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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

CJUE et mutagenèse : « faucheurs volontaires », à vos faux ! Ya du boulot ! (Ironie)

7 Août 2018 , Rédigé par Seppi Publié dans #Activisme, #OGM, #Union européenne

CJUE et mutagenèse : « faucheurs volontaires », à vos faux ! Ya du boulot ! (Ironie)

 

Du boulot pour faucher notre avenir, et celui de nos enfants

 

 

(Source)

 

 

Plus je creuse cette affaire de mutagenèse, d'arrêt de la Cour de Justice de l'Union Européenne du 25 juillet 2018 à la suite d'une décision préjudicielle du Conseil d'État en réponse préliminaire à une requête de la Confédération Paysanne et de huit autres requérants, plus je m'interroge sur la santé mentale de notre société. Cela devient de plus en plus ridicule. Et surtout grave.

 

Il y en a qui ne se posent pas de questions existentielles et philosophiques. Se demander où on peut se procurer des faux et des pierres à aiguiser de qualité, ou comment augmenter le « rendement » des actes de vandalisme, ne relève pas de la philosophie..

 

 

Faucher... nuitamment…

 

Ouest France – journal régional très orienté vers l'agriculture – nous apprend (comme 20 Minutes) :

 

« Des membres du collectif des Faucheurs volontaires anti-OGM ont détruit une parcelle de tournesol VTH (Variété rendue tolérante aux herbicides) à la Tour-sur-Orb (Hérault) dans la nuit de mardi [31 juillet 2018] à mercredi [1er août], annoncent-ils dans un communiqué publié ce vendredi. »

 

Mettons de suite un bémol : était-ce du tournesol « VTH » ? Oiur la réponse, il faudra lire...

 

L'article de Plein Champ est de « source AFP » (comme celui de Terre-Net), ce qui pose à nouveau la question du rôle et de la déontologie de l'agence : ces actes de délinquance des « faucheurs » n'ont de justification réelle que s'ils reçoivent un écho de la presse ; un écho qui soutient implicitement, voire explicitement, les actions au lieu de les dénoncer.

 

Et la triste réalité est que l'AFP se fait l'écho zélé des faits et méfaits des « faucheurs ». Notons cependant, avec satisfaction, que la majorité des médias généralistes ne contribue plus à la promotion implicite de ce vandalisme. Mais ce serait une bonne chose s'ils entraient dans le champ de la dénonciation.

 

 

...au mépris de la « Charte »

 

Le mode opératoire est maintenant rodé : « on » détruit – oups ! On « neutralise » – nuitamment, à la sauvette. Pourtant, les « faucheurs » ont adopté une « Charte » grandiloquente :

 

« Les Faucheurs volontaires s’engagent à neutraliser ces plantes pesticides. Ils agissent à visage découvert dans les formes de la désobéissance civique non violente qui respecte les personnes. Les biens qui ne sont pas concernés par la protection du bien commun ne sont pas en cause

 

Les Faucheurs s’auto organisent dans les actions qu’ils revendiquent. Ils assurent personnellement les conséquences civiles et pénales de leurs actes dans le cadre d’actions collectives. Une solidarité active est mise en oeuvre afin que quelques uns ne payent pas pour tous par leur personne ou par leurs biens. »

 

Les « Faucheurs s’auto organisent » ? Cela s'appelle en droit « délinquance en bande organisée » – comme ces cailleras qui brûlent des voitures dans ce que la bien-pensance bourgeoise appelle avec condescendance, voire mépris, « les quartiers ».

 

 

Un « communiqué »

 

Mais il y a aussi un « communiqué ». Ça, c'est une caractéristique d'une autre forme d'action violente, bien plus grave. Certes, ils ne s'en prennent pas aux gens, à leur intégrité physique ou leur existence même. Mais on est tout de même dans le registre du sabotage économique à visée politique.

 

Donc (repris d'Ouest-France) :

 

« Ces VTH obtenues par mutagenèse sont "reconnues comme OGM " par une directive européenne depuis le 25 juillet, rapporte le collectif. Une décision qui conforte "notre liberté de refuser de consommer, cultiver ces OGM et notre droit de vivre dans un environnement sain", estiment-ils.

 

Or, "ces OGM se sont pourtant retrouvés dans nos champs et dans nos assiettes", dénoncent les militants qui estiment la surface cultivée en tournesol en France à "220 000 ha". »

 

Passons brièvement sur la rhétorique. En quoi « "notre liberté de refuser... » est-elle concernée ?

 

En rien : yaka manger « bio » (enfin, dans la mesure où le « bio » ne propose pas des produits issus de variétés contenant des mutations induites ou d'autres choses prétendument épouvantables.

 

Et pour ce qui est de « cultiver », les « faucheurs » ne cultivent pas... ils détruisent ce que les autres cultivent...

 

 

L'arrêt de la CJUE trouve sa première « application »

 

Ce qui est à noter ici, c'est que l'infâme arrêt de la CJUE du 25 juillet 2018 a, en quelque sorte, trouvé sa première « application » !

 

Les « faucheurs » n'ont plus à exciper de théories ; d'affirmations alliant le péremptoire au conditionnel et les certitudes à l'hypothétique sur les risques des nouvelles technologies ; de leur propre interprétation de la législation européenne : ils peuvent se prévaloir de ce que la CJUE a dit pour droit.

 

Leurs Honneurs de Luxembourg ont-elles été conscientes de l'exploitation qui serait faite de leur arrêt ? Elles auraient pu au moins circonscrire les dégâts par quelques obiter dicta (choses dites en passant) ; c'est ce que font des tribunaux raisonnables, conscients de leur rôle dans la société.

 

Des revendications interférant avec la procédure judiciaire devant le Conseil d'État

 

Un communiqué, quand on verse dans l'action violente qui frise le terrorisme, expose généralement des revendications. Ouest-France rapporte :

 

« Les Faucheurs volontaires, qui ont mené cette action sur la commune héraultaise située à 40 km au nord de Béziers, réclament notamment que le conseil d’État annule le décret mettant en œuvre l’exemption de la mutagenèse en droit français et que le gouvernement mette en place un moratoire sur ces cultures. »

 

C'est extraordinaire ! Ce fut donc une action violente, à qualification pénale, pour mettre la pression sur une instance judiciaire, une des plus hautes de l'État ! Reprenons de la « Charte » :

 

« Dans cette situation, pour que la démocratie reste une réalité, ils [les « faucheurs »] n’ont à leur disposition que l’état de nécessité inscrit dans le code pénal. Il permet de désobéir à la loi au nom des valeurs supérieures ordonnées au bien commun qui légitiment leurs actions. »

 

 

Désobéissance civique (ou civile) ?

 

Vraiment ? Mon sens du civisme – forgé dans les premiers temps par un professeur remarquable du nom de Louis Uhlrich, dont je salue ici la mémoire – m'interdit de penser qu'on est encore dans le registre de la désobéissance civique (ou civile). D'autant que, la CJUE ayant rendu son arrêt, la justice suivra son cours, que le Conseil d'État statuera sur le fond de la requête de la Conf' et de ses amis, et que la situation semble plutôt favorable aux thèses de la mouvance anti-génétique post-mendélienne.

 

Non, c'est là l'expression de la volonté d'exister et de détruire, l'escalade d'engagement, la chute du côté obscur de l'activisme. Et les pouvoirs politiques, judiciaires et administratifs se taisent...

 

C'est ainsi – implicitement – un avertissement au Conseil d'État et au Gouvernement : si aucun garde-fou n'est mis, il y aura débauche de « neutralisations ».

 

220.000 hectares de tournesol à détruire... et plus encore

 

Car, question revendications, ce n'est pas tout ! Toujours d'Ouest-France :

 

« Ils demandent également aux municipalités d’arrêter de "fermer les yeux sur ces pollutions et fassent détruire ces champs". »

 

Avez-vous bien lu ? Il faut que les municipalités fassent détruire 220.000 hectares de tournesol ! Quel terrain de jeu pour le vandalisme/terrorisme économique et social : 220.000 hectares !

 

Le Midi Libre a ajouté à son article la revendication suivante : que le Gouvernement interdise les semis à venir de colza. Les semis vont bientôt commencer... il va y avoir des terrains de jeu qui vont s'ajouter, car il est peu probable (quoique...) que le Gouvernement prenne l'initiative de préempter une décision à venir du Conseil d'État mais qui ne viendra qu'après la période des semis.

 

 

« Good cop, bad cop » ou escalade d'engagement et plongée du côté obscur de l'activisme ?

 

Les « faucheurs volontaires », d'une part, et la Conf' et ses amis qui ont saisi le Conseil d'État, d'autre part, ont partie liée. Ceux-ci sont les vitrines présentables du canal faucheur et destructeur. Ainsi, les « faucheurs » reproduisent sur leur site – qui manifestement ne heurte pas les pouvoirs administratifs et judiciaires malgré la nature des activités déployées – des documents des requérants dont une « position ». Que préconisent-ils pour ce que l'on peut appeler l'apurement du passé et la période transitoire (dans l'hypothèse – maintenant réaliste – où ils obtiennent satisfaction) ?

 

« Appliquer la réglementation européenne OGM à tous les organismes génétiquement modifiés répondant à la définition du protocole de Carthagène, y compris ceux issus de mutagenèse in vitro. Pour ceux qui sont déjà sur le marché, obligation immédiate de déclaration, d’étiquetage et de traçabilité de leur caractère OGM à la charge de l’obtenteur, obligation de suivi à la charge des filières OGM ; maintien provisoire de l’autorisation de mise sur le marché jusqu’à évaluation au fur et à mesure des possibilités techniques (comme pour le règlement européen "Reach"). »

 

Il n'est donc pas question de destruction des cultures en cours. Qu'en penser ? Stratégie du « good cop, bad cop » ? La « position » semble dater de l'automne 2016 et suivre de peu la décision préjudicielle du Conseil d'État ; serait-elle devenue obsolète au profit d'une unicité de politique avec escalade d'engagement ?

 

Quoi qu'il en soit, il y a là un signal d'alerte pour le Conseil d'État et le Gouvernement. Et, après tout, ce fauchage intempestif et encore plus stupide que stupide aura alors été une « bonne initiative » si ce signal est reçu cinq sur cinq.

 

 

À quand une rouelle pour identifier les adhérents de la FNSEA ?

 

Mais ce n'est pas tout. Selon le Midi Libre, il faut encore :

 

« que les adhérents de la FNSEA remboursent les aides publiques perçues pour ces cultures ».

 

Pourquoi les seuls adhérents de la FNSEA ? Il est difficile, à ce stade, de ne pas faire le lien avec les pages les plus sombres de notre histoire européenne (pas la peine d'aller chercher plus loin). Il y avait ces chemises brunes qui, quand ils ne les saccageaient pas, « ornaient » certaines vitrines d'une étoile de David et de « Jude ». Il y a aujourd'hui des T-shirt avec un logo « faucheur volontaire » ou « OGM, j'en veux pas » qui... Ou plutôt avait : pas besoin de T-shirt quand on saccage nuitamment.

 

 

Une suggestion pour la diversification ou la reconversion...

 

Le « message » laissé par les « faucheurs » évoque aussi une affiche célèbre chez les passionnés de l'histoire alsacienne et lorraine. Ce « ménage » à coup de faux n'a-t-il pas des relents aussi nauséabonds que le coup de balai qu'ont annoncé (et donné) les occupants en 1940 ? Par ce simple « message », les « faucheurs » auront révélé le fondement de leur prétendu civisme : le totalitarisme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(Source)

 

Remarquez, il doit bien y avoir quelques vignettes nauséabondes du même tonneau de Gringoire ou Je suis Partout… Du balai, les OGM, les VTH, les VrTH... et maintenant aussi la FNSEA...

 

Mais on peut aussi se référer à Mme Françoise Giroud…

 

 

 

 

Encore un fauchage aveugle et insensé ?

 

Dans un billet précédent « La délinquance absurde des « Faucheurs Volontaires » et autres joyeusetés » , nous avions publié de larges extraits d'une lettre d'une « faucheuse » dépitée et peut-être même repentante (lettre complète, avec les noms des mis en cause, ici). Extrait :

 

« […] Agir de nuit, sans revendication, c’est abandonner une lutte légitime pour le simple vandalisme ! [...] Ces actions de nuit ne sont que des lâchetés, malheureusement cautionnées par une majorité d’entre nous aujourd’hui, en témoigne celle qui a été préparée pendant l’AG de juillet ! Quand en plus nous fauchons les mauvais champs, cela tourne au pitoyable ! A ma connaissance, deux fois en moins d’un an, des champs ont été fauchés à tort ! Comment pouvons-nous espérer être respectés après cela ? [...] »

 

Selon les informations prodiguées par la France Agricole (réservé aux abonnés), les tournesols détruits étaient des « lignées naturellement résistantes à l’orobanche ».

 

Si nous nous fondons sur cette lettre de militante outrée, nous pouvons dire : « jamais deux sans trois »...

 

 

Faucheurs de science et de technologie, faucheurs d'avenir

 

Il y a déjà eu destruction nocturne (mais avec une séquence vidéo avec prises de vues de dos) de parcelles d'essais de la plate-forme SYPPRE à Montesquieu-Lauragais en août 2017. Il y a eu le vandalisme de deux parcelles d'essais de Limagrain à Verneuil-l’Étang et Andrezel en décembre 2017 (qu'Inf'OGM, autre vitrine, décrit par euphémisme : « Faucheurs Volontaires : un essai de blé de Limagrain occupé ».

 

On peut remonter plus loin encore. Aux fauchages de Colmar par exemple. Et au pitoyable précédent de la destruction de plantes de riz transgénique – développées à des fins humanitaires – et de matériels en juin 1999 dans une serre du CIRAD à Montpellier (cela apporta beaucoup à la carrière politique de M. José Bové... et dire qu'il a été invité par l'INRA, seul intervenant extérieur, à célébrer les 20 ans du Département Environnement et Agronomie voir ici et ici).

 

 

 

En détruisant un champ de semences de pré-base de tournesol de RAGT, les faucheurs se sont attaqués – sciemment ou par ignorance – à l'articulation entre la recherche-développement et la valorisation par les producteurs agricoles.

 

Selon le communiqué de la RAGT, rapporté par la France Agricole – qu'on aimerait voir publié sur l'Internet :

 

« Cet acte […] aura un impact financier certain à court et moyen terme [...] Cela pourrait affecter durablement la capacité de RAGT Semences à proposer aux agriculteurs, en France et dans le monde, de nouvelles variétés plus performantes, répondant également aux attentes sociétales. »

 

Terre-Net cite aussi :

 

« Ce saccage inadmissible est aussi celui du travail de nombreux collaborateurs, entrepris depuis de longs mois et même des années. »

 

Sans données sur l'étendue du vandalisme et la nature de la culture, il est difficile de décrire l'étendue du désastre. Nous pensons cependant qu'au-delà des quelques ares (en pré-bases, ce n'est guère plus d'un hectare à la fois) maintenant détruits, ce sont des centaines, voire mille hectares ou plus de tournesol naturellement résistant à l'orobanche qui ont été détruits par anticipation. En fait, c'est tout le programme de recherche qui est affecté. Pour qui connaît un peu le domaine des variétés et des semences, ce qu'a écrit la RAGT ne sont pas parole en l'air.

 

C'est donc la science et la technologie, c'est la recherche et le développement, c'est la production agricole et alimentaire que les « faucheurs » assassinent.

 

Ils ne décapitent pas que des tournesols, mais aussi notre avenir.

 

Nous n'avons pas vu de réaction officielle…

 

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A
Bonjour<br /> N'y a-t-il pas de recours possible contre cette décision de la CJUE ?
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour la colle !<br /> <br /> Pour le moment au moins, je ne sais pas.