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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

La science de la nutrition est-elle en grande partie bidon ?

14 Février 2019 , Rédigé par Seppi Publié dans #Alimentation, #Article scientifique

La science de la nutrition est-elle en grande partie bidon ?

 

Alex Berezow*

 

 

Crédit: Storyblocks

 

Un jour, le café cause le cancer ; la lendemain, il guérit le cancer. Un jour, le vin est bon pour la santé ; la lendemain il vous tue. Compte tenu de ses contradictions et mélis-mélos, peut-on faire confiance à la science de la nutrition ?

 

Pas du tout, disent Edward Archer et ses co-auteurs, dans un nouvel article publié dans Frontiers in Nutrition. Ils pensent que la recherche en nutrition est si mauvaise qu'ils traitent notre discours scientifique actuel sur la relation entre régimes alimentaires et maladies de « fiction ».

 

Ce n'est pas la première fois que le Dr Archer lance une grenade dans le domaine de la nutrition. Dans un article pour RealClearScience, il avait traité de manière (in)fameuse les directives alimentaires américaines de « fraude scientifique » fondée sur des données « invraisemblables » qui « créent une peur et une incertitude chez les citoyens américains ».

 

De toute évidence, le Dr Archer pense que la science de la nutrition n’est pas seulement erronée, mais en réalité nocive. C'est une déclaration extraordinaire qui nécessite des preuves extraordinaires. Les fournit-il dans son dernier article ?

 

 

La science de la nutrition sur le banc d'essai

 

Le Dr Archer commence par souligner les premiers succès de la science de la nutrition. Les nutritionnistes ont correctement identifié plusieurs maladies, telles que le scorbut et le béribéri, comme résultant d'une carence en vitamines. Cependant, au fur et à mesure que nos connaissances en nutrition et santé publique se sont améliorées, le nombre d'exemples clairs de « maladie provoquée par un régime alimentaire » a diminué. C'est à ce moment-là, selon le Dr Archer, que le problème a commencé.

 

Une croyance s'est installée : des problèmes de santé chroniques peuvent être liés à un régime alimentaire. Pour leurs recherches, les épidémiologistes de la nutrition utilisent des questionnaires de fréquence alimentaire et d'autres méthodes fondées sur la mémoire pour acquérir des données sur le régime alimentaire des personnes. Malheureusement, notre mémoire est carrément affreuse. Nous oublions régulièrement, nous trompons ou mentons effrontément lorsque nous sommes interrogés sur ce que nous avons mangé. Pour démontrer le manque de fiabilité des données recueillies sur l'alimentation, certaines recherches antérieures du Dr Archer suggéraient que ces données étaient « incompatibles avec la vie ». Il n’est donc pas surprenant que les tentatives de reproduire des résultats de recherche en nutrition échouent souvent.

 

Le Dr Archer critique également, à juste titre, ce qu'il appelle une « pseudo-quantification », la pratique consistant à prendre des données anecdotiques (par exemple, une estimation du nombre de beignets qu'une personne a mangés le mois dernier) et à prétendre que cela représente un nombre réel.

 

 

Une affirmation extraordinaire

 

Le Dr Archer et ses collègues vont trop loin en affirmant que la science de la nutrition a « engendré un discours fictionnel sur les effets du sucre, du sel, des graisses et du cholestérol sur la santé » et qu'il « n'existe aucune donnée valable démontrant que le "régime" en tant que tel est à l'origine d'une mortalité accrue due à l'obésité, aux maladies non transmissibles et aux maladies métaboliques. »

 

S'il serait correct de caractériser notre dialogue national sur le sel, par exemple, comme une source de confusion plutôt qu'un éclairage, il serait exagéré de dire la même chose du sucre et du gras. Nous savons, par exemple, que l'alimentation des souris avec un régime alimentaire riche en graisses peut les rendre diabétiques. (Évidemment, nous ne pouvons pas faire une expérience similaire chez l'homme pour des raisons éthiques.) Le Dr Archer est un peu trop impatient de jeter le bébé avec l'eau du bain.

 

Cela dit, M. Archer et ses coauteurs sont sur la bonne voie. L'épidémiologie nutritionnelle a donné lieu à tellement de recherches absurdes – mon préféré étant un article affirmant que l'huile végétale transformerait les filles en diabétiques paresseuses vautrées devant la télévision – que ce domaine de recherche a besoin d'un grand coup de balai.

 

Source : Edward Archer, Carl J. Lavie et James O. Hill. « The Failure to Measure Dietary Intake Engendered a Fictional Discourse on Diet-Disease Relations » (l'échec de la mesure des apports alimentaires a engendré un discours fictionnel sur les relations entre l'alimentation et la maladie). Front. Nutr. Publié le 13 novembre 2018. DOI: 10.3389 / fnut.2018.00105

 

_____________

 

 

* Le Dr Alex Berezow a rejoint l'American Council on Science and Health (conseil américain des sciences et de la santé) en tant que Senior Fellow pour les sciences biomédicales en mai 2016. Il est un auteur prolifique dont les articles ont paru dans de nombreuses publications. Il est l'auteur ou le co-auteur de trois ouvrages : The Next Plague and How Science Will Stop It (la prochaine épidémie et comment la science l'arrêtera, 2018), Little Black Book of Junk Science (le petit livre noir de la science poubelle, 2017), et Science Left Behind (la science laissée pour compte, 2012).

 

Source : https://www.acsh.org/news/2018/11/19/nutrition-science-mostly-junk-13611

 

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