Médiapart censure Yann Kindo à propos des vaccins et de Michèle Rivasi
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Commençons par un moment qui peut paraître anecdotique mais ne l'est pas. Le 18 avril 2019, le Parlement Européen a conclu ses travaux sur une résolution « sur la progression vers un cadre complet de l’Union européenne en matière de perturbateurs endocriniens ».
Une courte vidéo a été mise en ligne. Y apparaît notamment Mme Michèle Rivasi, candidate pour un nouveau mandat en deuxième position sur la liste Europe Écologie Les Verts, Alliance écologiste indépendante et Régions et peuples solidaires. Le réalisateur, peut-être facétieux, a conclu sur des images de députés... disons... attentifs et fort intéressés…
Est-ce cela que nous voulons pour notre députation européenne et pour notre avenir dans l'Europe ?
Les propos qui ont été tenus par l'oratrice n'ont en rien contribué à faire avancer le dossier – complexe – du traitement à réserver aux perturbateurs endocriniens (avérés, présumés, suspectés), sachant qu'à ce stade des travaux l'adoption de la résolution était manifestement acquise et que le Parlement avait déjà signifié un « game over ».
On peut supposer que, pour être candidat(e), même à une réélection en position d'éligibilité assurée, il vaut mieux gommer quelques éléments déplaisants du cursus sociopolitique. Tout comme, en des temps maintenant anciens, on pratiquait des « retouches photographiques »...
M. Yann Kindo – qui tient un blog personnel sur Médiapart, « La faucille et le labo », ainsi dénommé « parce que pour l’essentiel il traite des relations entre science et politique d’un point de vue qui est à la fois marxiste et rationaliste » – a donc eu récemment la surprise de voir un de ses articles, du 30 janvier 2017, « dépublié par la rédaction de Mediapart car il ne respecte pas la Charte de participation ». On retiendra de l'URL qu'il avait pour titre : « Michèle Rivasi en croisade contre la science et la santé publique ».
C'est une « disparition » qui n'efface en aucun cas les faits pour lesquels M. Yann Kindo avait joué le rôle de lanceur d'alerte en France – la tentative d'organiser au Parlement Européen une projection de Vaxxed et un débat avec Andrew Wakefield, un ex-chirurgien britannique radié pour avoir été convaincu de fraude scientifique, responsable premier d'une grande méfiance envers les vaccins et, in fine, de milliers de morts évitables (voir l'article suivant de M. Yann Kindo sur son blog, et aussi ici, ici, ici...).
M. Yann Kindo a tenté de protester humblement... article également dépublié, dans le quart d'heure qui a suivi sa publication... mais mis en ligne par notre ami Anton Suwalki sur le site Imposteurs, « Médiapart censure un article qui critique l’antivaxx Michèle Rivasi, par Yann Kindo ».
C'est à lire. Extrait :
« Cette fois-ci, c’est un article consacré à Michèle Rivasi qui a disparu de la même manière, sans doute là aussi à la suite d’une plainte de la figure titulaire ou de l’un de ses adeptes. Dans les deux cas, c’est deux ou trois ans après leur parution que les articles ont été censurés, preuve que leur contenu diffamatoire avait jusque-là complètement échappé au très sourcilleux Club de Médiapart. Par contre, c’est au moment où d’autres relayaient le contenu de mes articles, et qu’avec plus d’exposition ils nuisaient donc indirectement plus à la réputation de ces personnes, que la censure s’est exercée. »
L'article cite trois « [e]xemples d'injures et de désinformation ». M. Yann Kindo s'en offusque... peut-être à tort car le code pénal sur les injures et diffamations est largement mis à contribution à l'encontre des critiques. Cela devient un problème de société.
Mme Michèle Rivasi peut ainsi écrire dans un « Oui au vaccins, non aux lobbies » – dont M. Jean-Yves Nau estime qu'il s'agit d'un « […] trop maigre mea culpa de Michèle Rivasi, écologiste qui est "pour la vaccination" » :
« Scientifique de formation, diplômée de l’Ecole Normale Supérieure et agrégée en biologie, fondatrice du premier laboratoire indépendant sur la radioactivité en France (la CRIIRAD), je rejette depuis toujours l’obscurantisme. J’avance sous le double drapeau de l’intérêt général et de la santé publique. Amiante, levothyrox, prothèses mammaires je me suis battue toute ma vie pour faire respecter la santé des gens et contre les mensonges des lobbies. »
Non, M. Yann Kindo n'a peut-être pas le droit d'écrire (la partie soulignée est celle qui poserait problème) :
« Du haut de son agrégation de biologie, Michèle Rivasi s’est fait une spécialité de promouvoir différentes facettes de l’alterscience, en contestant systématiquement ce qui est le consensus scientifique sur certains sujets majeurs. »
Mais revenons à la médecine et aux vaccins. On ne manquera pas de (re)lire l'excellent « Epidémie de rougeole : merci Madame Rivasi ! », un billet du 15 février 2019 dont la pertinence n'a fait que croître ces dernières semaines.
Ni, pour ceux qui s'intéressent au sujet sur le plan de la médecine ou de la politique – ou des deux – « Michèle Rivasi, Dominique Eraud : "se diriger vers la médecine intégrative" » sur Kaizen. Petit extrait :
« [...] Je pense qu’on doit intégrer, dans la formation initiale des médecins, des qualifications, des certificats de médecines complémentaires qui soient obligatoires. Ce que l’on rencontre fréquemment, ce sont des étudiants qui, devenus médecins, choisissent après l’homéopathie, par exemple. C’est une forme de sélection. Moi, je voudrais que ces pratiques, comme l’homéopathie, soient intégrées dans le cursus. »
M. Yann Kindo, vous n'avez peut-être pas le droit d'écrire : « Du haut... »... Mme Michèle Rivasi peut écrire : « J’ai une formation de biologiste ».
Quant à M. Laurent Alexandre, dans l'Express, le titreur a osé un « Les antivaccins sont criminels ! » qui échappe probablement à la censure du fait de sa généralité... et résume un billet qui nous fait le plus grand bien.
Après les protestations...