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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

M. Fabrice Nicolino à « La Tête au Carré » : le bal de l'hypocrite

1 Octobre 2018 , Rédigé par Seppi

M. Fabrice Nicolino à « La Tête au Carré » : le bal de l'hypocrite

 

 

 

M. Mathieu Vidard, de France Inter, « La tête au Carré » du 14 septembre 2018, a bien sûr participé à la formidable campagne de promotion de la pétition (il paraît que ce n'est pas une pétition) de l'appel « Nous voulons des coquelicots ». C'est de 12:00 à 29:00.

 

Signez là !

 

Voici ce que donne la présentation sur l'Internet :

 

« NOUS VOULONS DES COQUELICOTS !

 

En finir avec les pesticides : tel est l’objectif de l’appel « Nous voulons des coquelicots ! », lancé ce mercredi 12 septembre. Le journaliste et écologiste Fabrice Nicolino, vient nous parler de cet appel à la résistance qui entend rallier des centaines de milliers de citoyens pour faire pression sur le gouvernement et exiger l’interdiction totale de tous les pesticides.

 

Pour signer l'appel : « Nous voulons des coquelicots ». L’appel est accompagné d’un livre-­manifeste, Nous voulons des coquelicots, paru en septembre 2018 aux éditions Les Liens qui Libèrent.

 

On approche du « signez là ! ». Et achetez le « manifeste »...

 

Et les pesticides « bio » ?

 

Admettons tout de même que M. Vidard a posé des questions a priori embarrassantes, pour lesquelles M. Nicolino avait évidemment des réponses toutes prêtes. Ainsi, à 17:45, sur la base de la question d'une auditrice :

 

« Qu'est-ce qu'un pesticide chimique finalement, et pourquoi les opposer aux pesticides naturels comme la bouillie bordelaise par exemple qui est également très toxique [...] »

 

Sans surprise, on a droit à un mille-feuilles argumentatif en réponse…

 

« D'abord, ce sont des synthèses chimiques, ce sont des inventions de laboratoire. La bouillie bordelaise par exemple, qui utilise du cuivre, peut poser localement, ponctuellement, des problèmes... Moi, je ne suis pas en train de... je ne vais pas vanter les pesticides bio. Ce qui est sûr, c'est qu'ils ne sont pas de même nature chimique, ils ne posent évidemment pas les mêmes problèmes que les pesticides de synthèse qui se combinent à l'infini parce que c'est le principe de base de la chimie que les molécules se croisent, s'entrecroisent, se modifient, se renforcent... là c'est le principe de base de la chimie.

 

Vous comprenez bien que par exemple le DDT […] Primo Levi […] et puis arrive Rachel Carson […] et comme l'industrie est à cette époque, en 1962, beaucoup trop forte, et c'est une industrie qui a pris de très mauvaises habitudes et paye des lobbyistes, des désinformateurs professionnels à cette date au lieu d'admettre l'évidence que les pesticides sont dangereux, l'industrie commence des pratiques vraiment à mon sens criminelles de désinformation, de mensonges organisés et au lieu de reconnaître l'évidence prouvée par la science que les pesticides sont dangereux, ils organisent le mensonge. »

 

 

Et les pesticides « bio » (bis) ?

 

M. Vidard arrive à interrompre le flot et revient à la charge avec une question envoyée par Twitter (à 19:45) :

 

« ...est-ce que le cuivre, le soufre, la roténone, le spinosad, qui sont des pesticides bio, sont "coquelicots-compatibles" pour vous, Fabrice Nicolino ? »

 

Nouveau tsunami…

 

« Je vais vous dire une chose : je ne suis pas savant au point de répondre à toutes les questions. Est-ce que c'est "coquelicots-compatible" pour moi, oui, car il y a fondamentalement deux modèles agricoles, il n'y en a pas 36.000, il y en a deux... il y a un modèle industriel de l'agriculture, qui a provoqué et qui provoque des catastrophes planétaires proprement inouïes dans tous les écosystèmes et chez tous les hommes – et quand je dis tous les hommes, je ne pense pas qu'à la France, Dieu sait, je pense à la situation des paysans pauvres en Asie du Sud-est, en Inde, en Amérique Centrale, en Argentine où un homme de 53 ans vient de mourir après dix ans de souffrances atroces parce qu'il a été exposé à une pratique criminelle de... de l'industrie chimique de là-bas qui épand par avion ou par hélicoptère massivement du Roundup de l'entreprise Monsanto. Cet homme vient de mourir, vous avez peut-être vu les photos, c'est absolument horrible. Donc je pense à tout cela et... et... on ne peut pas comparer une industrie pareille qui provoque de tels désastres planétaires et l'utilisation, que j'espère raisonnable, qui ne l'est peut-être pas toujours, de produits qui ne sont pas de la chimie de synthèse. Ça n'a pas été fabriqué en laboratoire... euh... euh...on est confronté depuis très longtemps au cuivre, c'est sûr que ça peut être un toxique, c'est évident. Mais c'est un... c'est un produit qui existe auquel on est confronté depuis des milliers et des milliers et des milliers d'années. Les organismes humains et tous les organismes vivants sont désormais confrontés à des chimères, à des créations, des créations de laboratoire dont on ne connaît pas ou très mal les conséquences.

 

Est-ce que je peux dire un truc qui va éclairer, je pense, les débats ? Il y a quelques années, je faisais un livre qui s'est appelé « Un empoi... »

 

Vous avez dit « débats » ?

 

M. Vidard arrive à placer une remarque : il n'y a pas de débat pour l'instant car il faudrait inviter d'autres gens... ce que demandent du reste certains auditeurs...

 

Ben oui, M. Vidard, pourquoi n'invitez-vous pas des gens qui savent de quoi ils sont censés parler, plutôt que des gens qui racontent n'importe quoi ?

 

Maintenant, il est vrai que le cuivre (toxique pour l'Homme au-delà des très faibles doses et pour l'environnement), le soufre (irritant pour la peau, les yeux et les voies respiratoires), la roténone (cause prouvée de la maladie de Parkinson), le spinosad (très toxique pour les organismes aquatiques et entraînant des effets néfastes à long terme, dangereux pour les arthropodes non cibles et les abeilles), etc. sont « coquelicots-compatibles ». Par construction ! Les maîtres d'œuvre de cette carabistouille ne vont tout de même pas faire du tort au biobusiness qui finance généreusement l'un d'eux !

 

Non, ils n'ont pas reçu de sous... euh, si…

 

M. Nicolino aborde aussi un point sensible (à 21:50) :

 

« Mais l'industrie agrochimique, elle tient le manche depuis de très longues années. Elle a des moyens extraordinairement puissants. Moi, je vous avoue, « Nous voulons des coquelicots », c'est un mouvement de 15 bénévoles, je vous dis des choses honnêtement, on n'a pas un sou !... Ce qu'on dépense en ce moment, c'est notre propre argent. »

 

M. Vidard interjecte :

 

« Quel est le rôle de... – alors demande justement Alexandre – de Biogénérations [sic] Futures, de Générations Futures en tout cas, dans ce mouvement auprès de vous, Fabrice Nicolino ?... qui a déposé le nom de domaine d'ailleurs "lescoquelicots", c'est ça ou pas ? »

 

Réponse torturée, en partie incompréhensible :

 

« Il fallait que quelqu'un le fasse... Je vais être très clair : j'ai un [?] et mon ami François Veillerette qui est déjà [?] [M. Vidard intervient : « Oui, bien sûr »] [?] C'est un élément d'ensemble, François fait partie... Il... il... Générations Futures n'a aucun pouvoir en tant que Générations Futures. Nous sommes 15 personnes, François fait partie de ces 15 bénévoles, mais c'est l'association qui décide de tout, et cette association, j'en suis le président.

 

Je peux vous dire que tout est [?] On vous répondra à toutes les question parce que tout simplement nous n'avons strictement rien à cacherlacertitude [comment indiquer autrement la précipitation pour passer d'une chose à l'autre?], c'est qu'on n'a pas de sous et qu'on n'a aucun sponsor et que personne ne nous donne du fric... Si le journal La Hulotte nous a versé 1000 euros et je crois Yann Arthus-Bertrand 1000 ou 2000 euros... 2000 euros. »

 

« Il fallait que quelqu'un le fasse... » ? Au nom de Générations Futures...

 

« ...on n'a pas de sous et [...] on n'a aucun sponsor et que personne ne nous donne du fric... Si [...] » ?

 

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P
Les citoyens et leurs demandes sociales pressantes, auxquelles on ne saurait –n’est-ce pas- que répondre favorablement, mériteraient donc qu’on satisfassent celles-ci, en les prenant au mot, notamment en supprimant les pesticides (chiche) les engrais (chiche) et que l’on en reviennent même aux variétés anciennes si mirifiques (chiche) puisque l’on nous dit qu’elles étaient si bien adaptées à leur terroir. Oui, juste cette petite manipe car rien ne valent mieux que de bons travaux pratiques pour vous remettre les idées d’équerre. Les citoyens s’apercevraient alors des tenants et aboutissants de tous ces désirs, pourtant si légitimes. Ainsi auraient-ils notamment à se reconvertir en masse à une vie rurale et à un travail bien manuel. Nous ne pouvons oublier le petit détail suivant lequel 10.000 ans de pratique agricole par des milliards d’agriculteurs n’ont permis, par exemple dans le cas du blé en France, qu’une maigre progression de ses rendements passant de 3 qtx par ha (il y a 10.000 ans) à 6 qtx à l’ha en l’an 1800…Des cultures 100% bio et 100% local pour les variétés , assolement, vers de terre et insectes en abondance etc…Donc 10.000 ans de pratiques par des gens (les paysans) qui, en général sont plutôt observateurs. Bref le progrès en matière agronomique ne vient pas comme cela, et ne sera jamais le résultat d’une simple attitude, d’une philosophie, ou je ne sais quel autre paradigme. La Nature n’est ni bonne ni méchante mais juste aveugle, et restera toujours de marbre face aux courbettes d’humilité qu’on se sentirait obligé de lui faire pour la convaincre de notre vertu. Le progrès agronomique ne pourra jamais venir qu’au terme d’une démarche faite d’expérimentations laborieuses avec des trucs qui marcheront et d’autres qui ne marcheront pas, indépendamment de toute morale. <br /> Si l’agriculture moderne, qui, faute de mieux, emprunte nécessairement à la chimie et à la génétique est de plus en plus haïe, et si nos modes de vie urbains (travail dans le tertiaire, dans la culture, dans la santé, études longues et retraites longues etc...) sont si appréciés, alors on serait en droit de nous coller sur le dos une maxime détournée à la manière de Bossuet (*) et qui nous dirait que nous haïssons les causes dont nous chérissons pourtant les conséquences. Pauvres agriculteurs qui nourrissent des populations qui, s’ils ne leur mordent pas physiquement la main, se permettent quand même bien ingratement de les bannir, quand ce n’est pas de les mépriser. <br /> (*) La citation de Bossuet est : « Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes. »
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour ce commentaire, auquel j'adhère pleinement.
F
Ce serait presque drôle... mais les conséquences de cet appel pourraient être dramatiques pour l'agriculture française.
Répondre
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour ce commentaire.<br /> <br /> Les conséquences de cet appel seraient -- et non "pourraient être" -- dramatiques. Et pas que pour l'a,griculture. Car, après tout, il faudrait aussi interdire ces molécules de synthèse quand elles sont, par exemple, appliquées à nos charpentes, sur la peau de nos toutous et minets, sur la tête de nos bouts-d'choux, sur nos ongles mycosés...