De plus en plus fort : le glyphosate pousse au suicide !
Ce graphique tiré de « Aluminum and Glyphosate Can Synergistically Induce Pineal Gland Pathology: Connection to Gut Dysbiosis and Neurological Disease » (l'aluminium et le glyphosate peuvent induire de manière synergique une pathologie de la glande pinéale : lien avec la dysbiose intestinale et une maladie neurologique), des ineffables Stephanie Seneff, Nancy Lee Swanson et Chen Li, n'a pas de lien direct avec l'article ci-dessous.
Le graphique montre une corrélation ébouriffante, le genre de truc loufoque que l'activisme peut utiliser à l'appui de ses objectifs. Interprétation : le taux de suicides par overdose (de quoi ? Et pourquoi par overdose seulement ?) est fonction de la dose de glyphosate épandue sur les champs de maïs et de soja... à moins que ce ne soit l'inverse.
Il y a des gens qui trouvent difficile de construire un argumentaire sur la base du malheur des autres. J'en suis, contrairement à, par exemple, cette Vandana Shiva qui ne répugne pas à empiler – c'est ici une description imagée de la réalité – des cadavres d'agriculteurs indiens qui se sont donné la mort pour faire avancer son lucratif business.
Ou ce journaliste de France Bleu qui n'hésite pas à titrer : « Exposé au glyphosate, un agriculteur poitevin à la retraite fait une tentative de suicide »
J'ai beaucoup de respect pour cet agriculteur et je lui souhaite de se remettre. Je ne peux pas en dire autant de ce journaliste qui a osé instrumentaliser le désarroi de cet homme accablé par bien plus que ce qui est présenté comme le motif de son geste.
Il faut – à mon sens – manquer de la plus élémentaire déontologie pour oser écrire (le 5 février 2019) – certes avec un semi-auxiliaire de prudence journalistique :
« Alors que s'ouvre mercredi le procès en appel d'un agriculteur charentais, Paul François, contre la firme Monsanto, le glyphosate semble aussi à l'origine d'un drame dans le Nord-Vienne. Jean-Paul Lucas, agriculteur céréalier, aujourd'hui à la retraite, raconte avoir été exposé et brûlé, par le pesticide. "C'était un produit que je pensais inoffensif." »
« ...brûlé, par le pesticide » ? C'est nouveau !
L'agriculteur attribue certes ses problèmes de santé au glyphosate, selon l'article, mais il n'est pas interdit à un journaliste, d'une part, de vérifier les informations et, d'autre part, de s'abstenir de publier quand le récit n'est pas convaincant.
Quel est ce récit ?
« On était le 13 juillet 2003 et il me restait quatre hectares de colza à moissonner, j'avais ouvert les vitres parce que ma clim était en panne et j'ai brûlé, ma peau a brûlé en absorbant les vapeurs de glyphosate.
Reprenons donc le titre avec les repères chronologiques : « Exposé au glyphosate [en juillet 2003], un agriculteur poitevin à la retraite fait une tentative de suicide [en janvier ou février 2019] ». Hep, le journaliste ! Tu piges ?
L'agriculteur aurait eu depuis de gros problèmes de santé. Nous mettons ici le conditionnel, non pas pour mettre en doute la parole de l'agriculteur, mais pour nous démarquer d'une article ridicule et, en fait, scélérat. Scélérat vis-à-vis de l'agriculteur instrumentalisé et vis-à vis du produit incriminé.
Encore une fois, qu'une personne atteinte dans sa santé ou affectée par celle d'un proche fasse un lien – un post hoc, propter hoc – entre un événement particulier et la maladie n'est pas choquant en soi. Ce qui l'est, c'est qu'un faiseur d'opinion s'en empare.
Le glyphosate causant « de gros problèmes pulmonaires, des brûlures externes, [...] des œdèmes de Quincke, [...] des brûlures jusqu'au troisième degré, [des] problèmes respiratoires » et même une photosensibilité à la lumière ? Où sont les références dans la littérature ?
En fait, cette affaire a déjà été rapportée, en partie par la Nouvelle République dans « Intoxiqué au glyphosate il demande réparation ». Cela avait été publié le 18 novembre 2017 et mis à jour le... 22 février 2018. Voilà une démarche qui mérite d'être soulignée, d'autant plus que l'auteur de la mise à jour l'a visualisée :
« Exploitant céréalier installé depuis 15 ans à Scorbé-Clairvaux, cet agriculteur fait de l'épandage de pesticides travaille dans son champ en cette chaude journée d'été.
Il raconte la suite : "Il faisait une chaleur épouvantable. Je récoltais du colza sale, traité au glyphosate 15 à 20 jours avant. La climatisation de mon tracteur de ma moissonneuse était tombée en panne. Il faisait 50 degrés là-dedans. J’étais simplement en marcel et en short. Je ne me suis rendu compte de rien mais j’ai été empoisonné par la peau. C’est le soir que j’ai commencé à ne pas me sentir bien. En sortant de la douche, j’avais la peau complètement brûlée." Calvaire. »
Les médecins ont/auraient diagnostiqué une « dermatose allergique photosensible liée aux produits désherbants avec problèmes respiratoires » et la Mutualité Sociale Agricole (MSA) a reconnu l’affection en maladie professionnelle.
Pourquoi « ont/aurait » ci-dessus ? Ces médecins qui arrivent à faire un lien entre une telle maladie et sa cause sous la forme de « produits désherbants » – notez que le glyphosate n'est pas spécifiquement incriminé – doivent être très forts...
Dans un autre article de Centre Presse datant de novembre 2017, « Intoxiqué au glyphosate: précision », on apprend aussi que l'agriculteur récoltait « du colza sale traité au glyphosate, 15 à 20 jours avant. »
Nous nous permettrons d'être dubitatif sur la capacité d'un herbicide à base de glyphosate de produire des effets sur la santé après un tel laps de temps.
Mais nous n'avons aucun doute sur la capacité de nuisance d'un journalisme à la ramasse.