Comment SumOfUs manipule et trompe les personnes vulnérables
Risk-monger*
La congrégation de la naturolâtrie [1] comporte beaucoup de différents types de croyants.
Un grand nombre de personnes de la foule sont bonnes et essaient de faire le bien pour elles-mêmes, pour la planète et pour les autres. Elles sont désorientées par beaucoup de messages contradictoires des médias, ainsi que par les questionnements issus des déclarations compliquées des scientifiques et des régulateurs (sur la sécurité alimentaire, les vaccins, les produits pharmaceutiques...). Elles se sentent vulnérables et cherchent à se rassurer sur les réseaux sociaux auprès de gourous naturolâtres facilement accessibles.
Il y a les élitistes qui se rassemblent pour l'adoration dans leurs plus beaux atours, pour montrer aux autres leur statut élevé et occuper les bancs de devant, exposant ainsi leurs régimes de privilégiés et leur style de vie de luxe.
Dans la chaire, nous trouvons les gourous (grands-prêtres) dont les prêches assurent la cohésion et la croissance de l'assemblée de fidèles par un mélange de peurs du feu et du soufre, et d'espoir de salut par une meilleure voie (naturelle, sans produits chimiques, sans grandes entreprises...). Comme dans toute église fondamentaliste, plus le sermon est fort, plus les paniers à offrandes se remplissent.
Tout cela s'appuie sur la hiérarchie des cultes naturolâtres, qui fournit les biens et les services aux fidèles (les détaillants et les marques bio, les producteurs de compléments alimentaires, les médias, les producteurs de films et les back-offices). Au fur et à mesure que le culte prend de l'importance, ces organisations de marketing profitent bien en donnant aux adeptes exactement ce dont ils ont besoin : l'espoir et la rédemption.
En dehors des directeurs marketing des marques de distribution et de l'alimentation, ce sont tous des gens qui croient vraiment (en étant malheureusement mal informés) que le naturel, c'est ce qu'il y a de meilleur, et que nous ferions mieux de limiter les apports de la science et de la technologie modernes.
La naturolâtrie serait une religion pacifique, capable de coexister avec les autres, si ce n'était pour un dernier groupe : les zélateurs. Ce sont les activistes qui ont l'impression d'avoir été appelés et croient qu'il y a une guerre sainte en cours. Ils se battent contre l'industrie, la science, les organismes de réglementation et tous ceux qui pourraient remettre en question la pureté de leur système doctrinal. Ces fondamentalistes dogmatiques répondent à une norme différente (machiavélique) pour laquelle l'honnêteté, la preuve et l'intégrité passent après la victoire et la croissance de leur communauté par tous les moyens de manipulation disponibles.
Les conséquences absolument odieuses de leurs campagnes (déclin économique, augmentation des décès, maladies, carences...) n'intéressent pas ces militants – seul compte le respect continu de la pureté du dogme et l'élimination de toute menace à leur éco-eschatologie. Ces zélotes sont méprisables sur le plan éthique, implacables, manipulateurs et rusés.
Trop d'églises ferment les yeux sur la mauvaise conduite de leurs fondamentalistes et activistes zélotes car ils enrichissent l'organisation avec de nouveaux adeptes, des revenus et de la passion. Cependant, j'ai peu de tolérance pour les zélateurs naturolâtres. Alors que j'ai récemment subi la force de leur indignation [2], je crois que plus les pratiques de ces individus méchants et détestables sont exposées, meilleure est la possibilité de développer un système de foi plus fort et plus harmonieux pour ceux qui sont dans le besoin.
Le groupe d'activistes zélotes le plus lamentable, de loin, doit être SumOfUs. Ce groupe d'intérêts « anti-groupes d'intérêts » revendique 15 millions de membres [3] et se présentera partout où pourrait surgir une opportunité anti-entreprises relevant de la gauche dure. Ils sont un bon exemple de la nouvelle génération de l'activisme – petits, rapides, riches et ne rendant de comptes à personne. Leurs employés travaillent dans des communautés numériques depuis leur salon dans le monde entier. Sans un bureau central, SumOfUs n'a manifestement pas développé de culture d'entreprise. Une telle culture est importante si vous souhaitez inculquer des valeurs telles que l'honnêteté ou l'équité. Sans une culture d'entreprise, vous risquez d'avoir un groupe de militants semi-indépendants qui courent dans tous les sens comme des dératés.
Ce groupe basé à New York a maîtrisé l'art du financement participatif au niveau micrométrique en demandant à un grand nombre d'adeptes de faire de petits dons de quelques dollars dans le cadre de chaque campagne qu'il lance. Bien sûr, leur vrai argent se trouve dans des fondations aux poches profondes comme George Soros [4], mais ils préfèrent garder le silence et prétendre que vous et moi (les gentils « nous ») sommes vraiment ceux qui défendent l'humanité. Le « bureau » a connu une croissance rapide, mais parmi les 36 employés rémunérés, 16 n'ont rien à voir avec les causes à défendre ou les campagnes (ce sont surtout des ingénieurs en logiciels et des analystes de données). Ces cadres surveillent simplement les chiffres et mettent en œuvre les outils informatiques pour récolter les dons. Ils prennent les mêmes modèles d'une campagne à l'autre et se contentent de greffer différents vocabulaires alarmistes sur toute cause dont les données disent qu'elle est lucrative.
J'ai vu à quel point SumOfUs était détesté par la communauté scientifique quand j'ai partagé sur Facebook un lien vers leur campagne pour forcer la compagnie ferroviaire allemande à cesser d'utiliser du glyphosate pour contrôler la végétation le long des voies. L'herbicide est utilisé pour prévenir les accidents de train et les pertes potentielles de vie dues à une mauvaise visibilité et à des obstacles cachés sur les voies. SumOfUs n'a pas proposé de solution de substitution pour assurer la sécurité et protéger les plus de 33.000 km de lignes ferroviaires allemandes. À quoi bon, puisque leurs groupes de discussion leur assuraient que cette pureté dogmatique fonctionnerait bien parmi le généreux troupeau allemand ?
Le glyphosate, Monsanto, Bayer et les néonicotinoïdes sont les pompes à fric préférées de ce pit-bull activiste ; il n'est donc pas surprenant que le Risk-monger figure sur la liste de diffusion de SumOfUs (ce qui fait de moi, beurkh, un membre ou « OneOfThem »). Mais il est arrivé quelque chose hier qui m'a mis en colère.
Je reçois beaucoup de courriels de SumOfUs, et très franchement, je suis toujours fasciné, non seulement par le récit dans lequel ils se sont enfermés, mais aussi par la manière dont ils essaient de manipuler et d'exploiter leurs propres adeptes... pressurant les innocents et les confus pour chaque sou ou thune qu'ils peuvent obtenir. Hier, j'ai reçu un courriel avec en objet : « La mort des abeilles ». « Oh mon dieu... », pensais-je, « ...cela semble vraiment catastrophique. Je ferais mieux d'aller voir ce qui vient d'arriver à l'espèce la plus laborieuse de la planète ! »
En fait, rien ne s'est passé, mais ce n'était pas le but. Ce que j'ai trouvé, c'est un courriel si astucieusement conçu, si exagérément exploiteur et si grossièrement manipulateur que j'ai pensé qu'il serait dommage de ne pas en faire une analyse sur le blog. Combien de millions de personnes ont reçu ce courriel ? Combien ont partagé leurs absurdités sur les réseaux sociaux ? Combien ont fait don en faveur de leur campagne mensongère ? Cela dépasse l'entendement. Et comme j'ai travaillé sur un article intitulé « Comment parler à votre belle-sœur à Noël » (qui devrait sortir en novembre), je peux m'imaginer que beaucoup de gens sont régulièrement frustrés quand ils reçoivent des messages comme ceux-ci envoyés par des proches aimés (« Share if you Care », partagez si vous vous en souciez). Peut-être, pensais-je, que cet article pourrait aider à réveiller certaines de ces belles-sœurs.
Examinons d'abord la lettre avant d'apporter d'autres preuves du caractère méprisable de SumOfUs.
L'introduction de la lettre, avant même que nous arrivions à une salutation, est en gras, criant le message clé de la peur et de l'urgence :
Ces lobbyistes malfaisants de l'industrie chimique « travaillent dur » pour renverser votre victoire et l'interdiction des « pesticides tueurs d'abeilles ». C'est affreux : des lobbyistes qui travaillent dur et qui veulent tuer les abeilles en ce moment même. Mais les gens de SumOfUs peuvent défendre les abeilles, nous défendre et s'attaquer à ces gens affreux... mais seulement s'ils reçoivent votre aide (c'est-à-dire de l'argent). C'est ce que j'appellerais la technique « World Vision » (créer par un cri d'alarme une situation d'indignation accrue et mettre la solution uniquement entre les mains des personnes privilégiées regardant le programme) ; et cela a très bien fonctionné en séparant les téléspectateurs de tard dans la nuit de leur argent pour plus d'une génération.
Les bons communicateurs savent qu'il faut mettre un visage sur le mal. Monsanto est parti donc la nouvelle cible de la haine semble être Bayer ; mais SumOfUs est mal à l'aise quand il limite la haine à une société qui est aussi une marque de produits pharmaceutiques largement utilisés ; ils se réfèrent donc à elle comme « Bayer et Cie », soulignant leur nature de grandes entreprises. Les gens de SumOfUs détestent les entreprises de sorte que le suffixe sera probablement répété jusqu'à ce que la marque soit vilipendée.
Le message est clair dès les quatre premières lignes : si je veux arrêter les lobbyistes maléfiques et sauver les abeilles, je vais devoir faire un don. Un simple clic et le problème sera résolu « immédiatement ».
Puis la lettre commence :
Notez la tournure de phrase : « nous avons remporté une victoire incroyable » grâce aux « membres comme vous ». C'est merveilleux, vraiment merveilleux ce que nous avons accompli et vous, David, vous devriez vous sentir très bien dans votre peau ! Vibrations positives dès le départ, et moi, personnellement impliqué dans la solution qui était, eh bien, tout simplement incroyable. Je me sens plutôt bien à ce sujet (et je suis donc prêt à donner).
Bayer et ses amis (mais qu'est-il arrivé à « et Cie » ?), c'est le mal « qui déteste que nous gagnions ». Je ne me sens pas satisfait que nous gagnions – je me demande plutôt pourquoi ces lobbyistes maléfiques de Bayer sont si vindicatifs à propos de notre souhait de sauver les abeilles (et le monde). Nous sommes les bons, ils sont les méchants dans ce récit de « eux contre nous » de la lutte globale (souvenez-vous, c'est une guerre). Dans la vision du culte naturolâtre, être détesté par l'industrie est un signe que vous sauvez le monde.
Ils mentionnent « nos partenaires » car, en réalité, les SumOfUs ne font pas grand-chose sur le terrain politique. Ils sont là pour se féliciter des exploits d'autres groupes et pour des situations où les activistes n'ont rien gagné (leurs énormes victoires dans les campagnes contre Baysanto et le glyphosate n'étaient pas tout à fait gagnantes... en fait... ils ont perdu). Les faits n'ont pas d'importance dans le dogme du culte.
Mais vous savez, si « nous » gagnons comme ils le prétendent, alors je ne donnerai pas un sou à leur petite organisation. Par conséquent, j'ai besoin d'une menace – quelque chose pour me faire peur et mettre la main dans mon porte-monnaie en ligne.
Oh la la ! Imaginez des « lobbyistes pleins aux as »... « travaillant sans relâche » pour tuer nos abeilles. Les « eux » sont à la hauteur de leur malfaisance, et les « nous » ne peuvent pas laisser cela se produire. Nous devons agir, car si nous ne le faisons pas, personne ne protégera les abeilles. La technique de la « World Vision » adaptée à un monde en ligne – rendue plus facile, répandue et moins chère.
Ce « nous » m'inclut, et c'est donc l'heure du deuxième « appel » : allez-vous contribuer ? Contribuer est une belle façon de dire : « Donnez-moi votre argent maintenant ! ». À la fin d'une soirée agréable, nous donnons tous notre écot pour la nourriture et la bière. Qu'est-ce qu'un ou deux euros supplémentaires entre amis ? Ce n'est pas vraiment beaucoup (jusqu'à ce que vous le multipliiez par 15 millions de membres).
Le salut est à portée de clic !
En douze lignes, j'ai vu deux « appels » et les mots « faire un don » huit fois. À ce stade, la solution est claire : je donne un peu d'argent à SumOfUs en un simple clic et ils combattent le mal en mon nom, repoussent les entreprises une fois de plus, et me font sentir bien dans ma peau ! Génial !
Bien sûr, la collecte de fonds est un art (sans doute la plus grande compétence marketing au monde : obtenir de l'argent des clients en échange de rien) et tout pirate intelligent sait que la clé du bien-être des donateurs est de leur donner un choix pour le montant. Dans mon cours de marketing pour la vente au détail, j'enseigne aux étudiants qu'il doit toujours y avoir trois options : un modèle bon marché, un modèle cher, et entre les deux celui que vous voulez vendre. Cette campagne vise donc à obtenir 4 € de don de chaque membre (et peut-être quelques généreux « autre montant » de la part des « nous » les plus remontés).
Intermède mea culpa. Les lecteurs attentifs auront remarqué dans cette lettre que j'ai effectivement un compte avec SumOfUs et qu'un simple clic (avec mes informations de paiement sur le fichier) entraînera une gratification immédiate. En effet, comme le Risk-monger est pleinement conscient qu'il ira en enfer à son trépas, quel dommage pourrait résulter des quelques dons qu'il pourrait faire à cette meute de loups vicieux ?
Quelques dons ? ? ? Pluriel ? ? ? Tabarnak, David, tu nous tues !
Pour ma défense, c'était à des fins de recherche. En faisant un don à SumOfUs (sur différents comptes de membres, sur différentes questions et avec différents niveaux de dons), je peux mieux étudier leurs techniques d'exploitation appliquées à ce qu'ils ont décrit comme des « opportunités ». Cette lettre est arrivée sur le compte utilisé pour faire un don de base de 2 € sur les pesticides. Ils essaient de me faire doubler la mise, jusqu'au prochain niveau. Je pourrais juste cliquer sur « Faire un don de 4 € » pour la gratification instantanée.
Mais les dons doivent être liés à des événements particuliers pour procurer du bien-être – si je vais doubler le montant de mon don pour doubler l'industrie, je ferais mieux de donner à une bonne cause. Je veux que mes trente deniers de vendu à l'industrie sentent bon ! Dans les lignes suivantes, le « nous » me rassure :
Il n'est question que de moi ! J'ai tellement fait pour combattre Bayer et ses semblables « méga-entreprises chimiques qui tuent les abeilles ». La transition de perception est complète. Je commence à oublier que je prends tous les jours un des médicaments de Bayer qui sauvent la vie. Et mon don permettra à mes préoccupations de continuer à avoir un impact parce que la Commission Européenne m'écoute !
Mais tout cela pourrait être perdu si je ne sors pas mon porte-monnaie. La troisième demande est la plus intense. C'est faire un don ou mourir (pour les abeilles, la planète, l'humanité...) et les SumOfUs ont vraiment besoin de moi !
Non seulement ils ont besoin de moi, mais, quoi, mon don est indispensable.
La question est finalement mentionnée à la page deux de leur courriel : les producteurs de betteraves de Belgique veulent être exemptés de l'interdiction des néonicotinoïdes (et peut-être que les agriculteurs néerlandais pourraient en faire de même). Il n'y a pas de lobbyistes des méga-entreprises ici et les betteraves à sucre ne fleurissent pas, donc aucune abeille n'est touchée. Mais les SumOfUs savent que les faits n'ont pas d'importance et que leurs membres sont malheureusement mal informés sur les problèmes. Ils peuvent dire ce qu'ils veulent et personne ne les corrigera jamais. Il suffit de mentionner « faire un don » 16 fois dans un courriel pour pouvoir voyager en première classe l'année suivante.
SumOfUs exploite même l'ignorance de ses membres dans la phrase suivante.
Ils ne précisent pas le genre d'agriculture différente dont il s'agit, mais les SumOfUs m'assurent que nous pouvons nous débarrasser des entreprises et que le monde ira beaucoup mieux. Et d'ailleurs, nous avons cultivé longtemps avant la science... ça me suffit.
La grande action de SumOfUs, finalement mentionnée, sera simple. SumOfUs mettra des annonces dans les journaux en Belgique et aux Pays-Bas. Plus il y aura de dons, plus il y aura de publicités Rappelez-vous une règle cardinale concernant la collecte de fonds : vous devez obtenir un retour sur investissement mesurable pour le don (en d'autres termes, quelques captures d'écran de publicités dans les journaux permettront aux gens de savoir que vous avez fait quelque chose de positif). Ce n'est pas vraiment grand-chose, mais SumOfUs aime se greffer sur « nos partenaires » qui font le gros du travail dans les campagnes anti-pesticides. Ce sont simplement des ingénieurs informatiques et des gestionnaires de données qui envoient des paniers de collecte dans toute la congrégation.
L'accent a changé du « vous » au « nous ». Cela ne peut signifier qu'une chose : ce courrier roule pour l'insaisissable « quadruple demande ». Il est temps de le rendre personnel :
Cette lettre est destinée aux personnes vulnérables qui peuvent facilement être manipulées. Dans la congrégation de la naturolâtrie, il y a ceux qui donnent compulsivement aux campagnes pour s'identifier à une bonté perçue. Ceux qui ont un vide triste dans leurs vies se laissent séduire par la connerie du « nous avons besoin de votre aide » et succombent. Comme beaucoup, j'ai une belle-soeur de ce genre. Elle gère sa « culpabilité de privilégiée » en attaquant le « système » (et ces ONG rusées sont là pour la soulager de sa richesse). Les stratèges des dons en ligne de SumOfUs ont profilé ces gens et construisent leurs campagnes et communications sur la faiblesse des individus vulnérables.
Juste un clic de plus pour sauver les abeilles !
Choisissez une case et votre don servira immédiatement à stopper la grande industrie.
Si vous pouviez juste nous aider, nous pourrons continuer à avoir des victoires incroyables.
Un tel langage vise à tirer parti des personnes compulsives ayant des faiblesses, un peu comme un trafiquant de drogue peu scrupuleux qui donnerait une dose à un toxicomane. Promouvoir la gratification immédiate dans un contexte émotionnel – voilà ma définition de l'exploitation.
Il y a quelque chose de très vulgaire et d'immoral dans la façon dont ces loups opportunistes harcèlent la congrégation innocente et vulnérable des naturolâtres. Les gourous ne devraient-ils pas se lever et protéger leurs adeptes ? Mais SumOfUs a distribué plus de 4,6 millions de dollars en 2016. Peu importe.
La lettre se termine par une réaffirmation.
Cependant, avant de donner, je dois me rappeler à quel point les bonnes personnes, Tom, Kat, Eoin et tout le monde chez « nous » sont vraiment bonnes. Le mal a besoin d'un visage, la bonté a besoin d'une auréole – ces personnes adorables ont des prénoms, des familles et des rêves tout comme moi – ce sont nos héros ! Vraiment astucieux et bien fait.
Les liens ne renvoient pas à des sources scientifiques sur les abeilles, mais à des organes de presse qui se réfèrent seulement de manière marginale au vocabulaire clé dont les groupes de discussion et les analystes de données de SumOfUs ont déterminé qu'il est efficace. En fait, le convertisseur des actualités néerlandophones en langue anglaise (pas même la source originale) affirme que la betterave à sucre n'a aucun effet sur les abeilles, donc même la source choisie par SumOfUs sape ce qu'ils essaient de faire vibrer. Il n'y a aucune mention de lobbyistes travaillant 24 heures sur 24 ou de méga-entreprises diaboliques – juste des agriculteurs hollandais qui se font du souci parce qu'ils devront utiliser beaucoup plus de pesticides pour remplacer les néonicotinoïdes interdits. En fait, l'article indique que le cas belge d'exemption de la betterave à sucre de l'interdiction des néonics a été présenté par un ministre de l'agriculture du gouvernement. Est-ce que les SumOfUs considèrent les ministres du gouvernement comme des lobbyistes malfaisants ou font-ils juste n'importe quoi pour effrayer les personnes vulnérables ? Encore une fois, les faits n'ont pas d'importance et les cadres de SumOfUs ont démontré qu'ils ne prenaient même pas la peine de lire leurs sources. Pathétique !
Ils ne sont pas à l'origine des grandes victoires qu'ils mettent à leur compte (leurs partenaires ont fait le travail) ;
Il n'y a pas de lobbyistes des « méga-entreprises » en Belgique essayant de voler notre victoire (tout juste un ministre du gouvernement) ;
Les prétendus lobbyistes néerlandais « travaillant 24 heures sur 24 » sont des agriculteurs ;
Les betteraves à sucre ne fleurissent pas et n'affectent pas les abeilles ;
SumOfUs n'a pas parlé à la Commission Européenne (voir ci-dessous).
Pendant ce temps, leur page d'accueil nous permet de savoir comment les SumOfUs travaillent dur pour « tenir les entreprises responsables ».
Après avoir lu une lettre comme celle-ci, si vous étiez assez naïf, vous imagineriez que SumOfUs est une organisation ouverte, honnête et charitable qui s'engage à faire ce qui est juste au nom de l'humanité.
La responsabilisation des sociétés impliquerait que les SumOfUs pensent que la responsabilité est importante. Aujourd'hui, être responsable est souvent assimilé à la transparence. J'imagine que les SumOfUs, en tant que somme de l'humanité, doivent être assez transparents avec ce qu'ils font avec tout notre argent [5].
Et bien non !
SumOfUs est tout sauf transparent. Personne ne sait combien ils dépensent pour leurs campagnes (sérieusement, combien coûteront quelques annonces dans des journaux belges ou néerlandais locaux ?), ni combien ils dépensent en salaires, voyages et réseautage. J'ai déjà montré dans un article précédent qu'il y a très peu de contrôle sur le financement des ONG et que ces groupes semblent être en mesure de transférer des fonds de l'un à l'autre sans surveillance.
Alors, que déclare SumOfUs dans le Registre Européen de la Transparence (RET) ? Curieusement, à ce jour, ils n'ont pas pris la peine de s'inscrire.
SumOfUs ne prétend même pas être responsable ou transparent. Pour être juste, avant de les accuser d'hypocrisie, peut-être qu'ils ne se sont pas rendu compte que, en tant qu'organisation mondiale, ils devraient s'inscrire et être transparents... vous savez, rendre des comptes aux « nous » en Europe.
Et bien non !
Marc Draco, communicateur scientifique, a enquêté sur les ONG américaines opérant à Bruxelles et a contacté la Commission Européenne pour soulever la question du manque de transparence de SumOfUs. Voici la réponse des autorités de l'UE en octobre 2017.
Donc, les SumOfUs ont été contactés en octobre dernier [2017] pour être informés qu'ils devaient s'enregistrer, et ils ont quand même montré un doigt à la Commission Européenne. Cela implique qu'ils ont menti quand ils ont dit que la Commission Européenne « nous » a écoutés car toute réunion avec des fonctionnaires de la Commission exige que le groupe de pression ait complété un enregistrement au RET. Nous avons déjà établi que les SumOfUs ne se préoccupent pas beaucoup de dire la vérité. Ni apparemment, les autres gourous et les ONG qui travaillent avec SumOfUs et attaquent des industries prétendument irresponsables (comme ce Corporate Europe Observatory indiscipliné de Martin Pigeon). Quel groupe d'hypocrites immoraux (transparocrites) !
Ce que dit réellement SumOfUs, c'est : nous, on se moque de vos lois et de vos normes éthiques. Nous collecterons notre argent comme nous le voulons et l'utiliserons comme nous l'entendons, et allez au diable, tous que vous êtes. Si ce n'est pas une bonne définition d'un activiste zélote, je ne sais pas ce que c'est.
Il faudrait peut-être en informer votre belle-sœur.
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* David pense que la faim, le SIDA et des maladies comme le paludisme sont les vraies menaces pour l'humanité – et non les matières plastiques, les OGM et les pesticides. Vous pouvez le suivre à plus petites doses (moins de poison) sur Twitter et sa page Facebook.
Source : https ://risk-monger.com/2018/07/02/how-sumofus-manipulate-and-deceive-vulnerable-people/
[1] David utilise le mot « naturopathy ». Il ne s'agit évidemment pas ici de « médecine non conventionnelle ». J'ai donc forgé un néologisme, « naturolâtrie »
[2] Le professeur auxiliaire de communication de l'Université Saint-Louis de Bruxelles David Zaruk a été « éjecté » par suite de manœuvres d'un professeur, activiste, de l'Université Catholique de Louvain à la suite de la « fusion » des deux universités.
[3] Vous signez une « pétition »... vous êtes membre... fastoche.
[4] C'est un peu ancien, mais cela offre quelques belles perspectives sur la toile d'araignée d'« ONG ».
[5] Nous avons fait une brève incursion dans le monde opaque de SumOfUs dans « Abeilles : l'industrie de la pétition au secours de la science militante ? ». Cet article de David a été l'occasion de s'enfoncer dans le brouillard du financement.
Plus de 85 % des recettes affectés aux campagnes ? En gros 468.000 dollars affectés au management et à la gestion ?
Il y a des liens vers des formulaires 990 états-uniens qui permettent des exemptions fiscales. Nous avons extrait des chiffres de celui pour 2016.
SumOfUs déclare quelque 336.000 dollars pour la rémunération de la direction... Et, plus loin, des éléments de rémunération qui donnent un total d'un peu plus de... 2 millions de dollars.
Sur le site français, les « campagnes » sont affichées à quelque 4,342 milliards de dollars. Sur le formulaire états-unien, c'est 313.000 dollars pour les « coûts de campagnes et médias ».
Sur le site français également, on annonce quelque 613.000 dollars de subventions de fondations. Le formulaire états-unien exige que l'on indique les montants obtenus des gros contributeurs. Le plus gros – manifestement d'une seule et unique fondation – est de 631.515 dollars. Le plus généreux donateur suivant a allongé 14.000 dollars. SomOfUs est ainsi dépendante d'une seule fondation...
Voici un autre élément intéressant du formulaire. Cinq fois plus de dollars déployés en Europe qu'en Amérique du Nord... Pour qui roule SumOfUs ? Voilà une forme de Carpetbaggers que dénonce le Risk-monger.
Et, pour conclure, ils sont sympas, les gentils « membres »...