Sophie Le Quellec !
Dans le lot, il y a comme méfaits allégués :
« Les intérêts du régime indonésien après le grand massacre commis par ses militaires sur des manifestants désarmés le 12 novembre 1991, à Dili (Timor-Oriental). »
Wikipedia, lui-même peu amène avec toutes ces choses que l'altermonde adore haïr, écrit pourtant :
« Après le massacre, en 1991 à Santa Cruz, de manifestants du Timor oriental par les forces d'occupation indonésiennes, le gouvernement indonésien a sollicité les services de Burson-Marsteller "pour aider le pays à améliorer le respect des droits de l’homme dans le pays et l'image associée à son environnement", selon la revue Far Eastern Economic Review. »
Contribuer à l'amélioration du respect des Droits de l'Homme ne peut que vous faire condamner par la Sainte Inquisition anti-pesticides* (* de synthèse).
Mais revenons à cette opération de démolition publique. La porte-parole d'une autre association, Alerte aux Toxiques – dont le site comporte une page de recommandations de vins bio et biodynamiques du Sud-Ouest – s'est fendue d'une « belle » lettre de félicitations.
Extrait :
« Mais vu l'expérience acquise dans les entreprises de renommée où vous avez été employée ; qui ont marqué durablement les esprits grâce à leur participation à des conflits abominables, des coups d'état militaires qui ont permis l’avènement du fascisme ou encore des catastrophes sanitaires et qui ont respectivement tué des milliers de personnes, je dois avouer que j'ai retrouvé la sérénité. Je suis certaine qu'ajoutée à vos compétences et vos qualités, vous serez largement à la hauteur de votre mission pour discréditer la recherche indépendante et saboter toutes les réglementations qui pourraient protéger notre santé au détriment des profits des actionnaires des firmes de l'industrie chimique. »
Quelle escalade ! Voilà que les entreprises ont participé « à des conflits abominables, des coups d'état militaires qui ont permis l’avènement du fascisme [...] » Au prochain coup, les entreprises « de renommée » auront été les protagonistes exclusifs de ces conflits, coups d'État, etc.
Vous aurez relevé dans le communiqué de presse de l'ANSES que Mme Sophie Le Quellec – qui a donc travaillé pour des entreprises infréquentables selon un diktat activiste – a conseillé de très honorables entités de l'administration française, et même le ministère de l'écologie/environnement.
Mais il y a mieux.
La fiche de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP) est ici. Oui, Biocoop est (ou a été) un client de Burson-Marsteller i&e. Et l'objet des relations lobbyiste-client de lobbyiste (employons les gros mots...) a bien été « Participation de Biocoop aux ateliers des Etats généraux de l'alimentation ».
La très vertueuse Biocoop – soutien des Coquelicots (et de Générations Futures) – qui défend ses intérêts avec le concours de la très dévergondée Burson-Marsteller i&e, c'est quand même ballot, non ?
Et faisons nôtre, avec une petite modification, la prose des amateurs de papavéracées :
« Amis, nous vous faisons toute confiance pour adresser vos plus vives félicitations au siège de l’ANSES des Coquelicots. Nous pensons, mais vous êtes seuls juges, que l’humour est encore la meilleure manière d’exprimer notre dégoût. »