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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Glyphosate : que faut-il de plus ?*

27 Avril 2018 , Rédigé par Seppi Publié dans #Glyphosate (Roundup), #CIRC

Glyphosate : que faut-il de plus ?*

 

 

 

 

Dans La France agricole du 6 avril, M. Pierre Julienne a fait part du besoin de connaître la vérité sur le glyphosate. Il a pourtant avancé bien des éléments de réponse. Les controverses sont issues de la décision du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) de classer le glyphosate en « cancérogène probable ». Le Circ évalue des dangers – à distinguer des risques, qui dépendent aussi de l'exposition d'une personne, et donc des mesures de prévention ou d'atténuation. Il le fait aussi sur la base d'une clé de décision très rigide et selon une approche conservatrice. Il précise bien dans sa documentation – mais s'est obstiné à ne pas le faire pour le glyphosate – que son évaluation doit être suivie d'une évaluation des risques entreprise par d'autres instances.

 

Dans le cas du glyphosate, preuves limitée de cancérogénicité chez l'homme et preuves suffisantes de cancérogénicité chez l'animal ont abouti en un classement en 2A : « cancérogène probable ».

 

« Cancérogène probable » (comme pour la viande rouge) n'a pas le sens courant, mais que les preuves sont moins convaincantes que pour « cancérogène certain » (comme pour la charcuterie) et plus convaincantes que pour « cancérogène possible » (comme pour les implants chirurgicaux et autres corps étrangers). Le classement n'est pas lié à la fréquence des cancers, ni à l'exposition. On trouvera donc, par exemple, en « cancérogène certain », des contraceptifs oraux et le plutonium 239.

 

La décision est-elle justifiée dans l'absolu ? Une instruction quasi exclusivement à charge pour identifier un danger n'est pas déraisonnable. À condition de bien préciser l'objectif et les implications de la démarche, ce qui n'a été fait qu'a minima pour le glyphosate, permettant ainsi aux controverses de se développer.

 

La décision est-elle justifiée pour le glyphosate ? Le Circ a écarté de nombreuses études, pour n'en retenir qu'une poignée. Celles-ci sont-elles pertinentes et fiables ? Ont-elles été évaluées correctement ? Ça se discute, sinon se conteste. Les preuves retenues pour l'homme sont fort légères ; celles sur les animaux portent sur des doses extravagantes.

 

Y a-t-il eu malversations ? Il y a un faisceau de faits qui incitent à conclure, au-delà du doute raisonnable, à une manipulation pour saborder la réautorisation du glyphosate en Europe, mais aussi aux États-Unis et dans d'autres pays. Existe-t-il d'autres publications fiables sur le fait que le glyphosate est cancérigène ? Réponse : non. Le Circ aura au moins eu le mérite de faire le tri – et de montrer une fois de plus le problème de la qualité des études scientifiques dans ce domaine.

 

Depuis la sentence du Circ en mars 2015, une vaste étude de cohorte portant sur 57 310 applicateurs de pesticides (l'Agricultural Health Study) n'a pas établi de lien entre glyphosate et cancer. Une autre étude – gardée sous le manteau – a été révélée : le North American Pooled Project a amalgamé une série d'études cas-témoins et arrive au même résultat quand on corrige pour tous les facteurs confondants, en particulier pour l'utilisation d'autres pesticides (2,4-D, dicamba et malathion).

 

La situation est claire : la FAO et l'OMS (réunion conjointe sur les résidus de pesticides), l'Efsa, l'Anses (avec quelques bémols) et les agences allemande, australienne, canadienne, coréenne, états-unienne, japonaise, néo-zélandaise et suisse ont conclu à un risque improbable issu du glyphosate (l'absence est indémontrable). L'Agence européenne des produits chimiques (EChA) évalue les dangers et, sur la base de la prépondérance de la preuve, n'a pas classé le glyphosate en cancérogène, mutagène et reprotoxique.

 

Que faut-il de plus ?

 

ANDRÉ HEITZ, Ancien fonctionnaire d'une institution des Nations Unies

 

________________

 

* Ce billet a paru dans la France Agricole du 27 avril 2017.

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N
> Le Circ a écarté de nombreuses études<br /> Rien d'étonnant, quantité d'études ont été financées par Monsanto, exécutées par des laboratoires avec plein de conflits d'interets.<br /> Regardez les organigrammes des agences de contrôle et les CV des personnes importantes de ces organismes. Pareil pour les cabinets ministériels. L'industrie de l'agro-chimie à les moyens d'un lobbying efficace.<br /> Maintenant, dans le contexte agricole actuel, où un cultivateur doit bosser quasi seul sur 250 ha de céréales pour s'en sortir, effectivement, c'est plus facile de pulvériser que de travailler "proprement".<br /> Mais pourquoi les cours des produits alimentaires sont-ils aussi bas ? Pourquoi l'Europe permet et favorise cette dérive d'insécurité alimentaire ? Au nom d'un dogme libéral qui montre chaque jour ses défauts.<br /> Les paysans crèvent de boulot et sous les dettes, difficile de défendre encore le modèle agro-chimique. Il faut voir plus large que l'exploitation individuelle et aller jusqu'à l'analyse complète des accords dits de libre échange, analyser l'impact politique de la PAC sur les agriculteurs (et pas uniquement l'impact financier des subventions).
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Mais vous faites erreur : le CIRC a écarté beaucoup d'études. Point ! Sur la qualité. Y compris celles de l'illustre Séralini, dont la plus illustre (étude) a été financée par un consortium qui s'est caché derrière une association créée dans le but exprès de former un paravent, consortium qui a inclus Carrefour (les produits « nourri sans OGM »...), Auchan, des distributeurs du biobusiness, etc.<br /> <br /> Le CIRC s'est référé à des études sponsorisées par Monsanto (en toute transparence). Certes, il n'en a pas retenu les conclusions, mais il ne les a pas écartées.<br /> <br /> Quant aux organigrammes, etc., il faut arrêter les délires. Notre société n'est pas si corrompue que ça, il faut bien se former et acquérir son expérience quelque part. Et question corruption, entrisme, portes tournantes, etc., la faune environnementaliste n'est pas en reste.<br /> <br /> Du reste, regardez autour de vous : le lobbying de la bien-pensance « écologiste » est bien plus efficace. Il suffit de « lancer une alerte ». Ou d'offrir des fleurs à Mme Ségolène Royal.<br /> <br /> Pulvériser, c'est aussi travailler « proprement ». Labourer quand on pourrait s'en passer, ce n'est pas le cas.<br />
A
Les vrais peurs sont celles des lobbystes prescripteurs promoteurs des POISONS PESTICIDES/OGM l'avenir de la protection des cultures est biologique et non plus chimique; leur firmes du POISONS PESTICIDES/OGM CHIMIQUE inutiles n'ont donc plus aucun avenir .<br /> <br /> Allez seppi dépêche toi de suprimer ce message de vérité qui te dérange !!!
Répondre
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour les commentaires à celui qui s'est présenté comme "anti-chimique".<br /> <br /> Il s'agit de la personne qui a longtemps sévi sur le site de Greenpeace Agriculture et a si grandement contribué à la réputation d'excellence de cette entreprise. Y est-il devenu tricard ou a-t-il été privé d'occasions d'y manifester ses compétences par le silence de certains commentateurs ? Je ne sais pas... Alors il vient ici et je supprime, sauf exception.
Y
au contraire "anti chimie", vous êtes de toute évidence un parfait représentant des antis "on ne sait plus quoi" .<br /> Votre intervention est digne des fan....atique de GP (il y a que sur ce site ou vous pourrez trouver vos "compatriote" de combat, aussi ......que vous) Il faut absolument que tout le monde puisse voir constater ce que sont les militants tel que vous!!!<br /> Toujours dans l'affirmation de vos convictions sans aucune argumentations que votre idéologie .<br /> Comme vous n'avez aucun argument rationnel pour défendre vos lubies , il ne vous reste que le dénigrement, voir l'insulte de vos contradicteurs (comme d'habitude).<br /> Si si , vos intervention sont vraiment les bienvenues en démonstration de ceux que vous représentez!
J
Justement, avec des OGM pour la protection des cultures on fait difficilement plus biologique en terme de méthode.<br /> Pour la vérité, on repassera. Et pour ce qui est de déranger, c'est peut-être un tout petit peu prétentieux comme visée.
U
Non ce qui dérange c'est votre ignorance et votre bêtise à aligner des mots que vous ne maîtrisez pas dans des phrases dénuées de sens !
U
La biologie combine les mêmes atomes avec les mêmes liaisons chimiques que la chimie de synthèse humaine. Toutes les deux peuvent produire des molécules utiles ou des poisons. L'opposition entre les deux est essentiellement religieuse et certainement pas rationnelle.