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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

La logique fort peu logique mais fort inquiétante de Mme Michèle Rivasi

6 Juillet 2018 , Rédigé par Seppi Publié dans #Activisme

La logique fort peu logique mais fort inquiétante de Mme Michèle Rivasi

 

 

La Marche des Cobayes est arrivée à Paris. Selon le site :

 

« Cette marche vérité et justice pour la santé environnementale est portée par un collectif d’organisations, représenté par l’association Citoyens, Santé, Environnement. »

 

Elle ratisse large. Selon un « appel » que l'on peut signer,

 

« Alors que les maladies infectieuses ont largement baissé au XXème siècle en raison de l’hygiène et de la nutrition, les maladies chroniques dites maladies de "société" ont explosé : cancers, allergies, autisme, hyperactivité, maladies auto-immunes, infertilité, obésité, perturbations hormonales, pubertés précoces, maladies liées au effets secondaires de certains médicaments et vaccins, électro-hypersensibilité etc… Toutes ces maladies ont pour cause la dégradation de notre environnement et la "folie" de notre mode de vie.

 

Il manque les cors aux pieds et les cheveux indomptables, mais leur référencement ne saurait tarder... il manque juste une petite étude un petit peu bidonnée comme celle de... chut, danger de plainte et procédure bâillon...

 

C'est sous le titre : « Malbouffe, pollutions, exposition aux produits toxiques, lobbys : BASTA ! »

 

Curieuse énumération... ah oui, les « lobbys », ça fait réagir les indignés, et cela attire quelques « organisations ». Il faut un « effet cocktail »...

 

« Notre environnement est pollué par tous les rejets chimiques industriels, agricoles (pesticides, OGM, résidus médicamenteux, plastiques, nanomatériaux…) et nucléaires, ainsi que par les champs électromagnétiques. Les cycles de l’air et de l’eau sont mis en danger et c’est notre survie, en tant qu’élément de notre biotope, qui est désormais compromise. Nous ne pouvons plus accepter d’être pris.e.s, avec notre écosystème et sa biodiversité, pour une gigantesque poubelle à ciel ouvert.

 

S’ajoute à cela le poids des lobbies des complexes agroalimentaires, chimiques, pharmaceutiques et du profit à tout prix, qui fait souvent primer, en matière de santé publique, les intérêts de l’industrie sur l’intérêt général. Des milliers de victimes sont humilié.e.s au quotidien par ces lobbies qui agissent en toute impunité et sans presque aucune surveillance et c’est toute la population qui devient cobaye de leurs expériences. »

 

Et ce sont les chevaux de bataille de Mme Michèle Rivasi, inspiratrice de la marche et de la démarche...

 

Notez bien qu'il n'y a pas les infra-sons des éoliennes...

 

La marche est « portée et soutenue par plus de 100 associations, collectifs de citoyens, personnalités et élus ». Vous pouvez faire des dons. L'objectif est modeste, 15.000 euros. À l'heure où nous écrivions, 5.680 euros avaient été récoltés auprès de 117 donateurs et il restait 3 jours pour atteindre l'objectif. À l'heure du lendemain – forcément postérieure – où nous mettons en ligne, il reste 25 jours... il y en a qui ont des machines à remonter le temps...

 

Pour 10 euros, vous aurez droit à « Toute notre gratitude et des discussions sympas pendant la Marche ». À partir de 50 euros, vous aurez droit en plus, notamment, au merveilleux « livre "Le Racket des laboratoires pharmaceutiques et comment en sortir" de Michèle Rivasi, Marie-Odile Bertella-Geffroy et Serge Rader ». Il doit y avoir des stocks d'invendus...

 

La Marche des Cobayes est donc arrivée à Paris le 30 juin 2018. Cela valait bien un petit article du Monde Planète, « Ils marchent pour la santé et l’environnement ». Et l'occasion de tendre le micro vers Mme Michèle Rivasi, inspiratrice de cette marche, pour de fortes paroles et, partant, de publicité pour son activisme :

 

« Sept millions de personnes meurent chaque année dans le monde à cause de la pollution, 2,5 millions de salariés français sont exposés à des produits cancérogènes, sans compter la malbouffe, le tabac… Nous avons tous les éléments pour vivre dans un environnement sain, nous avons les moyens d’évaluation, de contrôle, des outils réglementaires, mais tout est gangrené par les conflits d’intérêts, les lobbies et le mépris des institutions »

 

Mme Rivasi doit ignorer que notre espérance de vie continue d'augmenter... Enfin on reste dans son registre politique, ou plutôt politicien et démagogique : en résumé, tout fout le camp et c'est la faute aux méchants capitalistes.

 

Mais il y a mieux :

 

« Nous voulons un inversement de la charge de la preuve, insiste Michèle Rivasi. Les victimes sont non seulement malades, mais elles font aussi face au déni des autorités. C’est aux industriels, aux laboratoires de démontrer que leurs produits ne causent pas d’effets secondaires, qu’ils ne sont pas dangereux pour la santé. »

 

Mme Rivasi a une formation scientifique (École Normale Supérieure de Fontenay-aux-Roses, professeure agrégée de sciences naturelles). Elle est certes à peu près aussi ancienne que la mienne, peut-être moins bien entretenue, ou plutôt probablement au regard des « causes » pour lesquelles elle s'investit. Mais il devrait tout de même y avoir encore quelques restes.

 

Elle devrait par conséquent savoir que la démonstration « que leurs produits ne causent pas d’effets secondaires, qu’ils ne sont pas dangereux pour la santé » est impossible. Cette notion d'impossibilité est aussi accessible aux juristes : en droit romain on disait déjà « factum negantis probatio nulla est ».

 

Elle devrait aussi savoir que de nombreux produits ont des effets secondaires, et qu'ils ont été jugés acceptables au vu des bénéfices qu'on en retire et des mesures de précaution prises (qui n'empêchent pas, hélas, les accidents). Que ce qu'elle exige mettrait la société sans dessus dessous.

 

Elle devrait aussi savoir que dans une société policée, respectueuse des droits fondamentaux, la charge de la preuve incombe à celui qui affirme : onus probandi incumbit qui dicit non qui negat.

 

Mais il y a mieux encore...

 

Que reproche-t-elle en ce moment à Bruxelles et Strasbourg au système européen d'autorisation des matières actives des pesticides, avec de vives attaques contre l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) et la Commission Européenne ? Que le système repose sur les données d'essais fournis par les entreprises !

 

Postures parfaitement contradictoires...

 

À ce stade, on peut s'interroger : a-t-elle perdu le sens des réalités, sinon plus ? Est-t-elle consciente des énormités qu'elle profère et a-t-elle décidé de passer outre à la raison ?

 

Quelle que soit l'hypothèse retenue, il y a un gros souci pour notre démocratie et notre vivre-ensemble.

 

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