« Pour une écologie rationnelle », une tribune de M. Gérald Bronner dans le Point
Glané sur la toile 294
Une tribune qui tombe à pic pour le grand débat national fondé (en principe) sur la lettre aux Français du Président Emmanuel Macron.
C'est dans le Point du 10 janvier 2019. Et c'est dommage que « Pour une écologie rationnelle » soit réservé aux abonnés sur la toile.
Car les appels à la rationalité – de surcroît rationnels – ne sont pas légion dans le paysage médiatique français.
La revue a mis en exergue deux pensées fortes :
« La pétition qui propose d'assigner l'Etat français devant la justice pour qu'il respecte ses "engagements climatiques" porte en elle un mal qui dévore son noble objectif: l'idéologie. »
Et :
« Les alertes que ces associations émettent à tout propos ne favorisent pas la hiérarchie raisonnée des risques. »
L'objectif est-il noble ? Nous en doutons – car nous pensons comme l'avocat environnementaliste Arnaud Gossement que l'action en justice a peu de chances d'aboutir, et nous pensons en outre que les initiateurs de l'action le savent. Mais l'auteur a tout de même raison : il ne faut pas effaroucher le lecteur.
Il y a donc, à la fois un succès important de la pétition (à relativiser, vu que même Jules César a pu signer...), d'une pétition complétée par un habile argumentaire susceptible de fédérer la plupart des mouvances environnementalistes, et une curieuse apathie (peut-être faut-il y voir, chez la majorité de la population, un bon sens près de chez nous qui hiérarchise « assurer la fin du mois » avant « sauver la planète »).
M. Bronner en déduit le problème de la « hiérarchie raisonnée des risques », parfaitement pertinent lorsqu'on se limite à la population qui se préoccupe d'écologie :
« Le problème est que l'arborescence de la peur qu'elles [les associations] ont réussi à imposer fait surgir des propositions incompatibles entre elles et rend la défense de l'écologie irrationnelle. Si l'on prend au sérieux le risque climatique et son imminence à l'échelle de l'histoire des hommes, par exemple, faut-il vraiment demander, comme le fait cette pétition, d'abandonner le nucléaire? Même si le débat est difficile, il est possible de se souvenir que cette énergie est l'une des plus vertueuses en matière d'émission de gaz à effet de serre. »
Mais c'est qu'il ne peut pas y avoir de débat !
Les entités qui grenouillent dans le marigot politique, médiatique et économique (il faut bien faire entrer les dons et subventions...) font, si besoin est, dans le déni de réalité et l'escalade d'engagement et se soutiennent, même au prix de contradictions flagrantes.
L'agriculture n'est pas oubliée dans le bref inventaire des contradictions :
« Pour aller au-delà de la seule question de cette pétition, il n'est pas certain que l'agriculture bio, si plébiscitée par cette écologie irrationnelle, soit favorable au climat; c'est même le contraire qui semble vrai, si l'on en croit une récente étude de Nature sur la culture du petit pois. »
Cette étude, nous l'avons évoquée ici. Et ce n'est pas une contribution importante au constat de l'incohérence entre agriculture biologique et objectifs climatiques.
Et, partant de l'agriculture, on aboutit fort logiquement à un autre problème de taille :
« Perdus dans cette nébuleuse de l'écologie irrationnelle, nos concitoyens ne se rendent pas toujours compte qu'elle est traversée par des réseaux sectaires comme l'anthroposophie et se mettent à adorer des personnages tel Pierre Rabhi, proche de ces réseaux. »
C'est un problème de taille qui a atteint le niveau des décideurs politiques :
« Son salmigondis spiritualiste a convaincu nombre de nos politiques qui ont perdu la boussole qui devrait les guider dans une démocratie: la défense de la rationalité, notre bien le plus précieux. »
S'il n'y avait que M. Pierre Rabhi... On peut aussi évoquer Mme Vandana Shiva, amie de M. Nicolas Hulot et paraît-il inspiratrice, à qui il a aussi donné un coup de main en Inde...
Pire encore, on peut légitimement s'inquiéter de la cohérence et de la rationalité gouvernementales quand on lit ceci sur le compte Twitter de Mme Brune Poirson, Secrétaire d'État auprès du Ministre d'État de la Transition Écologique et Solidaire :
« Notre système de production et de consommation est mortifère. Les grands équilibres économiques et administratifs doivent changer. Nous voulons accélérer la transformation du capitalisme. Je pense même qu’il faut aussi travailler à concevoir ce qui lui succèdera. » #FranceInter »
Merci, M. Bronner, pour une tribune fort instructive.