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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

« Monsanto Papers » ? Du pipo selon Santé Canada

14 Janvier 2019 , Rédigé par Seppi Publié dans #Glyphosate (Roundup), #Activisme

« Monsanto Papers » ? Du pipo selon Santé Canada

 

 

Une information qui tombe juste à temps avant la grande soirée de désinformation du Numéro Spécial d'Envoyé Spécial de Mme Élise Lucet, sur France 2, le jeudi 17 janvier 2018.

 

 

Le titre est un peu provocateur à l'heure où nous écrivons, Santé Canada n'ayant pas encore publié l'intégralité de ses documents.

 

 

Renouvellement pour quinze ans... huit oppositions...

 

Fin avril 2017, Santé Canada avait publié sa décision de réévaluation du glyphosate (RVD2017-01) et renouvelé l'autorisation de mise en marché de la substance herbicide pour quinze ans.

 

Cette décision a fait l'objet de huit avis d'opposition de la part, notamment, d'Ecojustice qui regroupe l’Association Canadienne des Médecins pour l’Environnement, Équiterre, la Fondation David Suzuki, Environmental Defence et Prevent Cancer, ainsi que du Collectif de Recherche Écosanté sur les Pesticides, les Politiques et les Alternatives (CREPPA), dont la directrice, Mme Louise Vandelac, est également membre du conseil scientifique du CRIIGEN français.

 

Les opposants ont, en particulier, soutenu que les études sur lesquelles Santé Canada s'était fondé avaient été manipulées par Monsanto, reprenant en cela les thèses développées sur la base des « Monsanto Papers », thèses qui n'ont pas été sans influence dans le désormais célèbre procès Dewayne « Lee » Johnson (ou plutôt avocats prédateurs) c. Monsanto.

 

 

Une réponse potentiellement en deux étapes...

 

En novembre 2018, Santé Canada avait annoncé reprendre l’analyse des études. « La ministre ne ferme pas la porte à une révision par des experts indépendants éventuellement, si cela s’avère "justifié" et le produit reste vraisemblablement sur le marché, en attendant », écrivait Radio Canada dans « Roundup : Santé Canada revoit des centaines d'études après des "révélations troublantes" ». En d'autres termes, c'était un processus éventuellement en deux étapes.

 

 

...avec arrêt dès la première

 

La première – et désormais unique – étape vient de se conclure. Le 11 janvier 2019, Santé Canada a publié une déclaration dont l'essentiel est comme suit :

 

« Des scientifiques de Santé Canada ont examiné les renseignements fournis dans ces avis et évalué la validité des études en question afin de déterminer si les questions soulevées auraient une incidence sur les résultats de l’évaluation et les décisions réglementaires connexes.

 

Après un examen scientifique approfondi de l’ensemble des données pertinentes, nous avons conclu que les questions soulevées par les opposants ne pouvaient pas être prouvées scientifiquement. Leurs objections n’ont pas suscité de doute ni de question quant au fondement scientifique de la décision de réévaluation de 2017 concernant le glysophate. Le Ministère maintiendra donc sa décision. »

 

Pour s’assurer de l’impartialité de l’évaluation des arguments présentés dans les avis d'opposition, Santé Canada a choisi un groupe de 20 de ses scientifiques qui n’avaient pas participé à la réévaluation de 2017.

 

Santé Canada publiera sa réponse à chaque avis d’opposition dans le registre public de l’Agence de Réglementation de la Lutte Antiparasitaire (ARLA) le 14 janvier 2019. Nous pourrons alors en savoir plus. Mais cela fera sans doute beaucoup de lecture... Le CREPPA de Mme Louise Vandelac semble avoir déroulé tout l'argumentaire d'opposition de notre CRIIGEN national... et, au vu de la décision qui vient d'être communiquée le 11 janvier 2019, cet argumentaire a été, une nouvelle fois pour nombre de ses éléments, rejeté.

 

Dans « Santé Canada maintient son approbation du glyphosate », Radio Canada a écrit que « l'agence canadienne balaie du revers de la main » les allégations selon lesquelles Monsanto « avait délibérément manipulé des articles scientifiques à son avantage », en « estimant que les "Monsanto Papers" ne sont que des "révisions d’études déjà analysées" par ses propres experts ».

 

 

Santé Canada, comme l'EFSA avant lui

 

Ce qu'il faut entendre par cette dernière citation, c'est que les articles scientifiques incriminés par les opposants sont des articles de revue – des analyses de la littérature scientifique – alors que les experts de l'ARLA s'étaient fondés sur les articles de la littérature scientifique primaire.

 

Le même genre de réponse a été donné en Europe, le 8 juin 2017, par l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) en réponse à une demande de la Commission Européenne. En bref : « À la suite de cette enquête, l’EFSA peut confirmer que même si les allégations concernant le ghostwriting s’avéraient exactes, il n’y aurait aucun impact sur l’évaluation globale présentée dans les conclusions de l’EFSA sur le glyphosate. »

 

Avec trois arguments principaux : les deux articles incriminés sont des articles de revue, résumant et synthétisant l'état de la recherche, c'est-à-dire des articles originaux pris en compte par elle (et les experts nationaux) ; les liens avec Monsanto étaient clairement indiqués dans les déclarations d'intérêts et les remerciements ; ces deux études sont noyées dans quelque 700 autres prises en compte sur la toxicologie chez les mammifères.

 

 

L'opposition persiste... évidemment...

 

Il va de soi que les opposants n'en démordent pas. Ainsi, Mme Annie Bérubé, directrice des relations gouvernementales chez Équiterre : « Nous maintenons que la démarche scientifique adoptée par Santé Canada semble avoir été compromise par des données manipulées et des analyses faussées. » Pour Mme Louise Vandelac (CREPPA), le processus mis en œuvre par Santé Canada est une « parodie de processus démocratique, une parodie de consultations ».

 

 

Et en France, Envoyé Spécial...

 

En France, nous auront droit, le jeudi 17 janvier 2018, à une formidable séance de désinformation avec le Numéro Spécial d'Envoyé Spécial de Mme Élise Lucet, sur France 2. Bien sûr, les médias relaieront avec complaisance le lendemain... Nous en avons déjà une avant-première sur FranceTVInfo : « La firme [Monsanto] aurait convaincu d'éminents chercheurs de jouer pour elle les "ghostwriters", ou écrivains fantômes, et de signer des études qu'elle aurait elle-même en partie rédigées. C'est ce que montrent les "Monsanto Papers". »

 

La décision canadienne – venant après la mise au point de l'EFSA – tombe à pic pour nous démontrer que tout cela, c'est au mieux de la gesticulation.

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