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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Vaccin et rougeole... et pas de lien avec l'autisme

8 Mars 2019 , Rédigé par Seppi Publié dans #Santé publique

Vaccin et rougeole... et pas de lien avec l'autisme

 

 

Le genre d'image que nous aimerions ne plus voir utilisée

 

Pourrait-on demander au Monde de ne pas utiliser une photo de petite fille paniquée au moment où elle se fait vacciner ? Est-ce trop demander à l'illustrateur de comprendre qu'elle ne contribue pas à la solution du grave problème de santé publique auquel nous sommes confrontés, particulièrement en France

 

Son « Alerte mondiale sur la flambée de rougeole » est sous-titré :

 

« La France, où un nouveau foyer épidémique a été signalé mercredi 6 mars, se classe au dixième rang des plus fortes augmentations de cas entre 2017 et 2018. »

 

C'est un article – derrière un péage – qui vaut lecture, même et surtout la partie librement accessible sur Internet. Elle relate comment une famille française a exporté le virus de la rougeole au Costa Rica, un pays qui avait réussi à éradiquer la maladie sur son sol.

 

Le Figaro a choisi de se pencher sur un autre problème persistant : « Une vaste étude dément une nouvelle fois le lien entre vaccin et autisme ». Eh oui, c'est la énième itération infirmant les théories du sinistre Andrew Wakefield – qui continue à sévir, en particulier avec son film « Vaxxed » – avec l'appui de réseaux hyperactifs et hyporesponsables et le concours de quelque politicienne qui a tenté de faire projeter ce fil au Parlement Européen.

 

Vous saurez tout en lisant l'excellent article de Mmes Cécile Thibert et Marielle Court.

 

 

 

 

L'étude, c'est : « Measles, Mumps, Rubella Vaccination and Autism: A Nationwide Cohort Study » (vaccination contre la rougeole, les oreillons et la rubéole et autisme : une étude sur une cohorte nationale) d'Anders Hviid, Jørgen Vinsløv Hansen, Morten Frisch et Mads Melbye. En voici le résumé :

 

« Contexte : Le lien hypothétique entre le vaccin contre la rougeole, les oreillons, la rubéole (ROR) et l’autisme continue de susciter des inquiétudes et de remettre en question l’administration du vaccin.

 

Objectif : Évaluer si le vaccin ROR augmente le risque d'autisme chez les enfants, les sous-groupes d'enfants et les périodes après la vaccination.

 

Conception : Étude de cohorte nationale.

 

Lieu : Danemark.

 

Participants : 657.461 enfants nés au Danemark de 1999 au 31 décembre 2010, avec un suivi à partir de 1 an et jusqu'au 31 août 2013.

 

Mesures : Les registres de population danois ont été utilisés pour relier des informations sur la vaccination ROR, les diagnostics d'autisme, d'autres vaccins pour enfants, les antécédents d'autisme chez les frères et sœurs et les facteurs de risque d'autisme pour les enfants de la cohorte. L'analyse de survie du temps écoulé avant le diagnostic de l'autisme avec la régression des risques proportionnels de Cox a été utilisée pour estimer les rapports de dangers d'autisme en fonction du statut vaccinal ROR, avec ajustement en fonction de l'âge, de l'année de naissance, du sexe, des autres vaccins pour enfants, des antécédents d'autisme des frères et sœurs et des facteurs de risque de l'autisme (basé sur un score de risque de maladie).

 

Résultats : Au cours du suivi de 5.025.754 années-personnes, 6.517 enfants ont fait l'objet d'un diagnostic d'autisme (taux d'incidence de 129,7 pour 100 000 années-personnes). La comparaison entre les enfants vaccinés avec un vaccin ROR et les non-vaccinés a donné un rapport de danger d'autisme totalement ajusté de 0,93 (IC à 95 %, 0,85 à 1,02). De même, aucun risque accru d'autisme après la vaccination ROR n'a été systématiquement observé dans les sous-groupes d'enfants définis en fonction des antécédents d'autisme des frères et sœurs, des facteurs de risque d'autisme (fondés sur un score de risque de maladie) ou d'autres vaccinations infantiles, ou pendant des périodes déterminées après la vaccination.

 

Limitation : Aucun dossier médical individuel n'a été examiné.

 

Conclusion : L'étude soutient fortement que la vaccination ROR n'augmente pas le risque d'autisme, ne déclenche pas l'autisme chez les enfants sensibles et n'est pas associée à une concentration de cas d'autisme après la vaccination. Elle complète les études précédentes par une puissance statistique supplémentaire importante et par la prise en compte des hypothèses de sous-groupes susceptibles et de regroupement des cas.

 

Source de financement principale : Fondation Novo Nordisk et Ministère danois de la Santé.

 

 

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F
"Pourrait-on demander au Monde de ne pas utiliser une photo de petite fille paniquée au moment où elle se fait vacciner ? Est-ce trop demander à l'illustrateur de comprendre qu'elle ne contribue pas à la solution du grave problème de santé publique auquel nous sommes confrontés, particulièrement en France"<br /> <br /> Mouais, non. Autant, je suis pro-vaccin, autant je n'aime pas qu'on maquille la réalité.<br /> <br /> Oui, les enfants se tortillent quand ils se font vacciner. Il ne faut pas le cacher... Et il faut que tout le monde comprenne bien que l'argumentaire au sujet de la vaccination est un sujet bien plus profond et sérieux, qui vaille bien la peine que les enfants se tortillent.<br /> <br /> Si ce genre d'image fait flipper les gens et participe à la montée de l'antivaxx, c'est une chose. Mais si les gens ne comprennent pas que c'est un sujet assez sérieux et qu'il faille dépasser ce biais cognitif simpliste, alors oui, il faut continuer à montrer des photos d'enfants qui se tortillent jusqu'à ce que tout le monde comprenne que ce n'est vraiment pas l'enjeu.<br /> <br /> Et entre nous, si la peur de la piqûre est vraiment la crainte fondamentale de certains antivaxx, alors il vaut mieux pour tout le monde qu'on mette ça sur le tapis de manière claire. Pour que tout le monde voit à quoi se résume la posture de certains antivaxx (pas tous...).
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Non, ce n'est pas une fin de non-recevoir. Je ne vois pas le problème de l'utilisation de la base de données Inspire pour solliciter des contributions à un travail scientifique sur les effets d'un "spin" sur les réactions d'un patient (sauf que, peut-être, les répondants répondant à un certain profil, les résultats de l'analyse peuvent être biaisés). En tout cas, je ne vois aucun problème d'éthique ou de "bienséance". Je ne peux pas ajouter un mot de plus.
F
"we'll agree to disagree."<br /> <br /> Tout d'abord, merci de m'avoir répondu de cette manière, qui évite les accusations délirantes de complotisme, et qui témoigne d'une certaine maturité vis-à-vis des comportements de censure (maturité qui n'est pas excessivement répandue).<br /> <br /> Cela étant, une telle phrase signifie, entre autre, qu'il est de bon ton de mettre un terme à la discussion. J'en prends acte, et je n'interviendrai plus sur ce fil de discussion.<br /> <br /> J'en profite simplement pour regretter (tout en maintenant ma décision d'abandonner ce fil de discussion) que vous n'ayez pas quelque peu développé, y compris en des termes imprécis ou elliptiques, pourquoi vous êtes en désaccord. C'est à mon avis là que se trouve le débat le plus intéressant. C'est difficile de le faire émerger dans le climat actuel d'accusations rhétoriquement sensationalistes de complotisme. Et c'est vraiment dommage.<br /> <br /> Merci pour la discussion. Clôturons-la.
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> D'accord sur la première partie.<br /> <br /> Sur la deuxième, we'll agree to disagree.
F
L'article scientifique enfonce une porte ouverte, certes, mais je pense qu'il faille quand même passer par là, car l'étude du rapport des patients à la médecine et à l'information médicale n'est pas vraiment développée. Personnellement, je préférerais des travaux sur les comportements anormaux de recours au soin (abnormal illness behaviour en anglais) qui me paraît se situer à un niveau de science plus fondamental, mais bon...<br /> <br /> "Quant à utiliser Inspire, cela ne me choque pas. C'était, dans ce cas, une base de données d'adresses courriel."<br /> <br /> Cela ne me choque pas que les scientifiques utilisent Inspire. Cela me choque que Inspire se soit laissé utilisé. Pas pareil.<br /> <br /> Et ce qui me choque, c'est le double discours qui consiste d'un côté à promouvoir la science, de l'autre le "spin" parce que les patients sont des débiles décérébrés obscurantistes qu'il faut soigner non seulement contre leur gré mais aussi à travers toutes les manipulations mentales qu'on aura concocté pour leur bien.<br /> <br /> À un moment, les patients s'en aperçoivent. Et se permettent de râler. Et effectivement, ils risquent de devenir assez vite antiscience...
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> L'article scientifique enfonce en quelque sorte une porte ouverte, non ?Mais il le fait avec une base, ou au moins un vernis, scientifique. Pour aller plus loin, il faudrait lire les différents textes qui ont été concoctés.<br /> <br /> Quant à utiliser Inspire, cela ne me choque pas. C'était, dans ce cas, une base de données d'adresses courriel.<br /> <br /> Entièrement d'accord sur la conclusion, d'une portée bien plus générale que ce cas précis.
M
Moi j’enverrai la facture à Rivasi et Joyeux. Et dire qu'il faille une étude pour dire ce que l'ont savait déjà, alors que la fraude de Wakefield était tellement évidente qu'ils l'ont même radié de l'ordre des médecins. Dommage que ça ne convainque que les convaincues.
Répondre
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> A lire les commentaires sous l'article du Figaro, par exemple, la tâche est effectivement immense.