Risques émergents en sécurité des aliments et les consommateurs français
Albert Amgar*
« Problèmes émergents de sécurité alimentaire: que veulent savoir les consommateurs ? » est le titre d’un communiqué de l’EFSA du 18 avril 2019 :
« L'EFSA a demandé aux Européens leur avis sur les risques émergents dans la chaîne alimentaire et sur la manière dont ils aimeraient être informés à ce sujet.
Nous avons sondé un peu plus de 6200 consommateurs dans 25 États membres de l'UE, en leur posant des questions sur les risques émergents potentiels liés à la sécurité sanitaire des aliments.
Dans l'ensemble, les répondants se sont montrés davantage préoccupés par les risques déjà connus des scientifiques que par les risques émergents. Les résultats de l'enquête ont cependant des implications importantes en ce qui concerne la manière de communiquer sur les nouveaux risques.
Les consommateurs ont notamment exprimé le désir d'être informés des risques émergents de manière précoce dans le processus d'identification du risque, même s'il existe encore à ce stade des incertitudes scientifiques. Ils ont également indiqué qu'ils préféreraient recevoir ces informations par l'intermédiaire des médias traditionnels tels que la télévision et les journaux, ainsi que via les sites internet des autorités nationales. Les médias sociaux et les sites internet des autorités européennes constituaient également des canaux populaires parmi les 18 à 34 ans. »
Le document complet se trouve ici.
J’ai relevé quelques éléments dans ce document relatif aux consommateurs français… à vous de voir…
L'étude a révélé que les consommateurs d'Irlande, de Norvège, d'Allemagne et d'Espagne accordaient une grande valeur à la viande testée pour son ADN. Par contre, les consommateurs en France et en Italie se souciaient davantage de l'origine nationale de la viande.
Il y a aussi des divergences d'opinion sur la question de savoir si les découvertes scientifiques et les nouvelles technologies étaient responsables de produits alimentaires plus nombreux et plus sains. Seuls 40 % étaient d'accord avec cette affirmation en France, alors qu'environ 70 % étaient d'accord en Suède.
Les consommateurs en Grèce et en Autriche semblaient être plus sensibles à un effet d'amplification du risque. Ceci est cohérent avec les conclusions d'une autre étude sur l'évitement de l’incertitude dans différents pays, suggérant que la Grèce, le Portugal, la Belgique, la Pologne et la France ont obtenu des résultats élevés en matière d'évitement de l’incertitude. Cela suggère que les répondants acceptent qu'un certain degré d'incertitude soit inévitable (EUFIC).
Les perceptions des consommateurs français à l'égard des risques émergents sont globalement alignées sur les perceptions à l'échelle de l'UE, bien qu'il y ait des proportions plus élevées de réponses « ne sait pas » pour tous les trois cas de risques émergents par rapport à la moyenne européenne. Base : 251 répondants.
À la question, « Veuillez indiquer dans quelle mesure vous êtes d'accord ou en désaccord avec l'affirmation suivante : globalement, boire un smoothie vert peut me rendre malade ; globalement, manger du riz en plastique peut me rendre malade ; globalement, manger des aliments contenant des nanoparticules peut me rendre malade. »
Et vous, qu’auriez-vous répondu ?
Besoins et préférences en communication des consommateurs français
Les préférences des consommateurs français à propos de la communication sur les risques émergents sont similaires aux préférences de l'UE, sans écarts significatifs. Plus de répondants (50 %) préfèrent recevoir des informations dès qu'un risque possible est identifié.
Les préférences concernant le contenu sont également similaires aux préférences de l'UE. Les trois types d'informations préférés que les consommateurs français souhaitent recevoir sont :
Une description générale des risques (71 %);
Une information sur la manière dont les risques les affectent (49 %) ; et,
Une information sur la manière dont ils devraient se comporter pour éviter les risques (47 %).
Les répondants français ont un niveau élevé de confiance dans les informations sur la sécurité des aliments des professionnels de la santé, des organisations de consommateurs, de la famille et des amis, ce qui reflète les préférences de l'UE. Cependant, les citoyens français ont une confiance significative envers les agriculteurs et les groupements de producteurs (71 % leur faisaient confiance, contre 48 % au niveau de l'UE). Cela dépasse largement les niveaux de confiance exprimés pour les scientifiques, les agences nationales et européennes de sécurité des aliments, qui se situaient à 51 %.
Le canal de communication privilégié par les consommateurs français est les nouvelles et les programmes à la télévision (57 %), en ligne avec les préférences de l'UE, mais nettement moins populaire que la moyenne de l'UE (71 %).
On pourra aussi rapprocher cela, en France, du baromètre IRSN sur la perception des risques et de la sécurité, celui de 2017 ne déroge pas à la règle…
La confiance des Français pour la science et les experts reste élevée mais elle se dégrade cette année ;
Pas de demi-mesure : sur les risques, les Français veulent une information transparente ;
Niveau de risque perçu : ce qui varie le plus en 2016 :
Les perturbateurs endocriniens, les accidents de la route et les nanoparticules ;
Ce sont les perturbateurs endocriniens – désormais souvent évoqués dans l’actualité – qui voient leur niveau de risque augmenter le plus (7 points de plus qu’en 2015 pour les réponses « élevé »), les accidents de la route (+6) et les nanoparticules (+6).
Une confiance faible dans les autorités : les produits alimentaires présentent 40,3% de répondants qui n’ont pas confiance dans les autorités…
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* Albert Amgar a été pendant 21 ans le dirigeant d'une entreprise de services aux entreprises alimentaires ; il n'exerce plus aujourd'hui, car retraité. Au travers de son blog il nous a livré des informations dans le domaine de l’hygiène et de la sécurité des aliments. Désormais, je l'accueille avec plaisir.