Chasseurs : une excellente démarche de communication
L'agriculture qui nous nourrit pourrait en prendre de la graine
Je ne suis pas chasseur. Et je suis très loin d'être anti-chasse...
En mai 1974, à la suite d'une campagne basée sur la mauvaise foi et la sensiblerie, une initiative populaire a abouti à une « interdiction » de la chasse dans le Canton – ou plutôt la République et Canton – de Genève.
Pourtant, cela n'a pas mis fin à la chasse (comme le voulaient les initiants bien naïfs sur les réalités écologiques, ou plutôt cyniques) : il faut bien réguler les populations de certaines espèces ! Le cas échéant pour assurer la survie d'autres populations. Cette mission incombe désormais à des fonctionnaires, les garde-faune.
« Genève, 40 ans de chasse sans chasseurs », de la Fédération Cynégétique Genevoise, fournit une description réaliste de la situation. Le point de vue inverse est par exemple fourni par « Joyeux anniversaire les Suisses : 40 ans sans chasse, et tout va bien ! » de l'Association pour la Protection des Animaux Sauvages » (française, pas du tout locale...).
La lecture comparée de ces deux textes – il y en a bien sûr d'autres – illustre l'abîme qui sépare deux conceptions de la protection de la faune sauvage et de la préservation du patrimoine naturel et montre, certes de manière anecdotique, où se situent les connaissances, la compétence et le réalisme.
En France, la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) a lancé une campagne d'affichage dans les couloirs du métro parisien, ainsi qu'à Lille, Marseille, Toulouse et Lyon, sur le thème : « Les chasseurs, premiers écologistes de France ? »
Le point d'interrogation est superfétatoire. La France Agricole l'explique dans un article réservé aux abonnés :
« Dans la version finale, placardée dans le métro parisien, un point d’interrogation à la fin du slogan fait planer le doute. Selon un article du Parisien, ce point d’interrogation aurait été imposé par la RATP aux chasseurs, sur les conseils de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP). Une association dont le rôle est de garantir les bonnes pratiques au sein des annonceurs. »
La RATP était moins tâtillonne pour, par exemple, le maïs revolver de FNE en 2011...
L'analyse des dirigeants de la Fédération est convaincante :
« En cette nouvelle saison cynégétique, la Fédération Nationale des Chasseurs a décidé d’amorcer un nouveau virage dans sa communication. Le Conseil d’Administration et le bureau de la FNC, ont décidé de mettre en place, une campagne sans précédent dans notre histoire. L’adage "pour vivre heureux, vivons cachés" est obsolète. Il y a urgence pour les chasseurs à communiquer sur les milliers d’actions mises en place chaque année par nos structures cynégétiques territoriales.
[…]
[…] Mais si notre savoir-faire est reconnu des agents territoriaux et de l’Etat, nous pêchons sur le «"faire-savoir". En ne communiquant pas au grand public, nous avons laissé le champ libre à nos détracteurs qui utilisent les réseaux sociaux et le monde médiatique pour diffuser des contre-vérités et une image erronée de la chasse française.
[...]
Même s'il a aussi donné la parole à des sceptiques, plus ou moins opposants, le Monde a couvert le lancement de la campagne avec un article dans l'ensemble favorable, et ce, dans la rubrique Planète, avec « Les chasseurs, "premiers écologistes de France" ? Histoire d’une communication politique ». On peut considérer cela comme un signe que la campagne tombe juste.
Dans son éditorial sur le site de la Fédération, M. Willy Schraen, Président de la Fédération Nationale des Chasseurs, écrit encore :
« Aujourd’hui, vous voilà devant notre première campagne. Une campagne qui ne diffuse pas de contre-vérités. Une campagne qui s’appuie sur des faits quantifiables et vérifiables.
Cette vérité va peut-être déranger ceux qui s’octroient le monopole de la sauvegarde des espèces depuis un bureau parisien. Ceux dont le réseau ne représente pas plus de 1 000 bénévoles actifs, alors que la chasse mobilise 500 000 hommes, partout dans nos campagnes, notamment dans les villages désertés de ses habitants. »
Pour les campagnes qui diffusent des contre-vérités, nous avons le souvenir d'affiches infâmes de France Nature Environnement de 2011, facilement accessibles sur la toile...
En tout cas, cette campagne de communication – qui sera épaulée par « 11 émissions radio qui expliquent, avec pédagogie, qui nous sommes et ce que nous faisons pour les espaces naturels » – devrait faire réfléchir les milieux de l'agriculture, celle qui nous nourrit.
Il nous semble que les Jeunes Agriculteurs de la Haute-Saône ont pris une initiative similaire.
Et, l'heure des semis d'automne approchant, il serait bon d'organiser des démonstrations comme c'est le cas en Allemagne.
En titre : « Récolte en danger ». En sous-titre : « Mais que s'est-il passé ». Le graphique : « Sans agronomie moderne, le rendement n'est pas au rendez-vous ». Texte : « Sans protection des plantes, sans engrais minéraux : cela a des conséquences sur les quantité et qualités des récoltes et les prix » (de gauche à droite : blé, orge, autres céréales, colza, pomme de terre, betterave sucrière).