Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Perturbateurs endocriniens : le dernier attrape-couillons de Générations Futures

7 Septembre 2018 , Rédigé par Seppi Publié dans #critique de l'information, #Activisme, #Pesticides, #Perturbateurs endocriniens

Perturbateurs endocriniens : le dernier attrape-couillons de Générations Futures

 

 

 

Non, Mme Woessner, sauf à y trouver des erreurs de pointage -- comme la non-prise en compte du cuivre… utilisé en quantité en agriculture biologique -- ou de calcul, l' "étude" n'est pas fausse. Ce qui n'en fait pas une "étude" pertinente, digne d'être prise au sérieux.

 

 

Pour exister financièrement et médiatiquement, une entreprise comme Générations Futures, incorporée sous forme d'association loi 1901, doit régulièrement publier un « rapport » confortant son fond de commerce : la peur. La peur des pesticides en l'occurrence, susceptible de drainer les masses d'hypocondriaques et de gogos vers les « partenaires » du biobusiness – Bioccop, Bjorg et Bonneterre, Léa Nature – qui, en retour, financent GF. Joli écosystème où les bénéfices sont mutuels.

 

Il y a deux choses extraordinaires dans cette opération :

 

  • d'une part, la capacité à mobiliser les médias (ou, vu sous un autre angle, la complaisance de certains médias, ou de certains journalistes) reflète une belle solidarité et entraide « verte » dans le tissu social, alors que les acteurs de cette mouvance s'entre-déchirent dans leur(s) enceinte(s) politique(s) ;

     

  • d'autre part, les « rapports » de Générations Futures sont fondamentalement des non-événements, de véritables attrape-couillons assumés sans états d'âme.

 

 

Bonne question ! Mais on peut aussi la poser au pluriel. L'opération de com' a été soigneusement orchestrée.

 

 

Le cru du 4 septembre 2018, le dixième, se veut comme les précédents « Enquête » et « EXPPERT » – pour «  EXposition aux Pesticides PERTurbateurs endocriniens ». Dans cette édition, la suite du titre est, à la nouvelle mode de l'écriture dite « inclusive » : « des pesticides perturbateurs endocriniens dans l’alimentation des européen.nes ».

 

 

Les perturbateurs endocriniens autour de nous

 

 

(Source)

 

 

Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques d'origine naturelle ou artificielle étrangères à l'organisme qui peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire ainsi des effets délétères sur cet organisme ou sur ses descendants.

 

Ne sauraient être « perturbatrices », dans la rhétorique actuelle, les substances qui, comme la théobromine du cacao, ont des effets stimulateurs recherchés sur notre humeur, qui viennent avec le « pétard » ou la cigarette, ou dont l'effet perturbateur est recherché comme pour la pilule contraceptive (les effets des résidus étant toutefois subis par toute la population, plus particulièrement les poissons mâles féminisés).

 

N'est perturbateur que ce qui peut faire peur...

 

Nous sommes confrontés journellement à des perturbateurs endocriniens. Une sommité de la toxicologie, M. Bruce Ames, professeur de biochimie et biologie moléculaire à l'Université de Californie, Berkeley, avait énoncé dans les années 1990 que 99,99 % des pesticides que nous ingérons sont… naturels. C'est probablement aussi le cas pour les perturbateurs endocriniens (on peut discuter sur le chiffre exact).

 

Certaines de ces substances naturelles ont des effets redoutables, avérés et constatés.

 

Mais rassurez vous : dans l'« enquête » de Générations Futures, il n'est pas question des perturbateurs endocriniens naturels.

 

Pas des phyto-estrogènes présents par exemple dans des produits à base de soja en quantité telles que si on leur appliquait les règles régissant les pesticides, lesdits produits seraient interdits à la vente ; pas de l'huile essentielle de lavande responsable de poussées mammaires anormales (gynécomastie) chez de jeunes garçons à cause d'un mésusage. Pas de l'huile de neem qu'on met dans des shampooings anti-poux « na-tu-rels », puis sur la tête de nos chers petits...

 

On n'interfère pas dans le business des généreux donateurs du biobusiness chez Générations Futures.

 

Il est uniquement question de « pesticides ».

 

Un formidable outil pour l'activisme anti-pesticides

 

Les perturbateurs endocriniens d'origine artificielle présentent un énorme avantage pour l'activisme : comme on ne sait (prétendument) presque rien, on peut faire peur sur tout.

 

Plus précisément, et à titre d'exemple, ces substances agissent ou sont supposées agir à très faible dose et selon des courbes de réponse qui ne sont pas « monotones »... les limites maximales de résidus (LMR) dans les produits alimentaires ne seraient donc pas pertinentes et il faudrait imposer la limite 0,000. Youpi ! Il faut interdire les pesticides... de synthèse cela va de soi.

 

 

 

 

Elles agissent ou sont supposées agir à des stades précis de la vie, notamment au stade fœtal ou dans l'enfance... si donc on n'a pas mis d'effet en évidence, c'est qu'on a raté la fenêtre d'exposition pertinente (et cela permet d'agiter le sophisme de la compassion pour nos chers petits).

 

 

Lisez bien : "les doses alimentaires… catastrophiques…" Les activistes, ça ose tout…

 

 

On peut détecter une propriété endocrinienne sur des modèles animaux, des cultures de cellules, et au besoin selon des protocoles extravagants... il faut donc appliquer le « principe de précaution », même si un monde sépare l'oursin de l'homme et l'in vitro de l'in vivo.

 

Et quand tout cela ne suffit pas, on invoque l'« effet cocktail ». 1 + 1 = 2 ? Mais non, mon bon... dans le monde des perturbateurs endocriniens, 1 + 1 = 100, ou 1000. Peu importe que ce 100 ou 1000 soit toujours du domaine de l'infiniment faible, ou que les effets peuvent se contrecarrer selon une sorte de formule : 1 + 1 = 0 (appliquée par exemple dans les trucs censés réduire les effets de l'alcool ; mais constatée aussi par des médecins qui découvrent que la chimiothérapie qu'ils ont mise en œuvre chez un patient est neutralisée par tisanes issues de la « médecine alternative »).

 

 

Savoir raison garder

 

Il nous faut bien sûr savoir raison garder. Dans le cas de nombreuses substances mises en accusation, on est dans le domaine des puissances extrêmement faibles, comme le montre l'illustration ci-dessous, tirée de « Endocrine disruption: Fact or urban legend? » (perturbation endocrine : fait ou légende urbaine?) de Gerhard J. Nohyneka et al. (voir un commentaire de Forumphyto ici).

 

 

 

 

L'article précise aussi le cas du butylparabène (cela vaut pour la plupart des pesticides et biocides) :

 

« Il convient de noter ici que le butylparabène, bien que faussement qualifié de "perturbateur endocrinien", ne présentait qu'un potentiel extrêmement faible d'activité œstrogénique (test utérotrophique chez le rat) lorsqu'il était administré par voie sous-cutanée (injection sous-cutanée) à des doses supérieures à 800 mg/kg. (Routledge et al., 1998). Cela correspondrait à une dose sous-cutanée humaine de 48 grammes chez un être humain de 60 kg afin de produire une activité potentielle (correspondant à 50 kg d'une crème contenant 0,2 % de butylparabène), sans compter que l'homme est moins sensible à certaines effets hormonaux que les rats (Borgert et al., 2012, Witorsch, 2002b)). »

 

Croiser deux fichiers...

 

Qu'a donc fait Générations Futures de si extraordinaire ?

 

Ils ont croisé les données publiées par l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) le 25 juillet 2018 sur les résidus de pesticides présents (ou non) dans les échantillons de produits alimentaires collectés en 2016, avec la base de données de TEDX (The Endocrine Disruptor Exchange).

 

L'EFSA avait colligé des données fournies par les États membres de l'Union Européenne, l'Islande et la Norvège sur 84.657 échantillons et 881 molécules (ou familles de molécules), sachant que les analyses étaient ciblées (on n'a pas recherché les 881 molécules dans chaque échantillon) et variables d'un État à l'autre (sauf dans le programme coordonné). On a trouvé des résidus au-dessus de la limite de quantification pour 350 pesticides.

 

La base de données de TEDX est une « List of Potential Endocrine Disruptors ». Le mot « potential » a toute son importance. Voici la présentation de cette liste :

 

« La liste TEDX des perturbateurs endocriniens potentiels identifie les substances chimiques qui ont montré des signes de perturbation endocrinienne dans la recherche scientifique. Les chercheurs de TEDX évaluent les substances chimiques en cherchant dans la littérature scientifique accessible au public et en identifiant les recherches examinées par les pairs montrant des effets sur la signalisation endocrinienne.

 

Les organismes gouvernementaux, les groupes à but non lucratif, les scientifiques et les entreprises ont des critères différents pour étiqueter un produit chimique en tant que perturbateur endocrinien. Nous fournissons une liste maîtresse des perturbateurs endocriniens potentiels, définis comme des substances chimiques avec au moins une étude démontrant des propriétés de perturbation endocrinienne, afin de répondre à un large éventail de besoins. »

 

Le schéma d'accompagnement est clair, tout comme l'intitulé de la liste. TEDX ratisse donc large. Une étude suffit pour l'inscription sur la liste. Une étude de mauvaise qualité, voire grotesque (voir l'exemple ci-dessus) ; une étude déconnectée de la réalité biologique humaine aussi... c'est un choix assumé que nous ne critiquerons pas.

 

Prenons l'emblématique glyphosate : il est sur la liste TEDX sur la base de deux études : celle, aussi largement exploitée par le monde de la contestation que largement contestée par le monde scientifique (sérieux), de feu Andrés Carrasco sur des embryons d'un batracien et des embryons de poulet ; et une étude sur des cellules de bovin in vitro.

 

L'EFSA a procédé à une analyse de la littérature à la demande de la Commission Européenne et a conclu à une absence d'activité perturbatrice endocrinienne du glyphosate sur la base de la prépondérance de la preuve. En 2016, l'ANSES, notre agence de sécurité sanitaire, a conclu – avec la formule qui s'impose au vu de l'adage : « absence de preuve ne vaut pas preuve de l'absence – que : « Il est peu probable que le glyphosate ait un effet potentiel sur la perturbation endocrinienne des voies dépendantes de la régulation œstrogénique ».

 

À notre connaissance, aucune agence d'évaluation n'a relevé un potentiel de perturbation endocrinienne pour le glyphosate. Mais le glyphosate – et évidemment aussi ses formulations – est sur la liste TEDX.

 

Pour développer un discours anxiogène, mieux vaut donc prendre la liste TEDX... Générations Futures trouve ainsi que sur les 350 pesticides pour lesquels des résidus ont été trouvés, 157 étaient sur cette liste.

 

Ça, c'est une constatation qui se défend. Après, on entre dans le délire et la manipulation des opinions.

 

 

L'activisme choisit bien ses sources...

 

Quel lien avec la réalité ?

 

Une réponse a été donnée ci-dessus : c'est une liste de perturbateurs endocriniens « potentiels ».

 

On se souviendra aussi que la question de la « définition » des perturbateurs endocriniens a donné lieu à une extraordinaire foire d'empoigne au niveau de l'Union Européenne sur fond d'extraordinaires manipulations et manœuvres, pour ne pas dire magouilles. Après avoir laissé les coudées franches à des activistes de la DG Environnement, qui ont commandé un rapport à un chercheur militant, Andreas Kortenkamp, la Commission a commandité une étude d'impact, publiée le 15 juin 2016. Dans l'excellent Idées reçues et agriculture – Parole à la science publié par l'Académie d'Agriculture de France sous la direction de Mme Catherine Regnault-Roger, M. Gérard Pascal a produit un tableau résumé de l'impact des différentes options.

 

 

 

 

L'option 1 – la plus favorable aux thèses activistes – reposait « sur un arbre de décision basé sur les critères provisoires (toxicité pour la reproduction, mutagénicité, cancérogénicité, toxicité pour les "organes endocrines ») qui figurent dans les règlements "Pesticides" et "Biocides" ».

 

Les 350 pesticides de M. François Veillerette (pour lesquels on avait trouvé des résidus dans les analyses colligées par l'EFSA) ne sont pas les mêmes que les 348 substances de l'étude d'impact (notons qu'au 1er janvier 2016, il y avait 482 substances approuvées sur le marché européen). Mais n'y a-t-il pas un problème d'exagération quand il trouve 157 perturbateurs endocriniens alors que l'étude d'impact ne trouve que 50 substances potentiellement « à problème » (qui se réduisent à 8 dans l'option 4) ?

 

 

Triturer les chiffres pour un message le plus anxiogène possible

 

Ah, 157 pesticides (prétendument) perturbateurs endocriniens parmi les 350 pour lesquels on a trouvé des résidus ou les 881 qu'on a recherchés (évidemment dans l'hypothèse, réaliste, qu'on pouvait en trouver)... ça ne fait respectivement que 44,9 et 17,8 %, respectivement (M. Veillerette adore les pourcentage avec des décimales, ça fait plus sérieux, alors nous faisons pareil...).

 

Pas assez anxiogène ! Alors on a cherché une martingale :

 

« Après une analyse fine des données publiées en juillet 2018 par l’EFSA[2], nous avons calculé que 66 849 résidus de pesticides PE suspectés ont été quantifiés sur les 109 843 résidus de pesticides quantifiés au total. Ce total de résidus de pesticides PE suspectés représente 60,85% de tous les résidus de pesticides quantifiés par l’EFSA, soit plus de 6 sur 10 ! La contamination alimentaire par les pesticides est donc très largement une voie de contamination par les PE ! »

 

Ééé... tonnez-moi, François !

 

Pourquoi n'avez-vous pas rapporté ces 66.849 résidus aux 84.657 échantillons de produits alimentaires analysés ? Vous auriez pu faire état d'un pourcentage encore plus grand : 78,96 % !

 

 

Vite sauter à la conclusion (prédéfinie)

 

Voyons d'abord les titres des communiqués de presse de Générations Futures :

 

« EXPPERT 10 : Générations Futures montre pour la première fois que 6 résidus de pesticides sur 10 quantifiés dans l’alimentation européenne sont des perturbateurs endocriniens suspectés. »

 

On notera l'honnêteté du mot « suspectés ». Tout n'est pas perdu... Mais en anglais, cela devient :

 

« New report EXPPERT 10 : nearly two thirds of pesticides residues in European food are suspected endocrine disruptors (ED) »

 

Près des deux tiers ? C'est une blague ?

 

Si le chiffre (surgonflé à la mode Générations Futures) est intéressant, il n'a aucun sens. Il n'y a pas que le nombre de pesticides « perturbateurs endocriniens suspectés » – selon des critères dignes d'un régime totalitaire – qui est en cause. Il y a aussi la réalité du danger... et du risque.

 

 

Pas de quoi paniquer !

 

Le Figaro a relayé l'« information » – comme bien d'autres – et a choisi pour titre : « Les perturbateurs endocriniens sont dans nos assiettes, affirme une ONG ».

 

Oh oui qu'ils sont dans nos assiettes ! Mais pas vraiment ceux que vise Générations Futures. Beaucoup d'aliments contiennent des perturbateurs endocriniens à des doses et avec des puissances de perturbation bien supérieures à celles des résidus qu'on peut trouver dans les aliments... même bio.

 

Le perturbateur endocrinien est même dans notre verre, comme le note Forumphyto :

 

« On pourrait même poser une question provocatrice : La plupart des substances, administrées à une dose suffisante, ne n’affecteraient-elles pas un organe cible induisant une perturbation endocrinienne potentielle quelque part dans l’organisme. Par exemple le sel de cuisine est connu pour avoir des effets sur la pression sanguine. Il peut aussi interagir avec les pilules contraceptives. Boire de l’eau peut affecter l’adrénaline et les hormones rénales et hépatiques, telles que les niveaux d’aldostérone, de rénine ou d’angiotensine. Cela fait-il du sel ou de l’eau des perturbateurs endocriniens potentiels ?

 

 

(Source)

 

 

Rappelons donc deux points.

 

  • D'une part, la mise en marché des pesticides et leurs conditions d'emploi sont sévèrement réglementés, tout comme le sont les résidus susceptibles de se trouver dans des produits alimentaires (les LMR). Il faut une bonne dose d'incivisme et d'absence de moralité pour dire, ou simplement suggérer, que notre alimentation est « contaminée » par des pesticides perturbateurs endocriniens et susciter une panique alimentaire.

 

  • D'autre part, reflet de la sévérité de la réglementation et du sérieux de la filière agroalimentaire, les contrôles montrent que plus de la moitié (50,7 % dans le dernier rapport de l'EFSA) des échantillons ne contiennent pas de résidus à des niveaux quantifiables ; 45,5 % des échantillons en contiennent un (ou plusieurs) dans les limites légales, très sécuritaires. Seuls 3,8 % des échantillons présentaient un dépassement de LMR, sans que cela ait induit un risque sanitaire.

 

 

(Source)

 

 

Le cas particulier du boscalid

 

Terminons sur une note plaisante, relevée par l'excellent Alerte Environnement : Générations Futures épingle le boscalid dans son « rapport » :

 

« Nous avons examiné en détail ces 350 molécules, quantifiées dans un nombre très variable d’échantillons. Le (fameux) boscalid a ainsi été quantifié dans 6815 échantillons (c’est un record !) mais le dinocap, entre autres, dans un seul échantillon. »

 

Mais M. Veillerette a admis dans une interview au Quotidien du Médecin publiée le 24 avril 2018 que :

 

« ...le boscalid n’[est] pas classé perturbateur endocrinien ou cancérogène dans les bases de données officielles ».

 

Mais oui ! Son « rapport » est fondé sur des perturbateurs endocriniens « suspectés »... Et la suspicion est plus anxiogène qu'une réalité appréhendée.

 

Et l'objectif n'était-il pas de faire le maximum de tapage, avec le concours des amis des médias ? La fin justifie les moyens…

 

 

(Source de la citation : CQFD de la RTS du 15 mai 2017 – plus particulièrement à partir de 15:00 – audio ci-dessous)

 

 

 

Un bonus sur le boscalid

 

1. Où en sont les « lanceurs d'alerte » sur les fongicides SDHI près de cinq mois après leur alerte à l'apocalypse dans Libération ?

 

2. Le boscalid a été inclus dans la liste TEDX sur la base d'un article « Effects of Common Pesticides on Prostaglandin D2 (PGD2) Inhibition in SC5 Mouse Sertoli Cells, Evidence of Binding at the COX-2 Active Site, and Implications for Endocrine Disruption » de Subramaniam Kugathas et al. L'auteur principal est... Andreas Kortenkamp, dont nous affirmons qu'il s'agit d'un chercheur militant, de surcroît affligé de conflits d'intérêts (voir par exemple ici).

 

La présence d'un ou de plusieurs chercheurs « sulfureux » ne signifie pas que le travail de recherche n'est pas sérieux, mais seulement qu'il faut redoubler d'attention. Les chercheurs ont analysé l'effet d'une série de pesticides sur la production de prostaglandine D2 sur des cellules de souris... On est dans le registre de l'in vitro, encore loin de l'in vivo.

 

La figure suivant donne les résultats pour cinq pesticides, dont le boscalid, et un témoin positif, l'ibuprofène. On constatera que la production de prostaglandine diminue bien plus drastiquement avec l'ibuprofène. Cela illustre l'abîme qui peut séparer la recherche scientifique en tour d'ivoire et le monde réel.

 

Nous n'irons pas jusqu'à inviter Générations Futures et M. François Veillerette à lancer une alerte sur l'ibuprofène et une demande d'interdiction immédiate du médicament.

 

 

 

3. Le démon nous a pris... Nous avons fait la somme des résidus trouvés dans l'analyse de l'EFSA correspondant aux quinze pesticides : ils représentent 53 % du total annoncé par Générations Futures. Le diable est reparti... nous n'avons pas vérifié sur quelle(s) base(s) les pesticides autres que le boscalid ont été inscrits sur la liste TEDX. Il est donc possible qu'il y ait d'autres références.

 

Mais appliquons une règle de bon sens : pensez-vous que les autorités d'évaluation et d'enregistrement auraient approuvé des matières actives de pesticides constituant des perturbateurs endocriniens avec des effets préoccupants ?

 

Appliquons une autre règle de bon sens : pensez-vous que la recherche se serait arrêtée après cet article de Kugathas et al. si leurs résultats avaient constitué les prémices d'un réel problème sanitaire.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
P
https://lejournal.cnrs.fr/billets/perturbateurs-endocriniens-une-menace-pour-notre-qi
Répondre
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire (si, si…)<br /> <br /> Le lien que vous avez mis est un point de vue de Mme Barbara Demeneix publié en partenariat avec le journal Libération.<br /> <br /> Le CNRS précise : "Les points de vue, les opinions et les analyses publiés dans cette rubrique n’engagent que leur auteur. Ils ne sauraient constituer une quelconque position du CNRS."<br /> <br /> C'est, en l'occurrence, particulièrement approprié. Mme Barbara Demeneix a sombré dans le militantisme et perdu l'essentiel de sa crédibilité scientifique.<br /> <br /> Il y a des articles à ce sujet sur ce blog.<br />
J
Je ne vous ai pas donné le lien :<br /> https://twitter.com/nathalie_jas/status/1038349446327754753
Répondre
J
Vous pouvez jeter un œil sur cette discussion sur Twitter de Nathalie Jas @nathalie_jas ?<br /> Il est fait référence à un article scientifique de 2010 :<br /> The significance of the Druckrey-Küpfmüller equation for risk assessment--the toxicity of neonicotinoid insecticides to arthropods is reinforced by exposure time.<br /> Je ne préfère pas répondre avec votre article, mais il y a peut-être des éléments à préciser.
Répondre