« Pourquoi les végans ont tout faux » dans Libération : ridicule et inepte
Glané sur la toile 242
« Pourquoi les végans ont tout faux » est un titre piège à clics de férus d'agriculture et d'alimentation. C'est dans Libération et c'est de M. Paul Ariès, politologue, M. Frédéric Denhez, journaliste, chroniqueur (« CO2 mon amour » sur France Inter) et Mme Jocelyne Porcher, sociologue, directrice de recherches à l’INRA.
Le véganisme est à notre sens une aberration philosophique et socio-économique, y compris agronomique. Le bruit médiatique est hors de proportion. Au-delà de l'entrisme et du charisme de certains de ses gourous, il bénéficie d'une part de l'efficacité des réseaux sociaux et de la complaisance des médias et, d'autre part, de l'absence de réfutation structurée de ses thèses.
Cette tribune nous offre une démonstration éclatante de la contribution que des propos sans consistance apportent à la « cause ». La lecture de ce gloubiboulga vous apportera, selon votre humeur, de grands moments d'abattement ou d'hilarité.
Allez, une aguiche :
« Le véganisme est une position politique émancipatrice
Non, contrairement à ce que croient de nombreux jeunes, fiers de dire "je suis végan", comme s’ils participaient à une action révolutionnaire, ou si leurs actions contre les abattoirs ou les paysans vendant leurs fromages sur les marchés relevaient de la résistance à l’ordre établi, le véganisme ne participe pas à l’émancipation des animaux et encore moins à celle des humains. Au contraire, en défendant une agriculture sans élevage et un monde sans animaux domestiques, c’est-à-dire sans vaches, ni chevaux, ni chiens, ce mouvement nous met encore plus dans les serres des multinationales et accroît notre dépendance alimentaire et notre aliénation. Les théoriciens et militants végans ne sont pas des révolutionnaires, ils sont, au contraire, clairement les idiots utiles du capitalisme. »
Nous, nous avons eu l'impression d'avoir affaire à des idiots utiles du véganisme.
Dans leur tribune, MM. Ariès et Denhez et Mme Porcher écrivent :
« Si les famines ont disparu de notre sol, c’est parce que le XVIIIe siècle a connu la plus grande révolution agricole après celle de son invention : l’agronomie. Et la polyculture-élevage, pourvoyeuse de ce qui se fait de mieux pour nourrir un sol, le fumier. »
N'entrons pas dans le débat historique... Virgile, Columelle, Olivier de Serres... ou la réelle contribution de l'agronomie du XVIIIe siècle à l'éradication des famines. Le fumier qui nourrit le sol est, dans la déclinaison implicite qu'elle a ici, une notion inepte (nous le montrerons avec la traduction d'un article de M. Andrew McGuire) : le fumier ne fait que restituer au sol une partie des éléments fertilisants qui ont été prélevés par la récolte. Ailleurs, il est dit :
« Il [le véganisme] menace de ruiner les pratiques alternatives, comme le bio, en annihilant la polyculture-élevage qui est son fondement. »
Surprenant ! Enfin pour ceux qui contemplent la réalité des faits.
En tout cas, nous avons ici une variante de l'adage journalistique qui veut qu'une fausse nouvelle et un démenti font deux articles : une bouse pseudo-intellectuelle a donné lieu à deux autres articles.
La rédaction a en effet cru utile de produire une « analyse », « Les végans sur le gril »... c'est revenir de Scylla à Charybde. Au moins y note-t-on que Mme Porcher doit se mordre les doigts.
Et, bien sûr, M. Aymeric Caron, « journaliste, écrivain, porte-parole du Rassemblement des écologistes pour le Vivant (REV) » a eu droit à sa réponse, « Réunir tant de clichés en si peu de lignes est un exploit », avec l'argumentaire bien connu et bien aguicheur.
Sans compter « La barbaque garde la gnaque »...
Et sans compter « "Le radicalisme des végans répond à celui des éleveurs" ». Rien que le titre est une honte, une insulte aux éleveurs (et aux végans qui pratiquent leur religion nutritionnelle sans faire de prosélytisme).
M. Gilles Fumey, enseignant-chercheur en géographie culturelle, dit :
« […] Il me semble que le radicalisme des végans répond à celui des éleveurs, dont l’étalage des animaux (et de leurs souffrances) au Salon de l’agriculture peut paraître provocant. Il est temps d’écouter les éthologues qui font progresser les connaissances sur la sensibilité animale. L’éthologie cognitive fait faire des bonds au savoir sur les animaux et on n’en tient pas compte. »
Avez-vous visité le Salon de l'Agriculture ? Où est la provocation dans le SIA ? La souffrance des animaux ?
D'où tenez-vous vos sources pour affirmer :
« Ce clivage existe surtout dans les pays latins, où les traditions d’un élevage respectueux des animaux ont disparu derrière des modèles intensifs. » ?
Ou encore :
« Prenons l’exemple des vaches laitières : à force de patauger dans la boue, elles boitent, elles sont malades et au lieu de les mettre davantage au pâturage, à l’herbe (les sabots malades guérissent facilement dans l’herbe), on soigne aux antibiotiques et avec des pédiluves… » ?
En attendant la suite !