Impacts du maïs GM : une méta-analyse
Anastasia Bodnar*
Les chercheurs italiens Elisa Pellegrino, Stefano Bedini, Marco Nuti et Laura Ercoli ont publié une méta-analyse des impacts du maïs transgénique sur l'environnement, l'agriculture et la toxicité. L'étude complète est accessible au public : « Impact of genetically engineered maize on agronomic, environmental and toxicological traits: a meta-analysis of 21 years of field data » (impact du maïs génétiquement modifié sur les caractères agronomiques, environnementaux et toxicologiques : une méta-analyse de 21 années de données de terrain). Je vous encourage à lire l'étude elle-même, et je fournis un résumé avec des commentaires ci-dessous.
Une méta-analyse est une façon formelle de combiner de nombreux articles sur des sujets connexes afin de tirer des conclusions générales (voir « 5 key things to know about meta-analysis » (5 choses clés à savoir sur les méta-analyses). Il y a eu par le passé d'importantes revues de la littérature sur les cultures transgéniques, mais aucune à ce jour n'a réuni toutes ces données dans une méta-analyse.
Les chercheurs ont examiné 6.006 études publiées dans la littérature évaluée par les pairs de 1996 à 2016, y compris des articles sur le rendement, la qualité des grains, les organismes cibles (organismes nuisibles), les organismes non cibles et la décomposition de la biomasse du sol. De manière amusante, mais pas surprenante, la plupart des études ont été effectuées dans la Corn Belt, la ceinture du maïs des États-Unis : Iowa, Illinois et Nebraska. Les chercheurs ont exclu les essais qui n'ont pas été réalisés dans des conditions de terrain, qui n'ont pas utilisé de comparateurs génétiquement similaires (quasi isogéniques), qui ont comparé du maïs GM et non GM dans des conditions différentes, ou qui présentaient des échantillons de petite taille ou d'autres problèmes statistiques. Cela a laissé seulement 76 publications pour la méta-analyse.
Un inconvénient de cette méta-analyse est qu'elle amalgame les caractères génétiquement modifiés. Chaque type de trait GM a des avantages et des inconvénients et doit généralement être considéré individuellement. Cela dit, dans le discours public, les traits GM sont rarement abordés de manière spécifique et les gens parlent simplement d'« OGM ». Dans ce contexte, cette méta-analyse est utile pour répondre aux préoccupations concernant les effets des « OGM ». Les chercheurs « ont noté qu'il manquait les hybrides à un seul événement [tolérance à un herbicide] ». En d'autres termes, les études n'incluaient la tolérance GM à un herbicide que lorsqu'elle était combinée (empilée) avec des caractères GM de résistance à des insectes. Effectivement, il s'agit d'une méta-analyse sur le maïs avec des caractères GM de résistance à des insectes, et non sur tous les maïs GM actuellement disponibles.
Figure 3a modifiée de « Impact of genetically engineered maize on agronomic, environmental and toxicological traits: a meta-analysis of 21 years of field data ».
Les résultats de la méta-analyse sont frappants. Comme vous pouvez le voir sur la figure 3a du document, le rendement a globalement augmenté dans le maïs GM par rapport au maïs non GM. Il y avait de petites différences dans l'importance de l'augmentation du rendement selon que les variétés avaient 1, 2, 3 ou 4 caractères biotechnologiques (empilement simple (SS), double (DS), triple (TS) et quadruple (QS)), l'empilement quadruple présentant le rendement le plus élevé.
Dans l'ensemble, il y avait moins d'épis endommagés dans le maïs GM que dans le maïs non GM. Ceci est important parce que les dommages ouvrent la porte à des infections fongiques, ce qui conduit à des mycotoxines potentiellement mortelles. Il n'y avait pas de différence significative dans les dommages aux épis entre les variétés à caractère transgénique unique et les variétés génétiquement similaires non GM, mais il y en avait une dans le rendement, ce qui est intéressant parce qu'on s'attend à ce que ces deux mesures soient plus corrélées. Il est également intéressant de noter que les empilements quadruples présentent beaucoup moins de dégâts que les empilements triples, mais seulement un peu moins que les empilements doubles.
Figure 3b de « Impact of genetically engineered maize on agronomic, environmental and toxicological traits: a meta-analysis of 21 years of field data ».
La figure 3b montre que dans l'ensemble, le maïs transgénique contient moins de mycotoxines, ce qui est une excellente nouvelle, car les mycotoxines peuvent avoir toutes sortes d'effets nocifs chez les humains et les animaux qui en consomment. Le taux de décomposition (perte de masse des résidus) était plus élevé pour le maïs GM que pour le maïs non GM.
La présence de la chrysomèle des racines du maïs (Diabrotica), un important ravageur du maïs, a été réduite dans le maïs GM, ce qui n'est pas une surprise étant donné que c'est le parasite cible de nombreux caractères GM de résistance à des insectes. Les guêpes parasitoïdes bénéfiques (Braconidae) ont également diminué dans le maïs GM, peut-être en raison du nombre considérablement réduit de ses hôtes, la chrysomèle des racines du maïs. Les cicadelles, un ravageur mineur (Cicadellidae) ont augmenté dans le maïs GM, peut-être parce que l'utilisation de caractères de résistance à des insectes réduit le recours à des insecticides à large spectre.
De nombreux arthropodes utiles n'ont pas été affectés par l'utilisation de maïs transgénique : anthocorides (Anthocoridae), araignées (Araneae), carabes (Carabidae), chrysopes (Chrysopidae), coccinelles (Coccinellidae), demoiselles (Nabidae), méligèthes (Nitidulidae), staphylins (Staphylinidae). Les pucerons ravageurs (Aphididae) n'ont pas non plus été affectés par l'utilisation du maïs GM. C'est surprenant. Je m'attendais à ce qu'il y ait une prévalence plus élevée de nombreux insectes bénéfiques et nuisibles dans le maïs GM par rapport au maïs non GM en raison de la réduction des traitements avec des insecticides à large spectre.
Une autre constatation peu surprenante est qu'il n'y avait pas de différences significatives dans la qualité des grains : protéines, lipides (graisses) ou fibres. Il n'y avait également aucune différence dans la lignine dans les tiges ou les feuilles. Cela confirme que le maïs est le maïs, qu'il soit GM ou non. Il serait bon de voir une méta-analyse sur les constituants mineurs du maïs transgénique et non transgénique, comme les vitamines ou les acides aminés limitants. Les auteurs de cette étude ajoutent la biodiversité et les cycles biogéochimiques du sol à leur liste de souhaits, de sujets qu'ils aimeraient voir étudiés. Même avec les limites de ce qui est disponible dans la littérature, cette méta-analyse montre une fois de plus que les cultures produites avec la biotechnologie sont parmi les plus étudiés des aliments que nous mangeons, sinon les plus étudiés.
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* Anastasia est directrice des politiques de Biology Fortified, Inc. et co-directrice de la publication du Biofortified Blog. Elle a un doctorat en génétique avec une mineure en agriculture durable de l'Université d'État de l'Iowa. Son légume préféré est les artichauts! Avertissement : les mots d'Anastasia sont les siens et les opinions exprimées ne représentent pas nécessairement les opinions de son employeur. Elle n'est pas rémunérée pour bloguer ou mener des activités sur les réseaux sociaux. La mention d'une entreprise ou d'un produit ne signifie pas son approbation.
Source : https://www.biofortified.org/2018/02/gmo-corn-meta-analysis/