Cocorico ! « Brune Poirson élue à l’ONU pour l’environnement »
« Brune Poirson élue à l’ONU pour l’environnement », c'est le titre d'un article du Monde qui relaie une dépêche de l'AFP qui relaie un communiqué de presse du Ministère de la Transition Écologique et (ne rions pas...) Solidaire.
Tout cela fleure bon le publireportage, voire la publicité mensongère.
Oui, Mme Brune Poirson a été élue... enfin croyons-en le gouvernement français car le Programme des Nations Unies pour l'Environnement n'a toujours pas actualisé sa page à l'heure où nous écrivons !
Mais non, il ne s'agit pas d'un exploit... La répartition des postes (un président, huit vice-présidents et un rapporteur) entre les différents groupes est définie à l'avance, les nominations se font au sein de chaque groupe, et les candidats sont « élus » tacitement (sauf exception) par l'Assemblée.
La présidence pour le prochain biennium revenait aux pays de l'Europe de l'Ouest, tout comme une vice-présidence. Le choix de Mme Brune Poirson est en conséquence le choix de l'Europe de l'Ouest. C'est le Ministre de l'Environnement de la Norvège, M. Ola Elvestuen, qui a pris la présidence.
On pérore à l'Hôtel de Roquelaure :
« L’élection de Brune Poirson s’inscrit ainsi dans la continuité de l’engagement profond de la France sur la scène internationale pour la défense de ces priorités, en particulier lors des One Planet Summit de Paris (2017), New-York (2018) et Nairobi (2019), dont elle a la charge.
Cette élection permettra à la France, par la voix de Brune Poirson, de poursuivre ce combat et de veiller à ce que la défense de l’environnement et la préservation de la biodiversité demeurent au cœur de l’agenda international. A l’heure où le multilatéralisme est menacé, la ministre veillera à ce que cette Assemblée soit le symbole d’une coopération efficace entre Etats, tournée vers l’action et les peuples. »
C'est peut-être de bonne guerre, mais ne nous prenez pas pour des canards sauvages ou des perdreaux de l'année...
Car, conformément au paragraphe 1 de l'article 18 du règlement intérieur, le bureau de l'Assemblée de l'Environnement des Nations Unies a pour mandat « d'assister le Président dans la conduite générale des travaux de l'ANUE ». Ses réunions périodiques orientent le Secrétariat dans la préparation de la session à venir de l'ANUE, s'agissant notamment des points suivants :
a) Dates et lieu d’une session (lorsque l’organe directeur n’a pas décidé de la date et du lieu) ;
b) Feuille de route pour la préparation de la session et rôles des bureaux de l'ANUE et du Comité des Représentants Permanents ;
c) Organisation de la session, y compris la création de comités dans le cadre de la session ;
d) Ordre du jour provisoire de la session (lorsque l’organe directeur n’a pas pris de décision à ce sujet), y compris le(s) thème(s) du segment de haut niveau ;
e) Programme de la semaine, y compris les événements spéciaux et connexes ;
f) Une voie à suivre pour certaines questions litigieuses ;
g) Travail de représentation du président dans divers forums mondiaux et régionaux sur l’environnement.
Voilà de quoi « poursuivre ce combat et [...] veiller à ce que la défense de l’environnement et la préservation de la biodiversité demeurent au cœur de l’agenda international »... deux thèmes qu'on voit difficilement éjectés, ni même malmenés, dans cette Assemblée...
Mais « la ministre veillera à ce que cette Assemblée soit le symbole... » ? Quelle modeste ambition !
Persiflons encore :
« "[...] Cette nouvelle responsabilité au sein d’une organisation internationale aussi importante est une opportunité de porter plus fortement nos actions en faveur de la préservation du climat et de la biodiversité." a réagi Brune Poirson. »
L'environnement réduit au climat et à la biodiversité…
Dans des occasions comme celle-là, on lit son texte, sans essayer de broder...
La dame a pour ambition de « transformer la totalité du système financier et économique » et aussi « transformer le système capitaliste mondial ». Rien que ça !