Cereal killers ou terroristes alimentaires ?
Kevin Folta*
[Ma note : remplacez « Environmental Working Group » par « Générations Futures », et vous aurez un article qui s'applique assez bien à l'activisme déployé en France. Il s'applique aussi à 60 Millions de Consommateurs et les couches pour bébés.]
Le simple fait qu'une organisation produise un rapport ne signifie pas que le rapport doit être pris au sérieux. En fait, il devrait être examiné avec un œil attentif et un grand scepticisme.
Ceci n'est pas un article sur le glyphosate, la matière active de certains herbicides (y compris le « Roundup » par exemple). Il s’agit d’un article sur la façon dont travaillent les marchands de peurs et comment ils s’efforcent de nuire à la confiance que nous mettons dans une nourriture parfaitement saine. Il s'agit de terrorisme alimentaire.
J'ai écrit à ce sujet dans mon avant-propos du livre « The Fear Babe »1. Bien que d'aucuns s'opposent à l'utilisation du mot terrorisme, c'est une désignation parfaite pour ce qui se passe autour de nous. Le terrorisme est défini comme une coercition ou une intimidation visant à obtenir des gains politiques ou idéologiques.
C'est exactement ce que fait l'Environmental Working Group (EWG)2. À nouveau. Tromper délibérément le public pour provoquer la peur, pour créer des changements inutiles qui font avancer leur agenda.
Le timing était parfaitement coordonné avec le verdict du jury d'un tribunal de Californie largement médiatisé ; et ne pensez pas que c'est une coïncidence...
L'EWG affirme avoir trouvé l'herbicide glyphosate dans des marques commerciales de flocons d'avoine, y compris des marques biologiques. Mais voici le problème. Il est très facile de détecter des produits chimiques à des niveaux extrêmement faibles et insignifiants. C'est exactement ce qu'ils ont trouvé.
Cependant, l'EWG établit ses propres normes, et elles sont 14.000 fois inférieures à celles de l'EPA (l'Agence pour la Protection de l'Environnement) et considérablement inférieures à celles de tout autre organisme de réglementation. L’analogie est la suivante : si la limite de l’EPA est représentée par le nombre de kilomètres entre New York et l’autre bout de l’Australie, alors la limite de l’EWG est le premier kilomètre. La limite de tolérance de l'EWG n'a pas été déterminée par des expériences. C'est un niveau qu'ils ont choisi parce qu'il correspond à ce qu'ils ont trouvé. Ils avaient besoin d'un seuil de préoccupation très bas parce que leurs résultats étaient tout sauf remarquables.
Les niveaux détectés se situent largement dans les limites de sécurité. Vous devriez manger 30 bols de flocons d'avoine par jour – chaque jour – afin d'atteindre un niveau de risque réaliste.
Mais ils ont hurlé que ces niveaux sont catastrophiques, et les médias se sont laissé prendre.
Copies d'écran compilées par Kevin Folta
Les diffuseurs de nouvelles reprennent les mots des discours d'activistes – « dangereux », « cause le cancer », « trois fois plus que … ce qui est sûr ». Ils ignorent les scientifiques neutres et écoutent ceux qui sont motivés par leur agenda.
La bonne nouvelle est que, dans les vingt-quatre heures qui ont suivi, des dizaines d'analyses critiques ont été publiées, détaillant les distorsions répondant aux objectifs de l'EWG. Des articles vraiment bien faits expliquent la signification réelle des chiffres et leur rapport réel avec les risques. Voici quelques bons exemples : 1, 2, 3.
Mais le mal a été fait. Partout, des mamans jettent des flocons d'avoine dans les poubelles et montrent un poing aux agriculteurs. Ces salauds avides prennent tout simplement un énorme risque financier personnel pour nourrir en toute sécurité le reste de nous [c'est de l'ironie]. Quelle audace !
Le pauvre mec de Quaker Oats se fera probablement remarquer le jour du ramassage des ordures, et les flocons d'avoine, un aliment sûr avec des avantages potentiels pour la santé, sont maintenant exclus de la liste des courses.
C'est la vraie question. Pourquoi les agences de presse, les consommateurs et les clients de Whole Foods3 s'en tiennent-ils à ce que dit l'EWG ? Greenwashing. L'EWG n'a-t-il pas le mot « environnemental » dans son nom ? Comment peuvent-ils être mauvais ?
Tout en ayant l'apparence d'une organisation bienveillante déterminée à protéger l'environnement, ils passent beaucoup de temps à lutter contre l'agriculture, en particulier en ce qui concerne les produits chimiques utilisés pour protéger les cultures en toute sécurité. Oui, ce sont les gens des Dirty Dozen, les gens qui font peur aux familles et les dissuadent de consommer des fruits et des légumes frais.
De plus, ce n'est pas un rapport publié ! L'EWG ne publie pas ses travaux dans des revues à comité de lecture. Parce qu'ils ne le peuvent pas. Les extrapolations extravagantes, les mathématiques torturées, les statistiques lamentables et les erreurs d’interprétation délibérée sont leur marque de fabrique et ne survivraient jamais à une évaluation critique dans un journal réputé.
Un titre lugubre, des enfants empoisonnés et des agriculteurs démoniaques – voilà une formule pour attirer l'attention des médias !
Je suis perplexe. Lorsque des scientifiques indépendants ou des journalistes s'impliquent dans une discussion publique et parlent de la science avec honnêteté, ils sont accusés d’être des agents au service des conspirations des entreprises. Lorsque les ONG tapent dans les coffres de certaines entreprises pour tromper le public sur l'alimentation et l'agriculture, elles sont considérées comme des héros.
Et ils sont très heureux de faire peur au public pour atteindre leur objectif, même si cela entraîne un gaspillage de nourriture et une consommation moindre de fruits et de légumes. Personne ne devrait jamais faire confiance à l'Environmental Working Group.
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* Kevin Folta est un scientifique d'une université agricole qui explore les moyens de produire de meilleurs aliments avec moins d’intrants et comment communiquer des données scientifiques. Tout les financements de Dr. Folta peuvent être trouvés à kevinfolta.com/transparency.
1 « The Fear Babe: Shattering Vani Hari's Glass House » (la Minette de la Peur : démolir la maison de verre de Vani Hari) de Marc Draco, Kavin Senapathy et Mark Alsip démonte les pratiques « commerciales » de Vani Hari – alias Food Babe (la Minette de l'Alimentation).
2 L'EWG publie régulièrement des listes de fruits et légumes « sales » (« The dirty dozen ») ou « propres » (« The clean fifteen ») que l'on retrouve tout aussi régulièrement dans des médias et sur les réseaux sociaux en France.
3 Un grand distributeur de produits biologiques... au chiffre d'affaires équivalent à celui de Monsanto.
Source : https://www.agdaily.com/technology/folta-cereal-killers-or-food-terrorists/