Déception, colère, peur...
Qu'adviendra-t-il de l'agriculture dans les prochaines années ?
Willi l'Agriculteur*
Maintenant que les résultats des négociations en vue de la formation d'une coalition sont arrivés, de nombreuses pensées me traversent l'esprit. C'est un mélange de déception (j'ai été déçu par mes attentes), de colère (pourquoi ai-je voté ainsi ?) et de peur (comment puis-je encore faire face à tout cela dans mon exploitation ?)
Je dois maintenant constater avec regret qu'aucun des partis, pas même les partis de l'opposition, n'est intéressé à donner aux agriculteurs une pause dans les nouvelles lois, règles et exigences. J'avais tellement espéré cette pause. Au lieu de cela, comme avant, on lance chaque semaine un nouveau truc ; il n'y a aucune information qui nous rassurerait, nous sortirait des feux croisés de la critique. Au contraire : les politiques suivent chaque nouvelle tendance, reprennent chaque message des organisations critiques de l'agriculture et examinent comment ils peuvent aussi servir cet électorat.
Le même objectif est poursuivi par nos clients, le commerce alimentaire. Qu'il s'agisse d'Aldi ou de Lidl, chaque chaîne « invente » son propre label, qui se distingue bien entendu de celui du concurrent. Et une fois encore, le ministre arrive trop tard. Au lieu de cela, on nous annonce (encore une fois) un quota d'agriculteurs biologiques de 20 %. Mais cette fois-ci, c'est pour 2030. Renate Künast avait déjà annoncé le même chiffre, mais pour 2020. Cela n'avait rien donné. Parce que c'est le marché qui décide, pas la politique. C'est la même chose pour les prix, qui ne sont pas faits par la politique, même si on ne cesse de brandir la « juste rémunération ». Ce sont des mots creux, des phrases pour la galerie. Les politiciens eux-mêmes n'y croient plus. À l'heure actuelle, les prix de presque tous nos produits sont en baisse. Et l'Office des Cartels s'assure que cela reste ainsi.
Je peux bien m'imaginer que les négociateurs sont fatigués et épuisés après la tentative Jamaïque et la dernière tentative. Et c'est exactement ce que l'on constate dans le résultat. C'est un assortiment de compromis foireux et à moitié ficelés. Un assemblage juste pour pouvoir constituer la coalition et présenter un gouvernement. Il n'y a pas de ligne claire, et personnellement je pense que c'est cela, le pire. Je ne sais pas ce que les partis comptent faire avec les agriculteurs. Et par là je ne parle pas seulement de la GroKo (la grande coalition) mais de tous les partis. Et il n'y a pas non plus d'alternative, car les bonimenteurs de l'AfD, qui ne font qu'agiter leur fanion en direction des citoyens indignés, sont tout sauf une alternative. Ce ne sont à mes yeux que des joueurs de flûte.
Alors, comment devrais-je développer mon exploitation ? Que devrais-je conseiller à mon successeur à qui je voudrais confier l'affaire dans quelques années ? Ou devrions-nous aussi abandonner, « bazarder » l'exploitation, pendants que quelqu'un est encore prêt à payer un prix raisonnable ? Ou devrais-je passer au bio ? Notre fils a fait les calculs. Les revenus proviendraient à 100 % des subventions du gouvernement, au lieu de « seulement » 40% à présent. Ce n'est pas une base pour les 30 prochaines années, donc la prochaine génération. Et voici déjà les premiers gueulards qui se manifestent pour torpiller « l'élevage industriel » dans le secteur du bio. Ou les autorités qui exigent un permis de construire pour les poulaillers mobiles. N'y a-t-il plus en Allemagne que des fous ? Ou suis-je le seul à être anormal ? Et à ne pas m'en rendre compte ?
Peut-être que vous pouvez me répondre au moins pour la dernière question...
Eh bien, je viens de lire qu'Oettinger veut réduire le budget agricole ; les négociations avec le Mercosur devraient nous apporter 100.000 tonnes de plus de bœuf, et le marché boursier du colza chute encore. Et je dois encore planifier la fertilisation... et perforer, et classer...
Un
Willi l'Agriculteur
un peu frustré et temporairement découragé aujourd'hui.
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* Willi l'Agriculteur (Bauer Willi) exploite 40 hectares en grandes cultures (betterave sucrière, colza, céréales) en coopération opérationnelle. Il a été double-actif jusqu'à l'automne 2014. Son deuxième métier a été le suivi et le conseil aux agriculteurs pour une entreprise familiale (sucrerie). Depuis lors, il continue d'exploiter son domaine en tant que pré-retraité et a du temps pour écrire et partager son expérience.
Il contribue aussi bénévolement à l'association (fondation) des habitants de sa commune et à une coopérative agricole.
Source : http://www.bauerwilli.com/enttaeuschung-zorn-angst/