Scandale des dispositifs médicaux ? Scandale de la désinformation !
Glané sur la toile 281
Vous n'y avez sans doute pas échappé. Prenons-le par exemple du Monde, à l'origine du tohu-bohu médiatique en France : « "Implant Files" : comprendre le scandale de la surveillance des dispositifs médicaux ».
On nous explique sous une vidéo qui a l'avantage de résumer des pages et des pages :
« Le Monde et ses partenaires réunis autour de l’ICIJ (le Consortium international des journalistes d’investigation) révèlent un nouveau scandale de santé autour des dispositifs médicaux. Pour commercialiser en Europe un implant, un pacemaker ou une prothèse de hanche, par exemple, les fabricants doivent obtenir une certification CE. Une soixantaine d’"organismes notifiés" privés fournissent ce précieux sésame, sans être trop regardants, en échange d’une rémunération. Les résultats d’études cliniques sur l’être humain ne sont par exemple pas toujours demandés.
Impossible de connaître exactement l’étendue des dégâts générés par ce système, qui aurait permis à une journaliste hollandaise de faire certifier un filet à mandarines en tant que prothèse. Les dispositifs médicaux ne sont pas tracés et trop peu d’incidents sont encore déclarés. Explications, en vidéo. »
Voir un conditionnel – « qui aurait permis à une journaliste hollandaise »... une journaliste forcément d'« investigation », membre du consortium, dont la qualité de la production est ainsi mise en doute – peut faire sourire.
Voir le Monde – même avec des partenaires, dont l'un semble avoir fait l'essentiel du boulot, ce qui fait que notre journal préféré se livre à une vantardise peu glorieuse... fermons la parenthèse – procéder à une « investigation »... cela fait sonner une alarme.
Voir dans la vidéo Mme Stéphane Horel, ci-devant activiste collaboratrice du Corporate Europe Observatory et co-auteure des pitoyables « Monsanto Papers » du Monde, édition française de la désinformation diffusée aux États-Unis par U.S. Right to Know (une officine qui fait office de porte-voix et de sicaire du biobusiness) et des cabinets d'avocats prédateurs,... cela fait hurler une sirène d'alarme.
Voir un « Implant Files », une sorte de marque commerciale destinée à être exploitée à outrance,... là, c'est carrément le tocsin.
Cette vidéo est d'une certaine manière bienvenue : un « pharmacien évaporé dans l'industrie » en a proposé un décryptage sur son blog, La Coupe d'Hygie, sous un titre évocateur, mais qui aurait pu être plus percutant encore : « Le (faux?) scandale des dispositifs médicaux ! »
C'est dévastateur – qui aurait pu en douter quand un esprit rationnel se met à analyser les « investigations » du Monde (et malheureusement d'autres médias).
La conclusion :
« Peut-on encore faire confiance aux médias traditionnels ?
Il semble désormais que la présentation d’information façon Wikileaks soit devenue un style journalistique en vogue. Un hashtag. #PSGPapers, #PharmaPapers, #ImplantFiles. Une annonce indiquant l’analyse d’une grande quantité de données, parfois disponible en accès public et libre. La collaboration de plusieurs médias en Europe pour traiter le sujet et partager les informations trouvées. Et un story telling avec une diffusion progressive d’information soutenue par des émissions TV préparées à l’avance sur le sujet. Je n’aime pas ce nouveau style. Il me fatigue. A chaque fois que le sujet traité concerne un domaine où j’ai des connaissances ou une expertise, je note des erreurs factuelles, une présentation biaisée voire des procédés hautement critiquables. Alors j’extrapole à tous les sujets. Si ces journalistes agissent ainsi dans un domaine que je connais, dois-je désormais considérer toutes leurs enquêtes avec la plus grande des suspicions ? Avec le “scandale” des dispositifs médicaux, je pense avoir la réponse à cette question. »
P.S. Merci Guy !
P.S. 2 : Le Monde sort évidemment le grand jeu. C'est notamment un long « Implants : "Le Monde" attaque en justice le manque de transparence des autorités ». En filigrane, les preux chevaliers de la liberté d'informer (et de désinformer) veulent s'attaquer à la loi n° 2018-670 du 30 juillet 2018 relative à la protection du secret des affaires. Commentaire d'un lecteur, livré sans vérification (la chose semble extraordinairement difficile) :
« DURA LEX... il y a 2 jours
Loin de moi l'idée de prendre parti sur le fond de cette "affaire", mais il est faux d'affirmer, me semble-t-il, que le motif tiré de la protection du secret des affaires, qui vous est opposé par la CADA, serait une innovation issue de la loi du 30 juillet 2018. Et pour cause cette loi n'a fait que substituer les termes secret des affaires à ceux de secret en matière industrielle et commerciale déjà présents dans la loi ayant instauré la CADA en date du 17 juillet... 1978 ! »
Le Monde assortit sa plainte d'une demande de référé, « [c]ompte tenu de l’urgence pour le public de pouvoir disposer de ces informations ». On nage en plein délire !
Pour notre part, nous trouvons la réponse de la CADA légère, s'agissant de la liste des dispositifs ayant reçu le marquage CE et parfaitement justifiée, s'agissant des dispositifs refusés.