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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Glyphosate, tribunaux, Monsanto : quelle perspicacité, Éric Andrieu ! Oh là là, Brune Poirson !

29 Mars 2019 , Rédigé par Seppi Publié dans #critique de l'information, #Glyphosate (Roundup), #Monsanto

Glyphosate, tribunaux, Monsanto : quelle perspicacité, Éric Andrieu ! Oh là là, Brune Poirson !

 

 

Mercredi 20 mars 2019, le jury de six personnes – toutes hautement qualifiées en toxicologie (ironie) – d'un tribunal fédéral siégeant à San Francisco a conclu que le glyphosate a été un « facteur substantiel » de la survenue du lymphome non hodgkinien de M. Edwin Hardeman.

 

La procédure est allée plus vite que le blogueur... Précisons donc que le procès est ensuite entré dans une deuxième phase pour déterminer si Monsanto – racheté par Bayer – pouvait être tenu pour responsable en raison d'un comportement... irresponsable (nous simplifions). Et, comme cela a été rapporté par les médias français – en particulier Le Monde Planète sous la signature de... – Monsanto (Bayer) a été condamné à payer 81 millions de dollars à un malade atteint de lymphome non hodgkinien. Bien sûr, Bayer va faire appel, et la suite sera déterminée par des juges professionnels et non un jury populaire.

 

La première nouvelle – le « facteur substantiel » a, sans surprise, aussi fait les choux gras des médias français, pour lesquels il n'y a pas de diable plus satanique que le glyphosate et, évidemment, Monsanto et maintenant aussi Bayer.

 

 

L'info selon FranceTVInfo

 

FranceTVInfo (FranceInfo) avait choisi de relayer une dépêche de l'AFP (qui suit ces affaires avec gourmandise) dans « Glyphosate : la justice américaine reconnaît le rôle du désherbant Roundup dans le cancer d'un deuxième plaignant », avec la déclaration des avocats de M. Edwin Hardeman, de surcroît en pavé, s'il vous plaît, mais sans la réaction des avocats de Bayer et de l'entreprise elle-même.

 

Les lecteurs sauront donc que :

 

« Monsanto ne se soucie pas particulièrement de savoir si son produit cause ou non le cancer, préférant manipuler l'opinion publique et décrédibiliser quiconque soulève des inquiétudes légitimes. »

 

Ils ne saurons pas que :

 

« Nous sommes déçus […] la science confirme que les désherbants au glyphosate ne causent pas le cancer […] Nous sommes confiants sur le fait que [la phase 2] démontrera que Monsanto s'est comporté de façon adéquate et que l'entreprise ne doit pas être considérée comme responsable »

 

C'est ce qu'on appelle le service public...

 

 

L'aveuglement de M. Éric Andrieu

 

 

 

 

Le même jour, FranceInfo donne la parole à M. Éric Andrieu, député européen qui fut investi de la présidence du comité PEST chargé d'évaluer les procédures d'évaluation et d'homologation des pesticides. Cela a donné : « Le Roundup jugé cancérigène : "Monsanto savait et ils ont caché la vérité au monde", estime le député européen Eric Andrieu ».

 

C'est un titre qui résume magnifiquement la pensée de M. l'eurodéputé.

 

Mais admirons pour commencer la sagacité du journaliste (ou peut-être de M. l'eurodéputé dont les propos seraient rapportés) :

 

« Le député européen estime par ailleurs que l'affaire "n'est pas terminée" car, Monsanto ayant été racheté par l'Allemand Bayer, "il y a un vrai sujet sanitaire au niveau européen et au niveau mondial". »

 

On a du mal à voir la logique. En quoi le rachat par Bayer est-il pertinent dans cette assertion ? L'argument est repris par la suite à propos de l'impact en dehors des États-Unis d'Amérique :

 

« Essentiellement en Europe, pour la bonne raison que Bayer a acheté Monsanto. Aujourd'hui, les Américains ne vont pas hésiter à faire actionner le tiroir-caisse. Il y a bon nombres de plaignants aux Etats-Unis sur la société Monsanto. Mais comme le rachat a eu lieu, cela va se transférer sur la société Bayer. Bayer aurait dû réfléchir avant d'acquérir Monsanto et de vouloir maîtriser le monde du vivant. L'affaire n'est pas terminée. Il y a un vrai sujet sanitaire au niveau européen et au niveau mondial. »

 

On n'est pas loin de la thèse du complot. Puisqu'on va piquer dans les poches de Bayer, autant en profiter aux États-Unis d'Amérique...

 

Et ces gens de Bayer... d'une bêtise... Qui peut croire que Bayer n'a pas pris en compte les risques ?

 

M. l'eurodéputé est aussi convaincu par les « Monsanto Papers » – la manœuvre des avocats prédateurs et de leurs alliés USRTK et journalistes militants pour susciter une condamnation par le tribunal de l'opinion publique. Condamnation déjà prononcée :

 

« Il [l'avocat de M. Dewayne « Lee » Johnson] a montré que les preuves étaient dissimulées. Ça c'est dramatique. C'est là-dessus que la justice va devoir trancher. »

 

Il n'y a du reste que les dires des avocats des plaignants qui comptent. À la question de savoir s'il y a eu mensonge délibéré, M. Éric Andrieu répond :

 

« Ce que j'ai lu des rapports des avocats de Dewayne "Lee" Johnson c'est ça. C'est ce sur quoi ils ont appuyé leur plaidoirie. Ils révèlent que Monsanto savait et qu'ils ont caché la vérité au monde. »

 

C'est quand même extraordinaire : Monsanto « savait » que le glyphosate est/serait cancérigène, mais une bonne douzaine d'agences d'évaluation, s'appuyant sur des centaines d'études scientifiques, ont trouvé qu'il ne l'est pas quand il est utilisé selon les préconisations d'emploi. Même le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) – qui a classé le glyphosate en « cancérogène probable » au terme d'une analyse dont on sait maintenant qu'elle est frauduleuse, grâce au volet peu médiatisé des « Monsanto Papers » – n'a trouvé que des « preuves limitées » de cancérogénicité chez l'homme.

 

Les « Portier Papers », le « IARC-Gate », vous connaissez, M. Éric Andrieu ?

 

Il y a aussi quelques autres problèmes (voir ci-dessous)...

 

 

Mme Brune Poirson, chroniqueuse judiciaire...

 

L'AFP ne pouvait évidemment pas ne pas suivre le cours de l'action Bayer, ce qui a donné « Le Roundup jugé cancérigène aux Etats-Unis, Bayer décroche en Bourse ». Le titre a donc fini en chute de 9,61 % à 63 euros à la Bourse de Francfort le 20 mars 2019.

 

Mais cette dépêche contient aussi un commentaire de Mme Brune Poirson :

 

« La secrétaire d'Etat française à la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson, a vu dans cette décision "une victoire majeure de la France sur la scène européenne". "Nous nous sommes battus pour faire en sorte que le glyphosate ne soit pas réautorisé pour 15 ans, comme la commission européenne et beaucoup d'autres pays membres le proposaient", a-t-elle plaidé sur RTL mercredi. »

 

On en reste bouche bée...

 

Mais c'est, semble-t-il, une obsession chez la dame...

 

 

 

 

 

 

 

 

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