Vaccin et rougeole... et pas de lien avec l'autisme
Le genre d'image que nous aimerions ne plus voir utilisée
Pourrait-on demander au Monde de ne pas utiliser une photo de petite fille paniquée au moment où elle se fait vacciner ? Est-ce trop demander à l'illustrateur de comprendre qu'elle ne contribue pas à la solution du grave problème de santé publique auquel nous sommes confrontés, particulièrement en France
Son « Alerte mondiale sur la flambée de rougeole » est sous-titré :
« La France, où un nouveau foyer épidémique a été signalé mercredi 6 mars, se classe au dixième rang des plus fortes augmentations de cas entre 2017 et 2018. »
C'est un article – derrière un péage – qui vaut lecture, même et surtout la partie librement accessible sur Internet. Elle relate comment une famille française a exporté le virus de la rougeole au Costa Rica, un pays qui avait réussi à éradiquer la maladie sur son sol.
Le Figaro a choisi de se pencher sur un autre problème persistant : « Une vaste étude dément une nouvelle fois le lien entre vaccin et autisme ». Eh oui, c'est la énième itération infirmant les théories du sinistre Andrew Wakefield – qui continue à sévir, en particulier avec son film « Vaxxed » – avec l'appui de réseaux hyperactifs et hyporesponsables et le concours de quelque politicienne qui a tenté de faire projeter ce fil au Parlement Européen.
Vous saurez tout en lisant l'excellent article de Mmes Cécile Thibert et Marielle Court.
L'étude, c'est : « Measles, Mumps, Rubella Vaccination and Autism: A Nationwide Cohort Study » (vaccination contre la rougeole, les oreillons et la rubéole et autisme : une étude sur une cohorte nationale) d'Anders Hviid, Jørgen Vinsløv Hansen, Morten Frisch et Mads Melbye. En voici le résumé :
« Contexte : Le lien hypothétique entre le vaccin contre la rougeole, les oreillons, la rubéole (ROR) et l’autisme continue de susciter des inquiétudes et de remettre en question l’administration du vaccin.
Objectif : Évaluer si le vaccin ROR augmente le risque d'autisme chez les enfants, les sous-groupes d'enfants et les périodes après la vaccination.
Conception : Étude de cohorte nationale.
Lieu : Danemark.
Participants : 657.461 enfants nés au Danemark de 1999 au 31 décembre 2010, avec un suivi à partir de 1 an et jusqu'au 31 août 2013.
Mesures : Les registres de population danois ont été utilisés pour relier des informations sur la vaccination ROR, les diagnostics d'autisme, d'autres vaccins pour enfants, les antécédents d'autisme chez les frères et sœurs et les facteurs de risque d'autisme pour les enfants de la cohorte. L'analyse de survie du temps écoulé avant le diagnostic de l'autisme avec la régression des risques proportionnels de Cox a été utilisée pour estimer les rapports de dangers d'autisme en fonction du statut vaccinal ROR, avec ajustement en fonction de l'âge, de l'année de naissance, du sexe, des autres vaccins pour enfants, des antécédents d'autisme des frères et sœurs et des facteurs de risque de l'autisme (basé sur un score de risque de maladie).
Résultats : Au cours du suivi de 5.025.754 années-personnes, 6.517 enfants ont fait l'objet d'un diagnostic d'autisme (taux d'incidence de 129,7 pour 100 000 années-personnes). La comparaison entre les enfants vaccinés avec un vaccin ROR et les non-vaccinés a donné un rapport de danger d'autisme totalement ajusté de 0,93 (IC à 95 %, 0,85 à 1,02). De même, aucun risque accru d'autisme après la vaccination ROR n'a été systématiquement observé dans les sous-groupes d'enfants définis en fonction des antécédents d'autisme des frères et sœurs, des facteurs de risque d'autisme (fondés sur un score de risque de maladie) ou d'autres vaccinations infantiles, ou pendant des périodes déterminées après la vaccination.
Limitation : Aucun dossier médical individuel n'a été examiné.
Conclusion : L'étude soutient fortement que la vaccination ROR n'augmente pas le risque d'autisme, ne déclenche pas l'autisme chez les enfants sensibles et n'est pas associée à une concentration de cas d'autisme après la vaccination. Elle complète les études précédentes par une puissance statistique supplémentaire importante et par la prise en compte des hypothèses de sous-groupes susceptibles et de regroupement des cas.
Source de financement principale : Fondation Novo Nordisk et Ministère danois de la Santé.